Exposition "Le chic français", l'histoire du féminin sur papier glacé

C'est dans la ville d'Évian (Haute-Savoie) au cœur du sublime Palais Lumière, un ancien établissement thermal du début du XXème siècle, que prend place l'exposition Le chic français, images de femmes 1900-1950. Celle-ci est le fruit d'une triple collaboration entre le directeur des collections du musée de la photo (le musée Nicéphore Nièpce), un commissaire indépendant et le conseiller artistique et scientifique du Palais Lumière. Leur objectif ? Démontrer en image que "la photographie de mode n'existe que par le magazine féminin". 

Une enquête exhaustive 

Ce qui interpelle dès le début de ce voyage dans le temps à la recherche de la genèse de la photo de mode, ce sont toutes les histoires parallèles qui gravitent autour de ce seul et même thème. La photo de mode dans la presse ne serait rien sans les progrès de l'imprimerie, les photographes subversifs n'auraient pas bousculé les codes de l'époque sans l'invention du "Kodak pour tous" et la femme ne se serait jamais retrouvée en couverture sans son combat pour son émancipation.
Pour dénouer toutes ces liaisons, deux étages du Palais Lumière et 300 œuvres ont été nécessaires. Sylvain Besson, un des trois commissaires, explique que l'idée de base vient d'une série de photos d'archives du photographe Jean Moral qu'avait reçu le musée Nicéphore Nièpce, dédié à la photographie : "On voulait creuser parce qu'il n'y a pas réellement d'histoire de la photo de mode écrite avant les années 60. Donc on a commencé à acquérir d'autres magazines, à regarder le fond d'autres photographes et on a remonté le temps jusqu'à arriver au chef d'œuvre de la fin du XIXème siècle : 'La Gazette du Bon Ton', le dernier magazine avec des dessins et gravures. Ensuite, on a essayé de combler les manques, voir qui étaient les photographes, couturiers majeurs et qui étaient les patrons de presse qui se démarquaient."

Trois destins étroitement liés 

En ressort alors un trio qui résume parfaitement l'exposition : Paul Poiret, Lucien Vogel et Jean Moral. Poiret est le premier créateur qui accepte de collaborer avec des dessinateurs et des photographes pour immortaliser ses robes. Une idée que lui souffle à l'oreille Lucien Vogel, un visionnaire qui introduit la photo de mode dans des revues de théâtre et dans son propre magazine d'actualité ouvertement féministe nommé VU. Il créé ensuite le premier magazine de mode français baptisé "le Jardin des Modes" avant de s'associer à Condé Nast pour développer Vogue France. Enfin, le dernier personnage clé de l'exposition est un photographe. Jean Moral, ancien graphiste, est déniché par Vogel. Il deviendra célèbre en collaborant avec le Harper's Bazaar américain et en prenant exclusivement en photo sa muse et bien-aimée, Juliette Bastide. 
Gravures, dessins colorés au pochoir, photo prise en studio, en extérieur, magazines rarissimes exposés sous verre et portrait iconique de Coco Chanel, l'exposition est éclectique et dresse le portrait en images d'une émancipation féminine à la française : révolutionnaire, à la vue de tous en couverture des magazines et toujours intensément chic. 

Exposition "Le chic français, images de femmes 1900-1950", du 28 octobre 2017 au 21 janvier 2018 au Palais Lumière, Évian-les-Bains, Haute-Savoie.