Stéphane Rolland : entretien avec le créateur haute couture "Je suis parti du galet comme objet symbolique"

Quel est le thème général de votre nouvelle collection ?

J'ai voulu faire une collection qui soit vraiment une ode à la femme, à la sensualité, à la douceur. J'ai travaillé des formes très rondes en prenant comme objet symbolique le galet. C'était un des symboles de ma marque qu'on retrouve en broderie, dans les formes arrondies, sur les boucles de ceintures...etc. Je trouve que c'est un objet est extrêmement sensuel. Les galets polis que l'on peut trouver sur les plages ont toujours été symboliques chez moi, même depuis mon enfance. Donc ça me suit, dans la coupe de mes vêtements et dans la structure. Et j'aime bien travailler, autant l'arrondi, le mouvement, que l'effet tactile. Je voulais travailler la douceur, la sensualité, c'était important pour moi. Et je me suis aussi référé au travail de Anish Kapoor* qui est vraiment aujourd'hui un des plus grands sculpteurs et artistes contemporains. Quand j'ai vu les œuvres d'Anish je me suis dit que c'était complètement dans la même veine de ce que j'aimais, de ce que j'aimais travailler, comme je l'ai fait par le passé, avec la réinterprétation des œuvres de Zaha Hadid.

La première pièce

veste cocon de la collection automne-hiver 2010/2011.
Veste Cocon de la collection automne-hiver 2010/2011. © Le Journal des Femmes / Cécile Debise

Je suis parti d'un tailleur galet. C'est une silhouette qui est à la fois extrêmement " fitée ", un peu années 1950, mais par-dessus vous avez une veste Cocon qui est toute en rondeur. Et ça donne une allure non pas de femme conquérante, avec des épaules démesurées : là les épaules sont très douces, l'arrondi vient sur les bras, dans le dos. Les mouvements sont renversés.

Les matières

J'ai travaillé aussi les matières en les voilant d'organza, comme des voiles de pudeur. C'est-à-dire que les broderies sont extrêmement légères et sont enfermées, couvertes, protégées par le voile d'organza. J'aime cette matière parce qu'il y a une fragilité, une très grande sensualité dans ses mouvements. J'ai aussi utilisé le gazar parce que les formes arrondies s'y prêtent. 

Les tonalités

En ce qui concerne les tonalités, j'ai voulu des tonalités très minérales. Des bleus gris, des bleus délavés, des bleus marines, des gris charbon, des gris ardoise, que j'ai voulu délaver comme des jeans. Evidemment du noir et du blanc aussi. Le blanc est toujours voilé, de brun, de couleur écorce, de couleur caramel ou de couleur noire pour donner des demi-teintes, pour donner des reflets, comme des couleurs d'orage. Des teintes de toutes les couleurs du ciel. Du bleu le plus profond, même jusqu'au bleu roi, bleu électrique, au bleu glacier. J'ai mélangé également les bleus et les noirs, les bleus et les bruns. J'ai fait comme ça des associations de Terre / Mer / Ciel. C'est presque les éléments de la nature. Il y a quelque chose de mystérieux, quelque chose de très profond : ce n'est pas une collection vive en couleur, c'est tout en subtilité.  

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