Ayo : "Je suis plus une survivante qu'une combattante"

Après un break de 4 ans, Ayo est prête à nous enchanter de nouveau avec sa voix harmonieuse grâce à un cinquième album. A l'occasion de la sortie de cet opus, la chanteuse, mais surtout l'artiste engagée, s'est livrée à nous sur sa carrière, ses influences et sa vie de maman.

Ayo : "Je suis plus une survivante qu'une combattante"
© SADAKA EDMOND/SIPA

Elle est souriante, chaleureuse et fait preuve d'une grande sensibilité. Ayo est bien de retour, après 4 ans d'absence, prête à faire battre les cœurs et à charmer les tympans avec son cinquième album et pour une série de concerts au Théâtre des Bouffes du Nord, du 24 au 28 octobre. Inspirée principalement par l'amour, qu'elle n'hésite pas à chanter de sa voix puissante et jazzy, l'artiste de 36 ans est nommée "Ayo" ("joie" en français, ndlr) par sa grand-mère avant sa naissance. Un prénom issu de la langue des Yorubas du Nigeria et qui sera transformé en "Joy" par son père. Ainsi, dès son plus jeune âge, la rayonnante Ayo vit sous le signe du bonheur.

© Service de presse

"J'étais une enfant très joyeuse, à tel point que mes parents pensaient que j'étais malade ou autiste. J'étais dans ma bulle et je ne pleurais jamais", nous confie-t-elle. Née en Allemagne et agitée par nature, cette artiste au sourire contagieux a déjà pu découvrir les villes de Berlin, Hambourg, Londres, Paris et New York. Derrière ces découvertes se cachait une envie de fuir des souvenirs douloureux et une enfance mouvementée par des déménagements fréquents. Pour s'exprimer, la jeune Ayo se réfugie dans la musique : une passion qui lui permet de se faire connaître du public grâce à son premier single Down on My Knees. Si elle a hâte de retrouver ses fans sur scène, Ayo contemple avec lucidité les événements tragiques de ces 4 dernières années, consciente qu'elle devra bientôt remonter sur scène. "Ça fait peur [...] Tout peut arriver [mais] on ne peut vivre ni dans la peur ni dans l'ignorance", déclare-t-elle, toujours le sourire aux lèvres.

Le Journal des Femmes : Vous sortez un 5e album après plusieurs années d'absence. Quelle a été la genèse de cet opus ?
Ayo : C'est arrivé très naturellement, comme pour tous mes disques. J'écris toujours beaucoup pour me sentir bien, puis je prends conscience que j'ai énormément de chansons. A partir de ce moment-là, il est temps que je me lance dans un nouvel album. Il y avait une différence pour ce disque : je suis arrivée à New York et je venais de quitter mon label. J'en suis très fière. J'y ai mis tout mon cœur. J'ai tout composé et arrangé seule. 

Vous sentez-vous plus confiante aujourd'hui qu'à vos débuts ?
J'ai surtout gagné en maturité. Même si je me sens plus à l'aise aujourd'hui, j'ai toujours le trac avant de monter sur scène. C'est une nervosité qui ne me quitte pas et qui ne changera jamais.

 

"J'ai toujours le trac avant de monter sur scène"

On vous a comparée à Tracy Chapman grâce à vos chansons, mais quelles sont vos véritables inspirations ?
C'est un honneur, je la trouve formidable. Tracy Chapman est une inspiration, car mon père écoutait souvent sa musique. Tout ce qu'il écoutait m'inspirait. Au cours de mon expérience, j'ai été portée par Jimmy Cliff, Bob Marley, Nina Simone et Joni Mitchell, pour son écriture.

Quel a été votre premier contact avec la musique ?
En pensant à ma première expérience avec la musique, je revois mes parents en train de danser. Mon père avait très bon goût, je l'ai toujours admiré pour ça. Il était vraiment cool. La musique a toujours eu un goût familier.

Vous êtes une chanteuse très engagée pour les enfants : qu'est-ce-qui vous a poussée vers cette voie plus humanitaire ?
C'est important de participer aux choses primordiales et de moins se consacrer aux choses superficielles. Donner aux personnes qui en ont le plus besoin est essentiel. Il y a tellement de personnes qui n'ont pas les mêmes opportunités que nous et n'en ont pas conscience. On devrait inspirer notre entourage à changer la donne. 

 

"Donner aux personnes qui en ont le plus besoin est essentiel"

 

Vous êtes chanteuse, mais aussi maman de deux enfants : comment parvenez-vous à combiner ces deux facettes de votre vie ?
Je veux que mes enfants sachent que je serai toujours là pour eux. En prenant une pause, je voulais être une maman, sans qu'ils aient à me partager avec tout le monde. J'ai décidé d'enregistrer mes chansons à la maison. Je n'ai jamais embauché de nounou.

Quelles valeurs ou quels messages voudriez-vous transmettre aux générations à venir?
Je leur dirais qu'il faut être juste, savoir quand quelque chose ne l'est pas. Il faut que les futures générations sachent réagir face à l'injustice pour ne pas laisser faire. Elles doivent être respectueuses et apprendre à aimer les uns, les autres et eux-mêmes. J'espère qu'elles pourront changer le monde.

 

"Je veux que mes enfants sachent que je serai toujours là pour eux"

Qu'est-ce-qui vous révolte le plus ?

C'est dur de répondre, car il y a tellement de choses qui clochent. Mais si je devais répondre en un seul mot, ce qui me révolte le plus c'est la haine.

En tant que femme, quelle image avez-vous de vous-même ? De votre corps ?
Je suis une femme comme les autres, avec ses complexes. Je peux être très complexée. J'essaie de m'aimer du mieux que je peux et d'être meilleure chaque jour, même si c'est dur. Je suis plus une survivante qu'une combattante. J'ai dû surmonter pas mal d'épreuves. 

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