Hélène Courtaigne Del.e : "J'essaye d'allier les formes contemporaines aux dessins moyen-âgeux."
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Interview
12/01/2007

Hélène Courtaigne Del.e : "J'essaye d'allier les formes contemporaines et les dessins moyen-âgeux"

Ancienne publicitaire, Hélène Courtaigne Del.e a pris un tournant radical en décidant de se consacrer à la joaillerie. Rencontre avec une créatrice hors pair qui sait faire rimer rêve et pragmatisme.
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Comment êtes-vous entrée dans l'univers de la joaillerie ?

J'ai commencé par faire des études de dessin. Même si j'ai toujours eu l'idée de créer des bijoux, on se dirigeait à l'époque de manière assez systématique vers la pub. J'ai donc travaillé pendant 13 ans sur les publicités d'une grande marque de cosmétiques. Mais c'était un emploi assez répétitif, lassant pour les esprits créatifs. J'ai eu la chance à cette époque d'être en contact avec quelqu'un dans le métier. J'ai appris à l'établi pendant 3 ans avant de reprendre son atelier en location-gérance et finalement de créer ma propre marque.

Cette expérience dans la publicité a-t-elle influencé votre démarche créative ?

Je ne suis pas sûre. J'ai toujours été dans le mode "création". Ce qui est certain, c'est que mon expérience dans la communication m'a aidé dans le.ement de ma marque aux niveaux de la présentation des produits comme de la réalisation des brochures. Pour ce qui est de la création en elle-même, je pense pouvoir dire que non : j'ai toujours eu des idées de bijoux. Typiquement, je ne fais pas de produits branchés, je reste plutôt dans l'intemporel. Ce style est dû à ma façon de travailler l'or que je considère toujours comme une matière brute. Certaine personnes rapprochent ma démarche créative des styles mérovingien ou baroque. Je dirais plutôt que j'essaye, pour mes bijoux, d'allier les formes contemporaines et les dessins moyen-âgeux.

Bague "Shéhérazade"  de Hélène Courtaigne Del.e
Bague "Shéhérazade" Voir ses créations

Quel est votre support de prédilection ?

J'aime l'or. J'utilise essentiellement sa partie mate qui met en valeur toutes les pierres... à l'exception des pierres jaunes, évidemment. Je travaille d'ailleurs uniquement l'or jaune car les ors . et rose sont trop cassants. Quand à l'argent, je trouve que c'est un métal très beau mais malheureusement, le prix de mes créations provient essentiellement des heures de travail que je leur consacre. Du coup, les créations en argent peuvent devenir aussi onéreuses que celles en or que mes clientes ont tendance à leur préférer. J'aime aussi beaucoup le platine car il est souple mais ne casse pas. C'est un très beau métal mais il revient trop cher à mon goût. Je l'utilise uniquement en camaïeu sur des lignes très grises.

Côté pierres, vous travaillez beaucoup les gemmes peu connues comme les morganites, les tsavorites. Pourquoi ?

Ce que j'aime avec ces pierres, c'est qu'elles ont toujours une couleur hors du commun. Je les utilise car elles me permetttent d'avoir une palette extraordinaire, qu'on obtient difficilement avec les pierres plus classiques. Ce que je recherche dans ces pierres, c'est avant tout la bri.e mais aussi la dureté. Je suis toujours surprise des résultats inimaginables qu'elles me permettent d'obtenir. J'ai ainsi pu créer un bracelet "Babel" avec 82 gemmes, toutes de teintes différentes. Ces pierres sont une véritable mine d'or !

Quelle est votre démarche ? Partez-vous plutôt d'une pierre ou d'une idée de collection ?

EN SAVOIR PLUS

J'ai deux façons de travailler. Soit je flashe sur une pierre et je dessine une bague autour, soit je dessine d'abord le bijou avant de me mettre en quête de la pierre qui l'ornera. Je n'ai pas particulièrement besoin de faire des collections car mes créations conservent une certaine cohérence, une identité propre qui est due à la manière dont je travaille l'or. D'ailleurs, comme je réinterviens toujours sur l'or par le dessin, mes bijoux font tous partie d'une même famille. Quant à l'inspiration, je ne peux pas dire que je puise mes idées dans des choses précises. Tout le processus de création est très spontané.

Vous avez notamment créé une bague pour la maison De Beers. Quel b.faites-vous de cette collaboration ?

Cette collaboration s'est dérouleé dans un contexte très particulier. A l'époque, la maison faisait une opération "une bague / un créateur". J'ai donc participé à ce "concours" en leur proposant une de mes créations. C'était une excellente expérience. Toutefois, il est très difficile pour moi de travailler avec des fabriquants qui diffusent leurs produits en grande quantité car je n'ai pas une structure assez grande pour cela. J'aime aussi l'idée de ne pas diffuser des bijoux en quantité industrielle. Ma structure me permet de travailler sans trop de contraintes, dans mon style, en toute liberté.
bague "Crépuscule" de Hélène Courtaigne Del.e
Bague "Crépuscule" Voir ses créations

Depuis que vous créez, quelle pièce ou projet fait l'objet de votre plus grande fiereté ?

C'est surement le projet que j'ai mené avec Guerlain. L'équipe de Guerlain a fait appel à moi après avoir repéré mes bijoux lors d'un salon. Ils avaient besoin de redessiner la ligne "Issima", un flaconage qui jusqu'à présent était réalisé par Granet. Suite à son décès, ils se sont tournés vers des créateurs pour donner un nouvel é.au produit. J'ai remporté l'appel d'offre et j'ai donc pu redessiner toute la ligne, qui sortira courant 2007. Pour ce projet, mes deux parcours professionnels ont été précieux : la publicité pour comprendre ce qui m'était demandé, la joaillerie pour la créativité. J'ai beaucoup apprécié ce projet et j'aimerais d'ailleurs recommencer, non pas que je sois lassée de ce que je fais... Au contraire, mais je trouve toujours bien de faire des coupures, des rencontres. C'est important pour aller de l'avant.

Vous avez récemment.é une ligne de bijoux pour hommes. Comment ce projet a-t-il vu le jour ?

C'est une ligne en platine, aux couleurs monochromes. Elle est tout à fait dans l'esprit de ce que je fais pour les femmes, tout en s'adressant aux hommes. Je l'ai créée pour Elsa Vanier chez qui j'expose. Cette ligne était en réalité une commande, je n'aurais pas pensé à la faire dans d'autres conditions. Au final, elle a très bien marché.

Vous participez depuis quelques années au salon des Créateurs Kara. Qu'est-ce que ce genre d'évènement apporte à un jeune créateur ?

Kara est très important pour tous les créateurs qui n'ont pas de boutiques et qui ont donc peu de visibilité auprès du public. C'est ce salon qui m'a permis d'exposer chez Vanier ou Art Shaker. Il permet d'élargir sa clientèle en somme. Kara est également extrêmement important pour moi car il m'oblige à créer de nouveaux modèles - une dizaine de nouveautés - pour chaque édition. C'est un véritable moteur pour moi qui n'arrive à travailler que sous la contrainte. Il y a évidemment aussi tout le côté humain de ce genre de salons : on commence par apprendre à connaître le style et la personnalité de chacun et on finit par se faire des amis...

Aujourd'hui, quels sont vos projets ?

J'aimerais arriver à faire voir mes bijoux toujours plus, à trouver des points de vente à l'étranger mais c'est toujours très difficile car cela prend beaucoup de temps. Aujourd'hui, je vends essentiellement dans mon atelier et je voudrais trouver une vitrine plus importante quelque part. Notre métier n'est pas évident, quand on est un petit créateur.

 

En savoir plus Le site d'Hélène Courtaigne Del.e : www.helenecourtaigne.com

Voir Les créations d'Hélène Courtaigne Del.e

Et aussi Notre reportage au Salon Kara

Véronique Deiller, Journal des Femmes

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