Haute couture : beautés gothiques chez Chanel
Karl Lagerfeld nous emmène au coeur d'une forêt peuplée de silhouettes romantiques d'un autre temps. Il leur insuffle une pointe de modernité pour un défilé une fois de plus très inspiré.
Comme chaque fashion week, le défilé de la maison de la rue Cambon fait événement. Comment Karl Lagerfeld va-t-il réussir à réinterpréter une fois de plus les codes hérités de Mademoiselle Coco ? Le fameux tailleur en tweed prendra quelle forme en version haute couture 2013 ? Autant de questions qui attisent l'impatience des journalistes et des modeuses. Cette saison, Karl Lagerfeld nous invite à pénétrer une forêt mystérieuse et sombre dont semble échapper des bourgeoises gothiques d'un autre temps.
Au détour d'un chemin, les silhouettes s'élancent. L'œil charbonneux, une coiffe de plume leur tombant en cascade sur le côté du visage ; le make-up et la coiffure évoquent Black Swan ou encore les héroïnes gothiques des contes fantastiques. Mais qu'en est-il de la garde-robe de ces sylphides néo-classiques ? Le tweed est bien sûr au rendez-vous. Ou plutôt les broderies qui nous donnent l'illusion de ce tissu emblématique de la maison Chanel. Version robe manteau ou tailleur à col manteau et jupe élancée, à nous de choisir. Les épaules sont soulignées avec des pans de tissus évoquant la cape ou le chauffe-épaule. Tout cela donne un port altier, une allure victorienne. On pense croiser des pages revisités à la sauce Chanel. La modernité naît des détails : du tissu lamé qui s'invite sur le col, les collants-cuissardes à bout ouvert résolument avant-gardiste (mais réellement portables ?)...
Le mariage de l'ancien et du moderne
Karl Lagerfeld se joue des longueurs et ne répond à aucune règle. Mais il reste fidèle à ses codes couleurs puisque le fameux noir et blanc règne en maître sur un défilé autorisant tout de même quelques infidélités à un gris perle, des tons pastel, du bleu nuit ou encore des imprimés en accord. Le travail sur le décolleté se révèle très graphique grâce à un jeu de découpes accentué par un travail sur les superpositions. Les épaules s'imposent en vraies stars de ce défilé, tantôt dénudées, tantôt cachées mais toujours soulignées.
Au fur et à mesure de cette balade dans les sous-bois sombres, le printemps s'annonce doucement. Les bras se découvrent et les imprimés fleurissent. C'est le moment idéal pour inviter les robes du soir à entrer en scène. Fourreaux ou majestueuses, elles assument toutes les extravagances : dentelle, plumes, asymétries, perles et broderies. Les derniers modèles évoquent des beautés très 1900. Le final peut s'amorcer, coup d'éclat et apothéose d'un défilé magistral. Et comme Karl ne fait jamais les choses à moitié, il choisit non pas une mais deux mariées qui s'avancent main dans la main, avec un adorable enfant d'honneur. Un message sur l'actualité à faire passer peut-être Monsieur Karl ?
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