Jack Savoretti : "Voici les choses qui me tiennent éveillé la nuit"

Nous sommes allés à la rencontre de Jack Savoretti, chanteur britannique d'origine italienne, dont le dernier album prénommé "Sleep No More", dédié à son épouse, enflamme toute l'Europe.

Jack Savoretti : "Voici les choses qui me tiennent éveillé la nuit"
© Bruna de França

Né en 1983, Jack Savoretti est un chanteur anglais d'origine italienne avec cinq albums au compteur. Son dernier bijou qu'il a titré Sleep No More est sorti en 2016 et a été suivi par une tournée à travers l'Union européenne, de la Suisse au Royaume-Uni, en passant par la France et l'Italie.

Avec un sourire chaleureux et un accent singulier mêlant des intonations anglaise et ligure, le jeune interprète s'est confié sur sa carrière, son nouvel album et sur sa famille, la principale source d'inspiration pour son nouveau disque qu'il ne s'attribue pas entièrement. Jack Savoretti ne parle jamais à la première personne et préfère évoquer le "nous" dans ses réponses qui démontre que son succès est le résultat d'un travail d'équipe, dont il est fier. Amoureux des poèmes, il nous conseille de lire Tes Pieds du poète chilien Pablo Neruda qui "serait parfait pour une chanson", selon lui. Dans la vie du chanteur, passion et responsabilité s'équilibrent à merveille, ce que nous avons pu constater de nos propres yeux. Avec sa musique, impliquant changements de rythmes et timbres accrocheurs et au-delà de sa sympathie, Jack Savoretti sait divertir son public comme il se doit.

© Bruna de França

Après les séries dans lesquelles nous vous avons aperçu, vous voilà sur scène. Comment qualifieriez-vous votre parcours ?
Je le décrirais comme étant atypique. Tout a commencé avec un label indépendant et nous n'avions aucune expérience. Nous avions, comme seul avantage, le fait que les séries optaient plutôt pour des auteurs-compositeurs moins connus et moins coûteux, faute de budget.

Avez-vous déjà pensé à participer à un télé-crochet pour vous donner un coup de pouce ?
Je n'ai rien contre ces émissions mais je n'y ai jamais pensé. Je travaille cependant avec des gens qui ont participé à ce genre de programme mais c'est comme si je voulais devenir un grand chef cuisinier et que je me retrouvais dans un fast-food. Une ascension rapide peut faciliter les choses mais nous ne voulons pas atteindre notre objectif de cette manière-là. Plutôt que de dépendre de grandes occasions, je préfère exprimer ce que je veux tout seul.

"Je n'aime pas que la télé-réalité soit liée aux rêves des gens"

Pourriez-vous être juge dans une émission de télé-crochet ?
Je ne pense pas, mais il m'est arrivé par le passé de décliner quelque chose avant d'accepter de le faire. J'ai été très heureux de ces expériences après les avoir vécues mais ce n'est pas mon intention, pour le moment. Je n'aime pas que la télé-réalité soit liée aux rêves des gens même si cela peut être amusant. Un rêve qui est vendu individuellement et mis au rebut comme s'il n'était rien me dérange.

© Bruna de França

Votre succès aurait-il été provoqué par un événement particulier ?
Pas vraiment. J'ai souvent peur que quelque chose puisse changer notre carrière. Si le succès arrive vite, il peut repartir à la même vitesse et la télé-réalité en est le parfait exemple : vous pouvez être au cœur de l'actualité pendant trois mois et retomber dans l'oubli un an plus tard. On parlera peut-être de vos relations amoureuses mais personne ne connaîtra votre musique. Ce n'est pas ce que nous voulions faire. Nous travaillons quand nous le voulons et avons le même raisonnement en ce qui concerne nos tournées. On apprend des erreurs que l'on peut commettre.

Vous avez joué au Royaume-Uni, en Italie, en Suisse et en France. Quel pays vous a accueilli le plus chaleureusement ?
L'Italie a été, sans aucun doute, le pays où le public était le plus chaleureux. L'enthousiasme italien s'applique à la vie en général. L'Italie accorderait même trop à ceux qui viennent de l'étranger plutôt qu'à ses propres artistes. Le public anglais était aussi remarquable.

Pensez-vous être italien ?
On me considère comme tel désormais, ce qui n'était pas le cas dans mes débuts débuts. Lorsque nous étions de passage en Italie, on ne savait pas comment me présenter. Un italien né en Angleterre et qui parle anglais n'est pas vraiment italien. On a commencé à m'identifier comme un italien lorsque le succès est venu. En Angleterre, c'est plus difficile car je n'ai jamais été considéré comme un artiste anglais et j'en ai souffert. On ne m'a jamais inscrit dans le courant musical anglo-saxon car j'ai un nom de famille italien. Aujourd'hui, si je n'appartiens pas à quelque chose, je me sens en sécurité car je peux toujours surpasser les clichés sans être rattaché au mouvement musical d'un pays en particulier.

"Je n'ai jamais été considéré comme un artiste anglais"

Pourquoi votre dernier album s'appelle-t-il Sleep No More ?
Être chanteur ne me permet pas de dormir beaucoup, plus particulièrement depuis que je suis papa. L'album parle des choses qui nous tiennent éveillés la nuit. La chanson Sleep No More représente la transition de l'adolescence à l'âge adulte, lorsque l'on se rend compte qu'on devient responsables.

Selon vous, comment peut durer un amour dans le temps ?
La solution n'est pas dans l'album. A 30 ans, j'avais le contrôle de ma carrière et de ma passion mais avec ça venait la responsabilité. Je n'ai pas trouvé de réconfort dans la musique parce qu'elle parle souvent de comment tomber amoureux ou de comment quitter quelqu'un. Elle ne parle pas de comment faire durer l'amour, la famille ou prendre soin des choses importantes. Dès que l'on commence à chercher la solution, on se rend compte que la réponse est de toujours garder sa flamme allumée. La pensée qu'elle puisse s'éteindre nous motive. On devient plus prudent. Je n'y faisais pas attention en étant plus jeune mais j'ai pris conscience que remarquer qu'il faut prendre soin des relations est le premier pas pour faire durer l'amour.

© Bruna de França

Quel genre de mari et père êtes-vous ?
Je suis encore au stade où il faut s'inventer tous les jours. Nous sommes la première génération à avoir la chance de pouvoir combiner passion et responsabilité. On était obligés de choisir auparavant. Même si l'on peut tout faire aujourd'hui ce n'est pas toujours facile, surtout pour les femmes. Je vois mon épouse se dévouer à nos deux enfants depuis quatre ans au point où son rôle et son identité ont changés. Elle n'était pas prête mais a su se donner à fond dès le premier jour. Elle se demande parfois qui elle est vraiment, si elle est juste maman par exemple. Ça arrive aux hommes également.