Philippe Tournaire : entretien avec un artiste joaillier autodidacte ''Je ne cherche pas à avoir des collections à la mode''

nouvelle bague paris de la collection architecture
Nouvelle bague Paris de la Collection Architecture © Philippe Tournaire

Vous renouvelez sans cesse vos collections. Comment faites-vous ?
Philippe Tournaire :
La création, c'est comme une maladie. Et une fois qu'on y a mis le doigt, cela se renouvelle en permanence. J'ai travaillé tout seul pendant dix ans, complètement isolé. Je me suis forgé mon style sans avoir de contraintes. J'ai ainsi pu vraiment arriver à créer des bijoux identifiables. Je ne cherche pas à bouleverser tous les ans, à avoir des collections à la mode. Mes bijoux sont simplement l'évolution de mon travail du début. Je me sens plus proche d'un peintre que d'un styliste de mode.

Justement où trouvez-vous l'inspiration ?
P. R. :
J'ai toujours été passionné d'art, d'histoire et d'archéologie. C'est un mixte de tout cela, de curiosités. Je puise mon inspiration notamment dans les villages anciens. J'ai toujours été fasciné par l'architecture que l'on retrouve en Toscane et en Provence. D'où les collections Architecture, Marélie ou Essalois qui est le nom d'un château fort de ma région. Dans toutes mes bagues, il y a des niveaux, des chapiteaux, comme des villages.

"Quand j'ai deux bonnes idées par an, c'est énorme", Philippe Tournaire.

Comment naît un bijou ?
P. R. :
Il naît dans ma tête. J'ai une image de ce que je veux. Quelquefois cela part aussi d'une pierre un peu particulière autour de laquelle j'ai envie de construire quelque chose. Je fais un vague croquis et ensuite je le réalise. On fait, on recule, on revient : il y a beaucoup de tâtonnement. Beaucoup de bagues qui ont l'air très évidentes comme cela, même les plus simples, ont souvent nécessité quinze ou vingt maquettes que j'ai améliorées jusqu'à l'équilibre parfait.

Combien de temps vous faut-il pour créer un bijou ?
P. R. :
Quand j'ai deux bonnes idées par an, c'est énorme. Après, à partir de cette idée, on peut décliner 50 créations différentes. Je comparerais mon travail à celui d'un écrivain. Tout le monde dispose du même nombre de lettres de l'alphabet. On peut les assembler de milliards de façons différentes : certains écriront des choses sublimes et d'autres des textes sans intérêt. Mais cela ne vient pas d'un coup.

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