Polo & Pan : tropicool

Quelques notes de Polo & Pan suffisent pour dériver vers d'exotiques contrées musicales, quelque part entre une jungle électro et une plage pop. Le duo de Djs a embarqué les spectateurs du Fnac Live en direction de sa canopée enchantée jeudi 6 juillet. Entretien.

Polo & Pan : tropicool
© SADAKA EDMOND/SIPA

Place de l'Hotel de Ville à Paris, 21h. La canicule frappe la capitale alors qu'une onde tropicale parcourt le public. Derrière les platines, sous le soleil étincelant, le duo Polo & Pan propage ses sons mutins pour le Fnac Live. Direction sa "Canopée", en compagnie de l'envoûtante "Nana" et de la sémillante "Dorothy".
Voilà six ans que les deux Djs s'apprivoisent musicalement, après s'être croisés dans les couloirs de boîte de nuit et avoir scellé leur amitié lors d'un dîner à la Fidélité. Cet été, ils ont sorti leur "Caravelle", opus rêvé qui sent le sable chaud et les soirées chimériques. Polo décrit Pan comme hypersensible, performeur et créatif. Pan décrit Polo comme aérien, accueillant et technicien. En interview, on décrit Polo & Pan comme passionnés, bienveillants et inspirés.

Le Journal des Femmes : Qu'est-ce qui a réuni Polo et Pan ?
Polo & Pan : Notre rencontre a d'abord été humaine, avant de se découvrir des points communs musicaux. On aime tous les deux les Disney, la musique de films anciens, les sons brésiliens. On a pris le temps d'explorer ces univers communs. On s'est vite aperçu que chacun de nous était prêt à faire un effort pour accueillir la vision de l'autre. Toute la complexité du duo est là, s'accepter avec ses différences. Ca a donné une entité supérieure à nous : Polo & Pan.

Qui fait quoi ?
C'est secret ! Et c'est surtout très interchangeable. Sur certains morceaux, l'un apporte la mélodie, l'autre écrit les textes. Sur d'autres c'est 50/50, ou même l'inverse ; rien n'est jamais figé. C'est la théorie de la meilleure idée. On est dans une saine compétition. Quand l'un surpasse l'autre, on s'inspire.

"On a travaillé longtemps pour avoir quelque chose de joli à montrer"

Vous étiez très rares jusque-là et vous voilà sur le parvis de l'Hôtel de Ville devant 25 000 personnes. C'est ça, le succès ?
On vit dans l'ère du teaser : beaucoup créent à peine, mais en parlent beaucoup. Nous, c'est l'inverse. On a passé des années à inventer dans notre laboratoire, maintenant on veut partager. On ne fait ni l'effort de l'anonymat, ni celui de la surmédiatisation. On accepte ce qui nous fait plaisir, on refuse ce qui ne nous plait pas. On a travaillé longtemps pour avoir quelque chose de joli à montrer. Maintenant, il faut y aller.

Le Fnac Live est une belle vitrine ! Vous n'avez pas peur d'être dépassés par la popularité ?
On a toujours peur que les fans de la première heure se disent qu'on est devenus grand public. L'anonymat est une recette, quand on voit The Blaze ou PNL qui refusent les interviews, ou même les Daft Punk. Nous on ne calcule rien, mais il y a toujours cette petite frayeur. On n'est pas pour la sur-représentation artistique. On a juste envie de nous exprimer, d'acquérir de l'expérience, alors on fait notre première tournée à fond.

Ça fait quoi d'avoir votre propre public ?
C'est génial de lancer un "Canopée" et de voir la quasi-totalité de la salle chanter au moins un petit bout de la chanson. On réalise avoir drainé des gens qui nous suivent depuis longtemps. Maintenant qu'on est visibles, ils viennent nous voir.

Comment décrivez-vous votre Caravelle ?
Elle est multiforme et permet de voyager dans différents univers. C'est un véhicule aquatique, aérien et terrestre. Elle peut avoir des ailes, des pattes, marcher sur terre. C'est un peu un Transformer… avec cette spécificité : elle te transporte toujours vers une destination concrète, imaginée ou sublimée. Elle est aussi assez grande, pour pouvoir embarquer tous ceux qui veulent voyager avec nous.

A quoi ressemble votre pays imaginaire ?
C'est un endroit béni, isolé, florissant et très agréable, où chacun est bienvenu. Certains parleraient de fuite, pour nous c'est davantage une carapace de protection. A l'image de celui de Peter Pan : là-bas, il suffit d'imaginer pour que tout devienne possible.

"On aime collectionner des objets qu'on mixe ensemble"

D'où l'importance du visuel pour vous. Vos chansons et vos clips évoquent le Magicien d'oz, Peter Pan ou Jacques Demy… 
C'est le point de départ de beaucoup de chansons. On s'inspire souvent d'un thème visuel ou d'un film qu'on aime bien. L'image intervient autant au début, qu'à la fin, quand vient le clip. Il y a aussi cette envie d'aller plus loin, de faire de la musique pour le cinéma, d'écrire des histoires et de ne rester cantonnés aux sons. Et puis c'est un moyen de rendre hommage à toutes nos influences.

Avec quoi nourrissez-vous votre univers ?
Tous les arts : la peinture, le cinéma, la musique... "Pays imaginaire", c'est un thème de Debussy à l'origine. "Le Magicien d'Oz", c'est le film d'enfance de Paul. David Hockney, c'est est une source importante de notre artwork. On rend officiellement hommage à ce qui nous inspire. C'est notre culture de Djs : on aime collectionner des objets qu'on mixe ensemble. Par exemple, on joue tous les deux au ping pong et aux échecs. La balle de l'un et le côté épique de l'autre pourraient être le point de départ d'une musique.

Vos chansons appellent l'évasion. Le voyage est-il seulement musical pour vous ?
Nos précédents métiers, en tant que djs ou producteurs, nous ont permis de beaucoup voyager en Afrique, en Asie, en Amérique latine. Il y a ces voyages concrets, mais aussi toutes les destinations rêvées. Elles sont comme des inspirations sublimées. On voue un culte au Brésil pour sa musique et son héliotropisme. On a presque peur d'y aller tellement on le fantasme en carte postale des années 60.

Infos pratiques

Prix : gratuit

Où : sur le parvis de l'Hôtel de Ville de Paris

Quand : du 6 au 8 juillet 2017

Plus d'informations sur www.fnac.com/fnaclive