Charlotte OC, enchanteresse pop

RENCONTRE - Charlotte OC a posé bagages à Paris pour parler de son premier album "Careless People", dans les bacs le 31 mars. La chanteuse anglaise s'est livré à nous avec légèreté et dérision.

Charlotte OC, enchanteresse pop
© Nicole Nodland

Nouvelle sur la scène française, Charlotte OC est une chanteuse de renommée au Royaume-Uni. Originaire de Blackburn, dans le Lancashire, Charlotte O'Connor de son vrai nom se lance dans la musique dès l'âge de 15 ans. En se rappelant de la première chanson qu'elle a écrite, la chanteuse pouffe de rire : "Elle s'appelait 'One of the Angels' et parlait de mort."
En 2008, elle signe son premier contrat avec Columbia Records, avant de prendre deux années sabbatiques au côté de sa mère, propriétaire d'un salon de coiffure. En 2013, elle retient l'attention du label Stranger Records.
Tout s'enchaîne très rapidement pour la chanteuse, qui obtient une reconnaissance presque instantanée au Royaume-Uni. Mais pour elle, "la musique est universelle". Il ne fallait donc pas s'arrêter aux frontières anglo-saxonnes. Celle qui cite la chancelière Angela Merkel comme l'une des femmes les plus inspirantes au monde pour ses commentaires contre Donald Trump, évoque Leonard Cohen, Aretha Franklin ou encore Patti Smith comme ses principales influences musicales. 

Aujourd'hui, la chanteuse de 26 ans est réputée pour son timbre de voix harmonieux, non loin de celui de Lana Del Rey et sa pop noire alternative, qu'elle décrit comme "passionnée et intense". Dotée d'une créativité sans faille, elle s'inspire de sa fascination pour les sorcières pour délivrer une musique teintée de spiritualisme et d'occultisme. Énigmatique et souriante, Charlotte OC s'est ouverte à nos questions en toute convivialité, entre deux tasses de café (qu'elle apprécie aussi noir que ses vêtements), comme si elle retrouvait un ami perdu de longue date.  

Le Journal des Femmes : Quelle a été votre première expérience avec la musique ?
Charlotte OC : A 6 ans, je faisais partie d'une chorale avec mes camarades de classe. En chantant, j'ai ressenti un immense plaisir. C'était très profond et c'est à ce moment-là que j'ai pris conscience que je voulais chanter. Adolescente, j'ai compris que je voulais écrire quand j'ai appris à jouer de la guitare. Je m'amusais à fredonner quelques mélodies pour accompagner la musique que je composais. Je ne voulais pas me contenter de chanter, je voulais créer.

A 16 ans, vous devenez ambassadrice de Quiksilver : comment ça s'est fait ?
J'ai été repérée sur Myspace après avoir signé mon tout premier contrat. J'ai fini par être mannequin pour eux et je chantais pendant leurs spectacles pour Quik Pro France. C'était une opportunité pour moi, bien que je ne sois pas du tout surfeuse ! Je déteste la mer parce que j'ai une phobie des poissons. C'était un peu bizarre, mais ça m'a permis de vivre de belles expériences. J'ai passé une partie de mon adolescence à Hossegor grâce à ça et j'y ai pris beaucoup de plaisir, même si ce n'était pas bénéfique pour ma carrière : j'avais 16 ans et je voyageais tout en étant indépendante. J'ai été très chanceuse.

"Je veux que les choses soient brutes et vraies"

On remarque une dose d'occulte et de spiritualité dans votre travail. Quelles sont vos inspirations ?
Je me sens inspirée par les églises ! Tout a commencé avec la chorale. Mes parents voulaient que je trouve qui je voulais être sans leur aide et n'ont jamais décidé de ma religion. Le fait que des monuments aussi magnifiques puissent être construits pour quelque chose qui a été créé par l'Homme m'épate. Ce sont ces constructions et leurs histoires qui m'inspirent ; j'en crée presque ma propre religion. Entendre une chorale à l'église, c'est quelque chose de très beau pour moi. Je voulais créer quelque chose de spirituel.

© Nicole Nodland

Quel message voulez-vous faire passer à travers votre musique ?
J'aimerais ne pas être intimidante. Certaines chanteuses ressemblent à des Barbie ou à des poupées de cire. Je veux que les choses soient brutes et vraies, qu'elles correspondent à la réalité des émotions qu'une femme ressent. C'est souvent mal vu parce qu'on imagine que les filles doivent se comporter d'une certaine manière. Je voudrais briser cette barrière et pouvoir me perdre dans ma musique sur scène. J'aimerais aussi émouvoir le public et montrer qu'on a le droit d'être sexy, en tant que femme, sans se dénuder pour autant. 

Aimeriez-vous collaborer avec d'autres artistes ?
J'aimerais bien travailler avec Damon Albarn : il était magnifique jeune (rires) ! Mais en tant qu'artiste, il m'a beaucoup impressionnée, notamment avec son travail pour Gorillaz. C'était et c'est toujours futuriste. Collaborer avec Philip Glass me plairait beaucoup aussi. J'aimerais bien qu'il m'aide à composer un de mes titres. David Byrne aussi.

"Je voulais créer quelque chose de spirituel"

 

Vous connaissez bien le public anglo-saxon : quelle est la différence entre la femme britannique et la femme française ?
La Française se caractérise par sa douceur et sa fraîcheur, qui peut d'ailleurs être prise pour de la froideur. Je m'en suis rendu compte dès mon arrivée à Paris. En Angleterre, les femmes sont bien différentes. Il y a même un écart énorme entre les femmes du Sud du Royaume-Uni et celles du Nord du pays. Par exemple, les nordiques ont les pieds sur terre, mais peuvent paraître faibles d'esprit. Les sudistes sont un peu plus froides. Mais je ne veux pas généraliser. Nous sommes toutes différentes.

Quels sont vos projets d'avenir ?
La sortie de mon album est ma priorité, j'ai également plusieurs dates de concert partout dans le monde, à Londres et à Burbank, par exemple. Je n'arrive pas à croire que je vais partir en tournée ! J'ai aussi recommencé à écrire et mon prochain objectif est d'apprendre à produire. J'ai du mal à laisser les autres travailler à ma place.

Vous avez passé deux ans loin de la scène afin de trouver votre identité artistique. Quel conseil pouvez-vous donner aux chanteurs qui sont dans le même cas aujourd'hui ?
Il faut prendre son temps et ne pas se laisser influencer ou abattre par les opinions des autres. David Bowie avait dit quelque chose de très intelligent, que je trouve très vrai : "Si vous commencez à avoir peur de ce que vous faîtes, cela veut dire que vous faites quelque chose de bien." C'est un fabuleux conseil.

Découvrez le clip de The Darkest Hour, disponible sur son album Careless People, le 31 mars