Claire Keim, actrice sensible et engagée

Claire Keim joue Marie dans "L’inconnu de Brocéliande", fiction inédite de France 3 diffusée le 30 avril à 20h55. Brillante et profonde, elle affronte ses souvenirs et ses angoisses au fil d’une enquête. Entretien avec l’actrice simple, touchante et lumineuse.

Claire Keim, actrice sensible et engagée
© Laura Meyer
Claire Keim © Laura Meyer/Journal des Femmes

À 40 ans, Claire Keim est une femme, une artiste et une maman épanouie. Artiste multi-facettes, elle a su garder les pieds sur une terre qu'elle tente de protéger à tout prix. Fantastique interprète, (comédienne de talent, elle est également chanteuse à la voix cassée délicieuse), Claire Keim se mobilise pour les causes qui lui tiennent à cœur : elle a rejoint Les Enfoirés sur scène et mène un ardent combat pour la protection de l'environnement. Rencontre.

Le Journal des Femmes : Vous jouez Marie Delorme dans la fiction L'inconnu de Brocéliande. Parlez-nous de votre personnage.
Claire Keim
: Marie est gendarme. Elle est en plein drame conjugal avec son mari, qui est également son collègue. Elle est très secrète, extrêmement mystérieuse. Elle joue beaucoup sur les silences. Elle a un terrible secret. J'aimais beaucoup l'idée d'aborder ce rôle puisque je n'ai pas souvent joué des personnages aussi taiseux.

Marie travaille avec son compagnon. Pensez-vous que vie pro et vie perso font bon ménage ?
Je ne sais pas, ça ne m'est jamais arrivé. Je ne sais pas trop comment je le gérerais, mais je suis contente de ne pas avoir à le faire parce que je considère mon homme, ma famille et ma maison comme un refuge. Si je devais mélanger carrière et intimité, ce ne serait pas reposant. Je suis contente de ne pas parler "boulot" quand je rentre chez moi.

Le film aborde la question du viol et des agressions sexuelles. Le droit des femmes est-il une cause qui vous tient à cœur ?
Oui, je suis très attentive au respect des droits des femmes. Dans le scénario, ça surgit d'un seul coup et on se rend compte qu'aujourd'hui, le phénomène commence à être discuté dans notre société. Le nombre d'agressions n'a pas augmenté, mais les filles s'expriment plus et osent le dénoncer, il faut les encourager à continuer dans cette voie parce qu'il n'y a que 10% des victimes qui portent plainte. Pour les autres, elles rentrent chez elles avec un sentiment de culpabilité, comme si c'était de leur faute. C'est là que le film joue sa part. Même s'il n'y a pas de message clairement asséné, L'inconnu de Brocéliande montre des situations dans lesquelles les gens peuvent se retrouver.

Vous êtes présente au cinéma, à l'écran, en tant qu'actrice, et au doublage des voix. Quelles sont les raisons qui vous ont poussée à vous lancer ?
J'adore le travail de la voix. J'ai toujours été très sensible aux gens qui doublaient. J'adorais la voix de Patrick Poivey pour Bruce Willis, celle de Micky Sébastian pour Sharon Stone. Quand j'ai fait mes premiers films, j'ai appris à connaître ces gens qui sont de très grands acteurs, mais aussi d'incroyables techniciens. Ils ont ce supplément technique puisqu'ils ont un œil sur l'image, un œil sur le rythme. Ils m'ont donné la possibilité d'apprendre un peu ce métier et d'avoir la chance de doubler Rachel McAdams dans
N'oublie Jamais : un choc dans ma vie. J'avais l'impression de vivre le film alors que je ne l'ai pas tourné. J'adore vraiment ça. Je sais que je ne suis pas la meilleure dans ce domaine mais c'est une grande fierté d'avoir cette corde à mon arc.

Vous vous êtes illustrée dans la chanson avec la sortie d'un album en 2011, Où il pleuvra. Avez-vous des projets à venir dans la musique ?
Oui. Je travaille sur un second album qui est presque terminé. J
e suis très heureuse de ce projet qui touche à son but. . C'est un disque de mélodies que l'on peut interpréter au piano-voix ou à la guitare. Ours et J.P. Nataf nous ont beaucoup aidé. Boris Bergman et Pierre Grillet, deux auteurs, ont collaboré à l'écriture. J'ai aussi composé et écrit des chansons. J'aime bien le travail de studio mais ce que je préfère, c'est la scène.

Quelles sont vos influences musicales ?
J'ai des goûts très éclectiques. J'écoute N.W.A., Dr. Dre et NTM mais aussi Francis Cabrel, Gérard Lenorman, Florence and the Machine, Mademoiselle K, les polyphonies corses, la musique classique, du jazz, Minnie Riperton ou Chet Baker...

Quel est le duo de vos rêves ?
Si je le dis, ça n'arrivera pas… J'aimerais faire un duo avec Jamie Cullum parce qu'il a tout : le groove, le talent, l'intelligence, l'humour, l'énergie. C'est un pianiste de folie, en plus il est beau. Il a l'air gentil.

D'où vous vient votre souci écologique ?
Je n'ai pas de mérite parce que j'ai été élevée par des parents qui étaient très concernés par l'environnement. Ils ont mis le doigt sur des problèmes qu'ils voyaient poindre et en 1998, j'ai rencontré Nicolas Hulot à un dîner. Il était assez dépité ce soir là, il avait un discours extrêmement pessimiste et je lui ai dit : "
Ok, c'est bien beau de nous déprimer mais qu'est-ce qu'on peut faire, nous les jeunes ?". Et à ce moment là, la Fondation a lancé le "Défi pour la Terre", sur la biodiversité. J'adore la relation qu'on a avec les gens de la Fondation comme Florence De Monclin, qui est une femme extraordinaire, qui m'envoie une revue de presse avec tout ce qui sort sur l'écologie tous les matins. J'aime rencontrer des gens qui se bougent parce que je n'ai pas toujours eu le courage de le faire. Cela me console de voir qu'il y a des personnes qui tous les jours se battent pour ça.

Pensez-vous que c'est une bataille que l'on peut gagner ?
Gagner, peut-être pas puisque c'est perdu d'avance pour beaucoup d'espèces et de milieux de vie qui n'existeront plus. Cependant, il faut rester optimiste en se disant qu'on peut sauver ce qui peut l'être et qu'on peut inverser le cours des choses et changer ce monde qui marche sur la tête et qui fait souffrir 99% des êtres. Je fais partie du pourcentage qui va bien, mais comme dirait la chanson de Jean-Jacques Goldman : "J
'ai pas mauvaise conscience. Ça m'empêche pas de dormir. Mais pour tout dire, ça gâche un peu le goût de mes plaisirs." Si tout le monde pouvait avoir accès à l'eau potable et manger de la nourriture sans OGM, si on pouvait arrêter d'expatrier des orangs-outans qui n'ont que la forêt primaire pour vivre, ça irait mieux.  

Avez-vous des conseils à donner à nos lectrices pour participer à la protection de l'environnement ?
Je n'ai pas de conseils à leur donner, elles se débrouillent déjà très bien. En revanche, il faut se dire qu'on a beaucoup plus de pouvoir que ce que l'on croit. Si l'on décide d'acheter quelque chose, il faut essayer de valoriser des producteurs qui ont un impact faible sur l'environnement, essayer d'apprendre à lire les étiquettes, à s'informer. On ne peut plus être aussi insouciant que ce qu'on a été. On a toujours pensé que ce qu'on nous donnait à manger était bon alors qu'aujourd'hui, on est éclaboussé par des scandales sanitaires et alimentaires terribles. Il faut être très vigilant et la meilleure façon de vivre, c'est de le faire avec du bon sens. Parfois on a envie de quelque chose mais on n'en a pas forcément besoin. Il faut savoir résister. Moi-même, c'est très dur : je suis une fille, j'ai envie de consommer des choses dont je n'ai pas l'utilité. J'essaie d'y faire attention, ça ne veut pas dire que j'y arrive tout le temps. On a un devoir de bon sens. Il faut acheter les choses en connaissance de cause.  

Retrouvez Claire Keim dans L'inconnu de Brocéliande, le samedi 30 avril sur France 3 à 20h55.