Fishbach : "Sur scène, je ne triche pas"

Fishbach n'en finit pas de fasciner. Ce jeudi 6 juillet, l'artiste androgyne a conquis le public du festival Fnac Live avec sa pop teintée d'électro et ses textes fascinants. Rencontre.

Fishbach : "Sur scène, je ne triche pas"
© SADAKA EDMOND/SIPA

Certains la comparent à Catherine Ringer. D'autres à Mylène Farmer. Fishbach - Flora Fischbach de son vrai nom - s'en moque. Depuis son premier EP sobrement intitulé Fishbach puis les Transmusicales de Rennes en 2016, qui l'a propulsée sur le devant de la scène, un album est né. A ta merci, sorti en janvier 2017, contient 12 titres intimes - dont l'incontournable Mortel, sorti quelques jours avant les attentats de Paris et qui résonne depuis, de "manière singulière" -. Celle qui ne se voit pas forcément faire de la musique toute sa vie - elle rêve de créer une entreprise proposant des ateliers de chant auprès de personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer - était sur la scène du Fnac Live ce jeudi 6 juillet. Nous l'avons rencontrée dans les coulisses du festival. Confidences.

Journal des Femmes : Que représente pour vous le festival Fnac Live ?
Fishbach : La scène est incroyable. On va jouer devant des gens qui ne nous connaissent pas forcément et c'est excitant de conquérir un nouveau public. J'étais venue voir La Femme il y a quelques années et je me souviens que c'était une très belle soirée. 

Vous avez pris votre vrai nom comme nom de scène, en ôtant un "c". Une façon de créer un double ?
En fait, je l'ai choisi le jour où j'ai pris un nom de domaine sur Soundcloud. "Fishbach" ça veut dire "la rivière aux poissons", et c'est le nom de famille de ma mère. Je trouvais que ça correspondait bien à ce que je voulais créer. L'image des poissons qui remontent le cours d'une rivière me plaisait car avec ma musique, je reviens aux origines, à ce que j'ai écouté enfant. Je l'ai allégé d'une lettre car j'ai voulu discerner un peu les deux. Mettre une partie de moi seulement dans Fishbach.

A l'écoute, votre album sonne un peu comme un "album-thérapie". Comment le décririez-vous ?
Ça l'est, mais pas totalement. Ce n'est pas un journal intime mais ce sont des choses qui me sont arrivées et qui m'ont touché, ou touché mes proches. Il y a un peu de fiction tout de même pour que chacun puisse s'y retrouver. D'ailleurs, je n'explique jamais mes chansons pour qu'il y ait plusieurs interprétations possibles. J'essaie aussi de choisir des mots qui ont des sonorités particulières pour que les gens aient un doute sur leur signification. Cela donne plusieurs lectures différentes et c'est ce qui me plaît. C'est un album intime. C'était une réelle nécessité de chanter et ça m'a fait beaucoup de bien de dire tout ça. Quand on rencontre des gens sur la route qui nous disent que tel morceau leur a fait du bien, c'est touchant. C'est peut-être pas une thérapie mais une aspirine pour tout le monde.

J'ai vu que vous en aviez marre que l'on vous compare aux artistes des années 80. Qu'est-ce qui vous inspire ?
C'est la vie qui m'inspire... La technologie, les jeux vidéos, l'histoire, les sciences... Je parle plutôt de sentiments dans mes chansons mais je suis une éponge à tout.

Que ressentez-vous sur scène ?
Ce sont des moments étranges. On ne s'en souvient pas toujours d'ailleurs. Je m'y sens très à l'aise, bien plus que dans d'autres situations de la vie. C'est un exercice qui m'a plu dès le début et qui m'a aidé à vaincre ma timidité. Sur scène, je ne triche pas. Si les gens nous portent, ça donne de très belles surprises. Physiquement, c'est éprouvant. C'est comme un match pour un sportif. Au Fnac Live, ce sera une configuration particulière : il n'y a pas notre scénographie habituelle, ce sera brut de chez brut. 

"J'ai beaucoup de tendresse
envers les personnes âgées"

Quelle est votre mélodie du bonheur ?
Le générique de L'inspecteur Gadget.

Est-ce qu'il vous arrive de jouer du pipeau ?
Tout le monde ment non ? Je n'ai pas fait de gros mensonges mais il m'arrive de mentir, ou de ne pas dire les choses.

Qu'est-ce que vous menez à la baguette ?
Je crois que je gère ma musique. J'ai créé une équipe autour de moi et je suis directrice artistique de tout ce que je fais, on ne m'a jamais imposé quoi que ce soit. J'en suis assez fière.

Qu'est-ce qui vous met des trémolos dans la voix ?
Les personnes âgées. Je ne l'explique pas... Même quand je vois une petite dame dans la rue. J'ai beaucoup de tendresse et d'empathie...

Qu'est-ce que vous envoyez valser ?
Je refuse une certaine forme d'autorité malsaine. Je n'aime pas qu'on m'impose des choses. Tout à l'heure, on m'a imposé une interview chantée et j'étais complètement paralysée. C'était un flop total, on était tous gênés.

La dernière fois que vous l'avez mise en sourdine ?
Après les Transmusicales. J'avais des problèmes d'audition et je me suis enfermée pendant 3 semaines sans son.

La dernière fois que vous vous êtes réveillée en fanfare ?
Tout à l'heure. Chaque fois que je retrouve mon groupe, je suis heureuse. Et aujourd'hui, on joue devant des enfants, des gens qui n'ont pas de tune. Tout le monde peut venir, c'est génial !

Une musique qui adoucit les moeurs ?
Toutes les musiques de Cigarettes After Sex. Ça te donne envie de faire des câlins, c'est mignon.

A ta merci, premier album de Fishbach, Disques Entreprise