Lilith, un souffle féministe rafraîchissant

Un homme et une femme. Ils s'aiment, se désirent et se lancent, au cours d'un trajet en voiture, dans une joute verbale où ils exposent leurs différences, leurs pensées et leurs désirs. Dans "Lilith, le road-movie électrique", écrit par Laetitia Lambert et mis en scène par Lee Fou Messica, stéréotypes genrés et vieux carcans sont mis à mal. Une pièce à découvrir d'urgence au Théâtre des déchargeurs jusqu'au 7 avril.

Lilith, un souffle féministe rafraîchissant
© Lee Fou Messica pour le Pôle Média

Elle est Lilith, indépendante, sans tabou, survoltée. Il est Adam, marié, calme, pragmatique. Ils sont amants et se retrouvent pour un voyage dont elle seule connaît la destination. Dans l'espace confiné de l'auto qui les conduit dans cet ailleurs, ils se prêtent, inconsciemment, à un drôle de jeu de confidences. Elle ne supporte plus que les désirs des filles soient tus, il ne veut plus entendre qu'un garçon ne doit pas pleurer. Peu à peu, ils s'élèvent contre les stéréotypes sexués qui les conditionnent. De la colère à l'humour en passant par l'émotion, les deux amoureux s'interrogent sur le rapport homme/femme à travers leurs frustrations et leurs expériences. Et c'est Lilith, qui mène la danse, qui veut faire bouger les choses. Figure d’inspiration mythologique, elle détonne en s'imposant comme l'égal d'Adam, celle née de la même terre que lui et non de sa côte. Lilith s'insurge contre les carcans imposés aux femmes et n'hésite pas à utiliser un langage cru, violent, direct et audacieux pour dénoncer ce sexisme ambiant et pour faire entendre sa voix. Tel un écho à l'actualité et à la progressive libération de la parole des femmes... 

Une pièce de femmes

Pour interpréter cette femme forte et engagée, il fallait une comédienne à l'avenant. C'est Laetitia Lambert qui incarne avec rage et justesse Lilith. La comédienne est aussi à l'origine du texte au message puissant et féministe. Elle avoue s'être inspirée de son parcours et de son expérience pour écrire cette pièce : "Enfant j'observais le jeu des adultes, femmes et hommes, avec la sensation qu'il y avait des rôles préétablis, préexistants même à tous les désirs et à toutes les aspirations (...) Ne me reconnaissant pas dans ces représentations, et ne croyant que peu à l'inné, ces questions se rappellent à moi chaque jour dans ma vie de femme aussi bien que dans mon travail, et je peux dire d'elles qu'elles sont aujourd'hui au centre de mes recherches et préoccupations. J'avais donc envie et besoin de me confronter à elles, où de les confronter à moi. Parce que la colère est là. Qu'elle gronde, qu'elle bouillonne. Qu'elle est motrice d'une envie d'insurrection devant cet état de fait." Avec Fabrice Michel, ils forment sur scène un couple, qu'on pourrait qualifier de banal, mais qui par ses discussions et ses questionnements semble meurtri, écorché par la vie. La performance des deux comédiens surprend par son aspect abrupt et sans artifice, qui n'empêche pas le spectateur d'être touché en plein cœur. Mise en scène par Lee Fou Messica, la pièce ouvre la perspective d'un nouveau monde, où les rapports homme/femme seraient repensés, où dominants et dominés n'existeraient plus et où tous les anciens clichés éclateraient en mille morceaux. 

Infos pratiques :

  • Où ? Au Théâtre des Déchargeurs. 3, rue des déchargeurs 75001 Paris
  • Quand ? Du mardi au samedi à 19h30, jusqu'au 7 avril.
  • Prix : entre 13 et 26 euros
  • Site :  www.lesdechargeurs.fr