Valerie June : "J'aime le fait que ma voix change"

Valerie June a réussi l'incroyable pari de conjuguer blues, folk, gospel et soul. Ce samedi 8 juillet, l'artiste américaine se produisait sur la scène du festival Fnac Live. Nous l'avons rencontrée.

Valerie June : "J'aime le fait que ma voix change"
© Sarah Bastin

Une silhouette longiligne et de longs dread locks... Il n'y a pas à dire, Valerie June ne passe pas inaperçue. Un constat qui amuse d'ailleurs l'intéressée. "Tu as vu mes cheveux ? On me reconnaît facilement dans la rue !" nous lance-t-elle en rigolant. Originaire du Tennessee, cette chanteuse-compositrice-interprète a réussi depuis bientôt dix ans, à conquérir le public avec sa voix écorchée et ses mélodies mêlant soul, blues, gospel et folk. Ce samedi 8 juillet, Valerie June a fait voyager les spectateurs du festival Fnac Live, au son du banjo, du ukulélé et de la guitare. Quelques heures avant, c'est une artiste passionnée et généreuse que nous avons rencontré en coulisses. Confidences.

Journal des Femmes : Que ressentez-vous lorsque vous jouez lors d'un festival ?
Valerie June :
Sur scène, je passe par toutes les émotions : stressée avant de monter sur scène, à la fois heureuse et nerveuse pendant le set... Lorsque tu joues en extérieur, il arrive parfois que le son parte dans tous les sens sans que tu puisses le contrôler... Cela dépend de l'ambiance générale.

Quel est votre premier souvenir musical ?
Je dirais la voix de ma grand-mère à l'église. Récemment, je l'ai accompagnée avec ma maman, et j'ai enregistré les deux en train de chanter. J'ai mis mon téléphone juste à côté d'elles pour que leur voix ressortent davantage. Chaque voix est différente et, lorsque les gens partent, tu perds cette voix à jamais. Je trouve que c'est important de les garder pour pouvoir les écouter de temps en temps. Je l'ai fait pour mon père que j'ai perdu il y a quelques mois, ma mère, ma grand-mère et mes frères... Ce sont des souvenirs précieux.

Dans une interview, vous avez déclaré que vous "deviez apprivoiser chaque jour votre voix". Avez-vous peur de son évolution avec le temps ?
Non. J'adore le fait que ma voix change. Lorsque j'écoute des enregistrements faits à l'adolescence, ma voix est plus pure, plus lumineuse et ça m'attriste. Pas parce qu'elle a évoluée, mais parce qu'elle me renvoie à cette époque-là. Ma voix ne sera plus jamais la même mais c'est la vie.

Pour votre dernier album The Order of Time, vous avez retravaillé des titres qui avaient une dizaine d'années. Un exercice facile ?
Ecrire des chansons prend du temps. Quand tu as une chanson, tu la chantes tout le temps et tu veux l'enregistrer immédiatement, mais il arrive que tu n'aies pas le temps ou les bons musiciens. Il arrive aussi que tu aies des sursauts d'inspiration plusieurs mois ou années plus tard. Ce sont des titres que tu retravailles sans arrêt et c'est ce qui fait leur beauté. C'est d'ailleurs pour cette raison que l'album se nomme ainsi.

On ne voit jamais entièrement votre visage sur les covers de vos albums. Une forme de pudeur ?
A vrai dire, je ne sais pas. Un jour, j'ai mis mes albums côte à côte et ça m'a frappé. Ce n'était pas intentionnel mais c'est peut-être un moyen de ne pas me mettre en avant... Heureusement, mes cheveux sont là pour rappeler qui je suis (rires).

Sur Instagram, vous parlez des femmes que vous admirez comme Michelle Obama, Dolly Parton ou Diana Ross. Quelle est votre modèle ?
Ma mère et ma grand-mère sont les plus fortes. Ma mère a élevé 5 enfants et été mariée 41 ans. Elle peint, s'est mise récemment à la guitare... Elle pourrait même bâtir des maisons s'il le fallait. C'est une femme douce mais elle sait nous recadrer si besoin. J'ai beaucoup de chance d'avoir été élevée par une mère comme celle-ci.

The Order Of Time, album de Valerie June, Concord Record