Valentino, l'émotion faite couture

Pierpaolo Piccoli a offert une clôture magistrale à la semaine de la haute couture. Grandioses, théâtrales, mythiques, ses créations pour Valentino haute couture automne-hiver 2018-2019 ont fait pleurer la mode des larmes de beauté. Retour sur cet instant rare.

Valentino, l'émotion faite couture
© Imaxtree.com

Depuis le début de la semaine de la haute couture, Pierpaolo Piccoli, directeur artistique de Valentino, s'est lancé dans un compte à rebours sur Instagram, à mi chemin entre une réflexion sur la couture et un reportage au plus près de ses équipes. On pouvait y lire Einstein, "Tout devrait être rendu aussi simple que possible, mais pas plus simple.", pour légender une photo de Riccardo et Annamaria, deux couturier que 25 ans d'expérience séparent, Proust, "Si un peu de rêve est dangereux, ce qui en guérit, ce n'est pas moins de rêve, mais plus de rêve, mais tout le rêve" sous une silhouette enveloppée, mais surtout une citation d'Euripide illustrant un cliché de Maria (Callas) et Pier Paolo (Pasolini) sur le tournage du film Médée. Un clin d’œil amusant au duo qu'il a longtemps formé avec Maria Grazia Chiuri, partie chez Dior, mais également un indice sur la nature de son défilé : dramatique comme la voix céleste de Maria Callas qui accompagnait la procession

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Dans un tel terreau ne pouvaient pousser que des merveilles. Loin d'être superficiel, ce cheminement à la fois intellectuel, nourrit de pensées sur l'équilibre et la justesse, et manuel, mis au monde par les mains expertes de ses couturiers, a abouti à une collection prodigieuse. Mêlant la poésie d'une palette de couleurs rares dialoguant les unes avec les autres avec esprit, la théâtralité de volumes spectaculaires et la grâce des coupes époustouflantes sans lesquelles le tout pourrait glisser aisément vers le clownesque, chaque silhouette tient du miracle. S'éloignant un peu de sa désormais classique robe de vestale, Pierpaolo Piccioli explore des proportions ostentatoires (250 mètres de tissus pour une robe volantée, par exemple), comme il avait commencé à le faire la saison précédente. Avec une assurance folle, il donne dans toujours plus de maximalisme. Les manches s'emballent, les manteaux deviennent démentiels. Une cape à sequins verte cite Liza Minelli. Quand la couleur ne se consomme pas brute, elle est disséminée dans des illustrations de figures mythologiques comme Narcisse, Apollon réalisées en patchwork de lurex, de georgette et de crêpe. Et même les crinières dignes de drag queens, les coiffes de fleurs véritables, les yeux nacrés de bleu racontent une nouvelle beauté, en dépit de toute raison
A quoi reconnaît-on un grand moment de mode, cette industrie où tout est toujours crucial ? Le couturier de la maison Valentino a mis tout le monde d'accord sur la question. À peine la dernière silhouette évanouie, le top Adut Akech et sa robe vibrante coiffée de centaines d'œillets d'Inde, Valentino Garavani lui-même bondit et impulse une standing ovation. Les salons de l'Hôtel Salomon de Rothschild sont en larmes. Lui également. Comme chaque saison mais peut-être celle-ci encore davantage, Pierpaolo Piccioli ne s'est pas contenté de challenger la notion d'élégance et redéfinir la couture. Il l'a transcendée. 

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