Pomme : "J'essaie de rester concentrée sur ce que j'aime et suis"

Son premier album est l'un des plus attendus de cette rentrée 2017. Avant de dévoiler "A peu près", dans les bacs le 6 octobre prochain, Pomme se produira à la Boule Noire à Paris du 18 au 21 septembre. C'est une artiste pétillante que nous avons rencontrée, quelques jours avant ses dates parisiennes.

Pomme : "J'essaie de rester concentrée sur ce que j'aime et suis"
© Marta Bevacqua

Elle n'a que 20 ans mais déjà l'assurance des plus grands. Pomme - Claire de son vrai nom - séduit depuis plusieurs mois le public, avec sa voix douce et envoûtante, ses textes touchants et sa musique folk et pop. Après En Cavale, un premier EP enchanteur, l'artiste s'apprête à sortir un premier album aux textes mélancoliques. Dans A Peu Près, dans les bacs le 6 octobre 2017, Pomme livre 11 titres intenses et mélancoliques. Quelques jours avant de se produire en tête d'affiche à la Boule Noire - du 18 au 21 septembre -, c'est une jeune femme pétillante que nous accueillons à la rédaction, sa guitare sous le bras. Après un Facebook Live pendant lequel l'artiste interprète quelques titres de son premier opus et répond aux questions des internautes, Pomme se livre à nous, sans tabous. Confidences.

Journal des Femmes : La musique a-t-elle toujours fait partie de votre vie ?
Pomme : Petite, j'écoutais du Lorie et du Priscilla, comme toutes les filles de mon âge. Mes parents me faisaient écouter du Polnareff, du Aznavour et même des trucs un peu hippies. Ils avaient à coeur de nous faire découvrir la musique. J'ai commencé par le solfège, qui n'est pas la partie la plus fun... Puis j'ai voulu apprendre à jouer du violon. Ma mère m'a poussé vers le violoncelle, qu'elle trouvait plus joli. J'allais aux cours un peu à contrecoeur jusqu'à ce que je me rende compte que c'était un instrument magnifique.

Vous jouez de la guitare, du violoncelle et de l'auto harpe, et êtes également fascinée par les percussions. D'où vient cette volonté d'apprendre plusieurs instruments ?
En réalité, je pense que j'ai du mal à commencer quelque chose et à le terminer vraiment. Je suis curieuse de tout et je préférais jouer de plusieurs instruments mais moyennement, que d'un seul. Aujourd'hui, j'ai tendance à vouloir me concentrer sur un seul instrument pour me perfectionner. J'avais un peu laissé tomber le violoncelle, mais j'aimerais reprendre.

"A peu près", le premier album de Pomme, dans les bacs le 6 octobre 2017 © Polydor

Comment est venu ce goût pour l'écriture et le chant ?
Le chant a toujours été naturel chez moi. J'ai même fait de la chorale pendant 10 ans. A l'adolescence, j'ai commencé à écrire mes propres textes. Je m'inspire d'histoires de que je vis, tout en les détournant. Mes chansons parlent de ma vie mais de façon romancée. Je parle souvent de choses qui m'angoissent comme le temps qui passe, la mort... Dans l'album, il y a tout de même quelques titres un peu plus joyeux comme PaulineMême robe qu'hier et Ce garçon est une ville.

Justement, il s'agit d'un poème de Abel K1 que vous avez mis en musique. Un exercice difficile ?
J'ai modifié quelques trucs pour que ça aille avec la mélodie mais l'exercice était plutôt stimulant. Il a fallu m'approprier ce texte que je n'avais pas écrit... Ça te sort de ta zone de confort et ça te donne de belles surprises au final.

Vous avez déclaré dans une interview préférer "sortir des chansons que j'aime, et dont je suis fière plutôt que de tout écrire et ne pas vraiment être contente du résultat". Quand est-ce que vous savez que ce sera une bonne chanson ?
C'est intense ce que je vais dire mais quand j'écris et que je sens que ça me provoque quelque chose – il m'est arrivé de pleurer en écrivant des chansons –, je sais que ce sera une chanson qui me rendra fière. Quand j'ai écrit La Lavande, c'était pas un moment hyper joyeux mais les mots étaient justes. Je savais que c'était exactement ce que je voulais exprimer. 

"Je n'ai pas envie de m'enfermer dans une case"

Vous faites de la folk, de la pop et l'album contient même des références aux 60's. Par volonté de ne rentrer dans aucune case ?
Pour ce premier album, je ne savais pas exactement où je voulais aller et je n'avais pas envie de m'enfermer. Pour autant, je trouve qu'il y a un fil conducteur dans l'album : toutes les chansons peuvent être interprétées en guitare-voix. J'avais envie de faire un patchwork de ce que je suis en quelque sorte.

Vous citez comme influences Barbara, Piaf mais aussi Cohen ou Dolly Parton, que l'on retrouve d'ailleurs dans Pauline, hommage à Jolene.
J'ai découvert Dolly Parton et la country au collège. Le père d'une amie avait une bibliothèque remplie de disques de country, et, un jour, il m'a donné une clé USB avec 8 albums de chanteuses des années 70. J'ai adoré ! Barbara, c'est ma première prof de chant qui m'a fait chanter Göttingen. Quand j'ai découvert son univers, j'ai été impressionnée par ses textes incroyables et sa manière d'interpréter. Quand je reprends ses chansons, j'essaie de le faire comme elle le faisait. Peut-être qu'un jour je sortirais un EP ne contenant que des titres de Barbara, qui sait ?

Vous avez longtemps continué vos études en parallèle.
J'ai arrêté en février 2016 après un an et demi de fac d'anglais. J'adore apprendre mais je n'avais plus le temps de concilier les deux. C'était frustrant. 

© Marta Bevacqua

Vous serez du 18 au 21 septembre à la Boule Noire, accompagnée d'un musicien. Vous appréhendez ?
Un peu, mais j'ai hâte aussi. J'avais peur que la salle soit vide et finalement, les billets se vendent plutôt bien. J'ai choisi de travailler avec un musicien que je ne connaissais pas, ce qui est plus stressant. Pendant 15 jours, on s'est enfermés en studio pour faire les arrangements, monter le spectacle ensemble et faire vraiment ce qu'on voulait.

Un rituel avant de monter sur scène ou un porte-bonheur ?
J'ai tout le temps les mêmes colliers, j'en ai d'ailleurs enlevé un là, je ne sais pas trop pourquoi… Sinon, j'ai des pierres d'améthyste constamment sur moi, dans mes poches, dans mon sac. Il m'arrive aussi de faire du yoga avant un concert pour me calmer si je suis trop stressée.

On en parle de votre addiction aux bonbons Arlequins ?
Les Arlequins m'ont obsédée pendant des années. Avant chaque concert, je demandais à ce qu'il y ait un paquet de Arlequins dans la loge. J'en ai tellement mangé que je crois que ça m'a écœurée. En ce moment, je mange beaucoup de bonbons au pin La Vosgienne. J'adore l'avocat aussi. L'avocat, c'est le truc le plus merveilleux qui a été inventé. Tu peux le mettre dans les gâteaux, tu peux le manger seul, en salade… C'est presque comme du beurre, mais j'adore. Les brocolis aussi ! Je suis passée du sucre aux légumes (rires).

Quel est le conseil que vous avez reçu que vous avez gardé ?
Je pense que le meilleur conseil qu'on m'ait donné, c'est de rester concentrée sur ce que j'aime et ce que je suis. De ne faire que des choses qui m'animent. Quand tu chantes des chansons qui ne te correspondent pas, tu te perds... Rester comme je suis me permet d'être honnête avec le public.

Pomme nous a fait le plaisir de venir interpréter 4 titres à la rédaction en Facebook Live, et répondre à vos questions. Découvrez la vidéo :

Quelle est votre mélodie du bonheur ?
La Montagne de Jean Ferrat. Les gens vont croire que je suis vieille en fait (rires).

Est-ce qu'il vous arrive de jouer du pipeau ?
Ça m'arrive mais je culpabilise tellement, qu'au bout d'un moment, je le dis. 

Quelque chose que vous menez à la baguette ?
Je pense avoir des facilités pour créer du lien avec les gens. J'aime bien rigoler, avoir du contact, rencontrer de nouvelles personnes, m'adapter et bien m'entendre.

Qu'est-ce qui vous met des trémolos dans la voix ?
Certaines chansons… Les enfants aussi. Je fais pas mal de projets avec les enfants, comme les Classes Chansons des Francofolies de La Rochelle. Pendant une semaine, des classes de primaire ou collège nous accueillent pour écrire et composer une chanson ensemble. A la fin, on la chante devant les parents. C'est très enrichissant et touchant.

Ce que vous envoyez valser ?
Les codes de beauté. Si tu es une fille, que tu n'as pas envie de te maquiller ou t'épiler, je pense que tu peux envoyer valser ces codes et arrêter de te préoccuper du regard des autres, même si cela peut être difficile. J'essaie de faire ce qui me ressemble tout en faisant abstraction du regard des autres.

Une musique qui adoucit les mœurs ?
Tu connais Sufjan Stevens ? Son album Carrie and lowell est sublime. C'est tout doux et sa voix est magnifique.