Révolution sexuelle : l'avant et l'après mai 68

Le mois de mai 68 a été un élément-déclencheur crucial dans de nombreux domaines, dont celui de la sexualité, comme le révèle le documentaire "68, année érotique", diffusé le 25 mai sur France 3. D'une société conservatrice où parler de sexe est tabou à une libération des relations amoureuses : l'année 68 a été riche en métamorphoses.

Révolution sexuelle : l'avant et l'après mai 68
© France 3.

En mai 68, un tiers de la population française a moins de 20 ans, Un phénomène qui fait suite au baby-boom, ce pic de natalité d'après-guerre, Les jeunes ne supportent plus la France trop tranquille de De Gaulle, empêtrée dans un paternalisme oppressant. Eux aussi veulent être écoutés, eux aussi ont des envies qui ont besoin d'être assouvies, Des slogans évocateurs, tels que "Jouir sans entrave" ou "Faites l'amour, pas la guerre" fleurissent sur les murs de Paris. C'est le début de ce qu'on appellera la libération, ou la révolution, sexuelle,

Le sexe, ce tabou

Parler de sexe avant mai 1968 était un tabou que peu de jeunes osaient transgresser. L'éducation sexuelle n'existait pas et les novices se retrouvaient dans des situations pour le moins ubuesques lorsqu'ils se retrouvaient face à leur partenaire pour la première fois. Des non-dits et un manque d'informations causés par une société conservatrice encore largement dominée par des mœurs religieuses. C'est contre ces vieux carcans que les jeunes, et surtout les étudiants, commencent à se révolter dès mars 1967. Avant cette date, la plupart des cités universitaires ne sont pas mixtes et toute entrée de personne étrangère au bâtiment y est interdite. Les garçons investissent pendant une nuit le dortoir des filles. Leur revendication ? Pouvoir coucher avec son/sa partenaire dans sa chambre universitaire en toute liberté. De nombreuses facultés suivent le mouvement, entraînant progressivement les autorités à changer la donne et les mœurs à évoluer. 

Une plus grande permissivité

Mai 68 signe la fin des codes conservateurs. Il est désormais possible d'avoir des relations hors-mariage sans engagement de durabilité. On peut regarder des films pornographiques et lire des livres sulfureux sans que cela ne soit censuré. Les pratiques sexuelles se libéralisent, à tel point que des communautés libertaires expérimentent l'amour libre. S'inspirant du mouvement hippie américain, de nombreux baby-boomers multiplient les partenaires, délaissant l'amour au profit du plaisir et de la jouissance. Tous les genres d'expériences sexuelles sont désormais bonnes à prendre. 
Les homosexuels voient aussi dans mai 68 un événement déclencheur. Le comité d'action pédérastique révolutionnaire est fondé cette année-là. A une époque où l'homosexualité est considérée comme un fléau social et une maladie mentale, cette assemblée dénonce la répression des gays en collant des affiches sur les murs de la Sorbonne. Si leurs actions et leurs demandes sont encore balbutiantes, elles commenceront à être entendues en 1982 avec la dépénalisation de l'homosexualité. 

La sexualité féminine

Avant mai 68, il était inconcevable de dissocier sexualité et procréation, surtout pour les femmes. Avec mai 68, on leur reconnaît enfin le droit au plaisir et au désir, qui était tu jusque là. Désormais, plus besoin de mariage ou de sentiments pour faire l'amour, le but recherché n'étant plus l'enfantement, mais le plaisir. Autre élément de leur émancipation : elles peuvent disposer de leur corps comme elles l'entendent. Grâce à la loi Neuwirth, promulguée en décembre 1967, les femmes ont le droit de prendre la pilule et de ce fait de s’affranchir du schéma traditionnel de la fille-mère. C'en est fini de la jeune fille qui arrive au mariage vierge et ne connait qu'un seul partenaire dans sa vie. C'en est fini aussi des corps dissimulés sous des tonnes de tissus : les minijupes font leurs premières sorties et les seins nus fleurissent sur les plages. En s'émancipant du contrôle de leurs parents ou de leur époux, les femmes fondent les prémices du féminisme. Si le Mouvement de Libération de la Femme (MLF) ne naît qu'en 1970, il se fonde sur l'héritage de mai 68 et de sa libération certes sexuelle, mais aussi sociétale.