Florent Mothe : "Je crois en la bonté de l'âme humaine"

Florent Mothe incarne un souverain déchiré entre son amour et son honneur dans la nouvelle comédie musicale de Dove Attia, "La Légende du Roi Arthur". Le Journal des Femmes s'est entretenu avec un artiste passionné et (donc) passionnant. Interview royale.

Florent Mothe, dans La Légende du Roi Arthur ©AnthonyGhnassia


Les amateurs de comédies musicales ont trouvé leur graal en cette rentrée 2015. Depuis le 17 septembre, le Palais des Congrès de Paris frissonne au rythme des amours d'Arthur, Guenièvre et Lancelot. Le nouveau spectacle de Dove Attia, La Légende du Roi Arthur, y a établi ses quartiers jusqu'au 16 janvier, avant de partir en tournée dans toute la France. Florent Mothe, déjà repéré dans le rôle de Salieri dans Mozart, L'Opéra Rock, également produite par Dove Attia, incarne le mythique souverain dans ce show magique et enchanteur. Il s'est confié au Journal des Femmes au cours d'une interview royale.

Le Journal des Femmes : Pourriez-vous vous présenter pour les lectrices qui ne vous connaitrez pas ?
Florent Mothe :
Je suis un jeune homme de 34 ans. Je suis chanteur, auteur-compositeur, comédien de comédie musicale et je suis en train de sortir mon deuxième album. Avant La Légende du Roi Arthur, j'ai fait un premier album et la comédie musicale Mozart, l'Opéra Rock, et avant ça, j'habitais au Canada. Je suis parti vivre à Toronto après mes études de commerce à Paris. A l'époque,  je faisais de la musique et je tournais à droite à gauche. J'ai travaillé au Canada, j'essayais de signer un contrat et un beau jour, Dove Attia m'a contacté après avoir vu mon profil sur My Space. C'est lui qui m'a repéré et qui m'a demandé de venir faire les castings de Mozart, L'Opéra Rock. J'ai été pris et je ne suis pas retourné au Canada depuis.

C'est aussi Dove Attia qui vous a contacté pour La Légende du Roi Arthur ?
Exactement. Après Mozart, j'ai sorti un premier album sur lequel j'ai travaillé avec lui. Je travaillais sur le deuxième quand il m'a proposé de faire Le Roi Arthur. Il m'a dit qu'il était très fier de moi, mais que ça serait bien qu'on me revoit à l'affiche, dans un film ou une émission de télé pour me redonner de la notoriété. Je lui ai demandé s'il préparait une nouvelle comédie musicale. Il m'a répondu que oui et que ça s'appelait "La Légende...", et j'ai répondu "... du roi Arthur". Je ne sais pas comment j'ai deviné. C'est le destin et il m'a dit qu'il aimerait que je sois son roi Arthur.

Vous aviez déjà une affinité avec cet univers ?
J'étais fan de Kaamelott, d'Alexandre Astier. J'étais fan de l'écriture, de l'humour, du jeu d'acteur, de la réalisation. Au fur et à mesure, je suis devenu fan de l'histoire du Roi Arthur. Ce n'était pas quelque chose que j'aimais forcément dans mon inconscient. A part Merlin l'enchanteur, de Walt Disney, je ne connaissais pas très bien la légende du roi Arthur et Kaamelott m'y a amené. Avec Dove, on a parlé pendant une ou deux heures des personnages et de l'histoire de cette comédie musicale parce que j'étais passionné. Je savais que cette aventure allait me faire progresser en tant qu'artiste et ça me donnait le temps de continuer à travailler sur mon album qui sortira au printemps 2016.

Comment décririez-vous votre univers musical ?
Je fais de la musique depuis que j'ai 15 ans. J'aime la musique au sens large et j'écoute un peu de tout : du hip-hop américain, de la musique classique, du rock, de la chanson française... J'ai beaucoup évolué entre mes différents projets. Cet album n'échappe pas à la règle et je le décrirais comme du rock urbain. Je viens principalement de l'univers rock, de l'énergie, des guitares, des riffs et cet album est arrangé de manière très moderne. Il va être très énergique, très lumineux, très solaire, avec beaucoup d'espoir, ce qui va changer de mon premier album qui était un peu la part sombre. C'est drôle parce que dans Mozart, je jouais Salieri qui était un personnage très sombre et l'album qui a suivi était dans cette continuité. Le roi Arthur est à l'inverse un personnage très solaire, son histoire raconte son parcours initiatique et le passage de l'enfance à l'âge adulte et mon deuxième album fait un peu écho à ça.

©AnthonyGhnassia


Vous venez d'opposer vos deux personnages de Salieri et du roi Arthur. N'ont-ils aucun point commun ?
A priori, je vais dire non. Salieri, c'est le pendant humain de Mozart, qui est le génie divin. Il est tout ce qu'on déteste chez l'être humain : la jalousie, l'envie, les coups par derrière et la manipulation. Arthur, au contraire, c'est la vérité. Il vit selon des principes de bonté, de générosité, d'amour et de vérité. Arthur et Salieri n'ont pas grand-chose en commun et j'ai beaucoup de chance d'avoir incarné deux personnages si éloignés l'un de l'autre.

Cette quête de vérité que mène Arthur, elle est importante pour vous aussi ?
Ce sont des valeurs qu'on a un peu perdu aujourd'hui et que je cherche dans ma vie. C'est peut-être aussi pour ça que je fais de la musique et que j'écris des chansons. Je crois profondément en l'être humain, je crois en la bonté de l'âme humaine et en l'accomplissement personnel. Le personnage d'Arthur m'a fait beaucoup évoluer en tant qu'artiste, mais aussi personnellement. J'ai eu une sorte de rite initiatique. En tant qu'être humain, en tant qu'homme, son histoire résonne chez moi.

La comédie musicale regroupe plusieurs disciplines artistiques. Entre le chant, la danse, le jeu d'acteur, y en a-t-il une qui a votre préférence ?
J'aime beaucoup la comédie, le jeu de théâtre. C'est quelque chose que j'ai toujours aimé et pas beaucoup travaillé parce que j'étais focalisé sur la musique pendant des années. J'aime foncièrement la scène, depuis que je suis enfant. Le rôle d'Arthur me donne la chance de pouvoir m'exprimer là-dedans.

Vous pourriez être intéressé par une carrière sur grand écran ?
Il faudrait que le cinéma s'intéresse à moi, pour être honnête. Il faudrait déjà que je fasse mes preuves et qu'on me repère. Il faut que je sois un petit peu plus connu pour que le cinéma s'intéresse à moi un jour. Mais le théâtre est une expérience très enrichissante que je recommande à tout le monde. C'est difficile et il y a plein de barrières, mais ça peut vraiment nous faire grandir et nous aider à nous accomplir personnellement. C'est un moyen d'expression très intéressant donc j'espère pouvoir continuer là-dedans et si un jour, j'ai la chance de devenir acteur, ce sera pour mon plus grand bonheur.

Qu'est-ce que le théâtre vous a permis d'apprendre sur vous ?
Ce n'est pas comme une thérapie où on apprend des choses sur soi-même, mais c'est un lieu où on peut s'exprimer et faire tomber certaines barrières qui nous bloquent peut-être dans la vie pour avancer sur certaines choses. Ne pas avoir peur de ses sentiments, par exemple, de dire les choses, de s'exprimer en public. En tant que chanteur, c'était quelque chose que je connaissais déjà, mais le fait de s'exprimer à travers un texte, c'est encore une saveur différente. Travailler la comédie et le théâtre m'a permis de prendre un peu plus confiance en moi, de me sentir mieux dans ma peau, dans mon corps et avec les autres.

©AnthonyGhnassia


Après le roi Arthur, y a-t-il d'autres personnages forts, historiques ou fictifs, que vous souhaiteriez incarner ?
J'aimerais beaucoup raconter des histoires de gens qui me touchent particulièrement. Ce qu'on aime tous, c'est les héros, les gens qui ont une destinée particulière, qui prennent le commandement pour aider les autres et s'oublient eux-mêmes. Je pense à Raoni, le dernier indien cacique, le dernier chef d'une tribu d'Amazonie qui a vécu jusque dans les années 50-60 sans connaître le rapport avec la civilisation moderne. L'histoire de cet homme est formidable et mériterait qu'on en parle un peu plus. Il a fait le lien entre sa civilisation qui reste primaire pour nous et notre monde occidental. Ils ont d'autres connaissances bien plus avancées par exemple en médecine, en plantes, dans l'utilisation du venin des abeilles. Raoni a réussi à faire la paix avec lui-même pour essayer d'aider sa civilisation à ne pas mourir et à cohabiter avec le monde moderne. Il est connu de certains milieux, mais pas encore du grand public. Lui, c'est un vrai héros moderne et j'aimerais un jour raconter son histoire.

Cet intérêt montre aussi que vous avez une conscience écolo et engagée ?
Le côté écolo, c'est quelque chose de naturel, c'est presque obligatoire. J'ai été élevé comme ça, je fais partie de cette génération qui a appris à faire le tri en étant enfant, à faire attention. Ca me paraît normal. Les partis écolos ne devraient pas exister. On devrait obligatoirement intégrer des lois écologiques et protectrices de l'environnement à tous les partis politiques. Ca devrait être naturel.

Pour terminer cet entretien, nous avons proposé à Florent Mothe une interview centrée sur le thème du "Roi Arthur".


Qui réuniriez-vous pour un repas autour d'une table ronde ?
J'inviterais ma famille, mes parents, mes cousins, mes frères et sœurs et on se ferait un vrai repas moyenâgeux, à l'ancienne, avec des poulardes. Dans ma famille, épicurienne, on aime la gastronomie, rigoler, boire et s'amuser. On se marrerait bien et ça ferait plaisir à tout le monde.

Arthur se tourne vers Merlin en cas de difficultés. Et vous, vers qui vous tournez-vous ?
J'ai plusieurs amis vers qui je me tourne selon la demande. J'ai un copain avec qui je parle de mes problèmes de cœur et qui me parle des siens. Je parle à ma manageuse en termes de carrière. Je parle avec qui est disponible et veut bien. Je parle pas mal avec mes parents, avec ma mère qui me pose des questions pour savoir ce qui se passe dans ma vie, donc j'essaie de leur donner des nouvelles assez souvent. Si j'ai de vrais problèmes, je sais que j'ai des amis et ma famille qui pourront me conseiller.

Quel serait votre Graal ?
C'est l'accomplissement personnel. Ma quête à moi, c'est la création, la créativité, l'accomplissement, la recherche du bonheur. Finalement, on cherche tous la même chose. J'ai l'impression de m'épanouir et d'être heureux quand je fais de la musique, quand j'exprime des sentiments et quand je les partage. C'est pour ça que j'écris des chansons. On a toujours l'impression qu'on pourrait faire mieux, mais comme la chanson parfaite n'existe pas, on continue d'écrire pour essayer de s'améliorer et de s'accomplir.

Arthur a Excalibur pour mener ses combats. Quelle est votre arme ?
Ce serait mes chansons. J'ai le sentiment de m'exprimer dans ma création. Grâce à la musique, on peut faire passer des messages. Je ne suis pas forcément un chanteur engagé, mais je suis engagé dans mon cœur, dans mon âme. Je ne suis pas quelqu'un qui peut écrire des tribunes ou qui a la rhétorique la plus développée, mais justement grâce aux chansons et à la musique, je peux prendre mon temps pour faire passer des messages.                                                  

 ©AnthonyGhnassia