West Side Story : les confidences du chorégraphe Joey McKneely

La comédie musicale West Side Story revient à Paris du 12 octobre au 12 novembre, à la Scène Musicale. A cette occasion, nous nous sommes entretenus avec Joey McKneely, chorégraphe et metteur en scène de l'emblématique spectacle. Rencontre avec celui qui a permis à l'œuvre de faire peau neuve.

West Side Story : les confidences du chorégraphe Joey McKneely
© Johan Persson

Joey McKneely est le metteur en scène de la nouvelle version du spectacle West Side Story. C'est à Munich, à l'issue d'une représentation, que nous avons pu nous entretenir avec le chorégraphe, qui nous a raconté l'élaboration et la naissance de cette passionnante aventure, mais aussi des difficultés qu'il a pu rencontrer. Interview.

Le Journal Des Femmes : Comment ce projet a-t-il été monté ?

Joey McKneely : J'ai rejoint l'aventure en 2000. C'était la première fois que je dirigeais et que je chorégraphiais le spectacle. C'était la production de l'Opéra de La Scala qui a présenté cette version modelée. Je ne peux toujours pas croire que ma production continue de vivre à travers le monde.

Ressentiez-vous de la pression ?

Oui. Je restais concentré pour rendre les danses aussi solides qu'elles pouvaient l'être. Je me suis beaucoup investi dans ce travail qui me passionne et je voulais que tout soit au mieux. Je pense aussi que mes anges gardiens m'ont guidé !

Vous rappelez-vous de la première fois que vous avez vu West Side Story ?

Non. Je me rappelle l'avoir vu à la télévision quand j'étais petit, mais cela n'a pas eu d'impact sur moi. J'étais alors trop occupé à essayer de ne pas m'attirer de problèmes.

Est-ce que vous avez apporté une touche de modernité au spectacle ou est-ce la même version que celui de 1957 ?

Non, ce n'est en rien la même version qu'en 1957. C'était important pour moi d'amener la musique dans un nouveau millénaire, auprès d'une nouvelle génération. La source matérielle est originale puisque c'est le même livre, la même musique, les mêmes paroles et la même chorégraphie. Cependant, le spectacle est beaucoup plus visuel, notamment avec les costumes. Tout va plus vite et c'est plus dans l'émotion. J'ai essayé d'élever le spectacle à un niveau d'opéra dramatique. Avec les problèmes que l'on a encore sur la question de l'immigration, le spectacle est encore plus moderne qu'il ne l'était en 1957.

Quel était le challenge ou la plus grande difficulté ?

Réaliser les castings était le plus difficile. Trouver le bon acteur pour chaque rôle n'est pas toujours facile. Le niveau de chant exigé pour Tony et Maria est digne des chanteurs d'Opéra. Certains danseurs de ballet ont un certain niveau d'entrainement. Ils devaient tous sembler jeunes puis jouer le rôle des adolescents. C'était un vrai challenge.

Selon vous, quelle est la meilleure manière de découvrir West Side Story : sur scène ou sur grand écran ?

Définitivement sur scène. Le film a changé des aspects du spectacle. De plus, en 1957, il y avait pas mal de censure. J'ai essayé d'être le plus proche possible de la réalité.

Comment expliquez-vous que West Side Story est encore un chef d'œuvre aujourd'hui ?

Car c'est un parfait mélange entre le livre, la musique, les paroles et la chorégraphie. Tous les éléments sont tissés ensemble pour que la synergie de l'histoire soit parfaite. Chaque personnage sur scène fait partie de l'intrigue. Il n'y a pas de chœur. C'est ce qui fait que le spectacle est unique, parce que c'était le premier musical à faire ça.

Qu'est-ce qu'il a apporté aux autres comédies musicales aux Etats-Unis et dans le monde ? Quel héritage laisse-t-il ?

West Side Story a changé l'idée de ce que pouvait être une comédie musicale. Avant 1957, il n'y avait que des comédies musicales avec le classie : "le garçon rencontre la fille, la perd puis la retrouve" et tout le monde se marie à la fin. Les personnages se mariaient ensuite à la fin. Aujourd'hui, Richard Rodgers et Oscar Hammerstein II (deux compositeurs américains ayant écrits ensemble des comédies musicales, ndlr) ont créé de sérieuses comédies musicales aussi mais personne n'a utilisé la danse à la manière de West Side Story. C'est le grand changement puisque les danseurs sont devenus partie intégrante du spectacle. Dans chaque comédie musicale, il est possible de remplacer la chorégraphie originale et c'est encore la même histoire. Quand on change la chorégraphie de West Side Story, on perd quelque chose et ce n'est plus la même histoire.

Selon vous, quels sont les ingrédients pour une bonne comédie musicale ?

Chaque membre de l'équipe de création doit raconter la même histoire. Les bonnes comédies musicales ont besoin de personnalités fortes qui composent ensemble et sont sur la même longueur d'ondes. Il y a aussi toujours un personnage intéressant qui donne envie qu'on le protège et qu'on le soutienne.

Si vous ne pouviez retenir qu'une seule chanson de tous les spectacles les plus célèbres, quelle serait-elle ?

Wow… C'est dur de répondre. Je dirais One Singular Sensation de A Chorus Line. C'est celle qui sonne la plus "Broadway". Cela me fait toujours sourire.

Est-ce que jouer à Paris en octobre représente quelque chose de spécial pour vous ?

Paris sera toujours spéciale pour notre West Side Story. Ce sont nos performances passés au Théâtre du Châtelet qui nous ont permis de prendre une telle ampleur. C'est un tel plaisir de faire découvrir au public français cette production. Il y a de nombreux fans depuis le début et nous sommes heureux de pouvoir revenir.