Chico & The Gypsies, leur hommage aux 80's

Ils sont à l'origine de tubes planétaires qui font danser toutes les générations. Dans leur nouvel opus "Color 80's", Chico & The Gypsies revisitent les titres phares des années 80 en une version gispy ensoleillée. Quelques jours après la sortie de l'album, nous avons rencontré le leader du groupe Chico Bouchikhi.

Chico & The Gypsies, leur hommage aux 80's
© Carole Mathieu

Ils ont vendu des millions d'albums, se produisent dans le monde entier et réunissent toutes les générations confondues autour de tubes incontournables comme Volare ou Djobi Djoba. Leur nom : Chico & The Gypsies. Le groupe composé de 8 guitaristes et chanteurs, est mené depuis 20 ans d'une main de maître par Chico Bouchikhi, ex-leader des Gipsy Kings. Pour célébrer ses 40 ans de carrière, Chico a souhaité rendre hommage aux années 80, la décennie qui l'a révélé. Dans Color 80's, les tubes Joe le Taxi, Je te promets ou encore D'amour ou d'amitié sont repris en une version gipsy entraînante. Le premier extrait Plus près des étoiles, rencontre déjà un franc succès. A quelques semaines de leur concert à l'Olympia de Paris le 25 avril prochain, nous avons rencontré le leader du groupe Chico. Confidences d'un homme généreux et passionné.

Chico & The Gypsies © Carole Mathieu

Parlez-nous un peu de vous Chico.
Chico Bouchikhi : Je suis né en Arles et c'est auprès des gitans de la famille Reyes que j'ai grandi. J'aimais déjà la musique mais ce sont eux qui me l'ont faite redécouvrir. Ensemble, nous avons créé le groupe Los Reyes dans les années 70, qui est devenu Gipsy Kings en 1981. Dix ans plus tard, nous nous sommes séparés et j'ai créé Chico & The Gypsies en 1992 avec 7 autres guitaristes et chanteurs.

Pourquoi ce nom "Chico & The Gypsies" ?
A l'époque de Los Reyes, j'ai réalisé que notre musique pouvait dépasser les frontières et qu'il fallait adopter un nom anglais. J'ai donc opté pour Gipsy Kings qui signifie les "rois gitans". Quand le groupe s'est dissout, j'ai voulu rester dans cette lignée. Il fallait identifier ce que je faisais, qui j'étais et d'où je venais. Ça a donc donné Chico & The Gypsies.

Votre album s'appelle Color 80's. Vous êtes nostalgique des années 80 ?
Je préfère regarder en avant plutôt que d'être nostalgique mais on ne peut pas renier son passé et le fait est que cette décennie nous a porté chance : Djobi Djoba est sortie en 1981, Bamboleo en 1987… Pour fêter mes 40 ans de musique, j'ai voulu rendre hommage à cette période qui était très riche musicalement. Choisir 14 titres était une torture car des dizaines nous ont marqué.

Reprendre ces titres était une chose aisée ?
Ça s'est fait assez naturellement puisqu'on les reprenait déjà lors de bœufs improvisés en famille ou entre amis. C'est d'ailleurs là que l'idée de faire un album a surgi. Joe Le Taxi est sûrement celle qui a demandé le plus de travail et c'est aussi celle qui surprendra le plus le public car on ne nous attend pas sur ce registre-là. Au-delà de la reprise, ce sont l'interprétation et l'émotion que l'on transmet qui font la beauté de ces musiques. On leur offre une deuxième vie en quelque sorte. Ces chansons, tout le monde les connaît, tout le monde les chante et nous, on amène un petit côté festif en plus. Et quand Gilbert Montagné ou Félix Gray nous appellent pour dire qu'ils adorent nos reprises, c'est une immense fierté car ça montre qu'on n'a pas dénaturé la chanson initiale mais qu'on l'a embellie.

Le premier extrait est Plus près des étoiles de Gold. Un titre malheureusement d'actualité.
A l'époque, les auteurs se sont inspirés des boat-people et bien sûr, ça fait écho à ce qui se passe malheureusement encore aujourd'hui. Mais cette chanson a aussi un sens particulier pour moi car je suis convaincu qu'une bonne étoile me guide et me protège depuis toutes ces années.

Un intrus s'est glissé dans l'album : Couleur Café qui date de 1964.
Cette chanson date certes de 1964, mais une reprise en espagnol avait été faite dans les années 80/90 et c'est cette version-là que l'on reprend. Ça nous permet aussi d'apporter un peu de notre identité. C'était impossible de faire un album de reprises sans évoquer le monument Gainsbourg. C'était un personnage incroyable à la fois un peu rebelle, un peu fou et qui faisait des chansons extraordinaires que j'ai eu la chance de rencontrer.

Vous fêtez vos 40 ans de carrière. Qu'est-ce qui vous rend le plus fier ?
De vous avoir en face de moi et de voir que vous et le public aimez ce qu'on fait, qu'il y a toujours cet engouement et cette envie de partager. Ces 40 dernières années, je ne me suis jamais ennuyé. On est toujours aussi passionnés et je pense que le public sent qu'on se régale.

C'est Brigitte Bardot qui vous a révélé dans les années 70…
Nous l'avons rencontrée à Saint-Tropez et elle nous avait invités à jouer lors de l'un de ses anniversaires. A l'époque de Los Reyes, elle venait même danser avec nous dans les soirées privées, coiffée d'une perruque et vêtue d'une robe longue. Les gens se disaient qu'elle ressemblait à Brigitte Bardot sans savoir que c'était bien elle. Elle nous a ouvert beaucoup de portes. Au-delà de ça, c'est une amie sincère et fidèle.

Vous avez rencontré l'Abbé Pierre, le Dalaï-Lama, les Rolling Stones… Quelle rencontre vous a le plus marquée ?
Charlie Chaplin. J'ai eu la chance de jouer pour lui dans les années 70 dans un restaurant à Lausanne en Suisse. Celui qui a fait rire le monde entier a pleuré en écoutant ma musique. C'était un moment intense et très touchant. Je me suis dit que si Charlie Chaplin avait cette réaction, ça signifiait que notre musique avait de l'avenir.

Vous êtes Ambassadeur de la paix pour l'Unesco depuis 20 ans. Pourquoi vous ?
Il faudrait plutôt leur poser cette question à eux (rires). Je pense que mon histoire personnelle (ndlr : son frère a été assassiné à tort par le Mossad en Norvège) a touché le directeur de l'Unesco de l'époque. Le fait d'avoir chanté devant Shimon Peres et Yasser Arafat aussi puisque c'était un symbole de pardon. Je suis devenu envoyé spécial de l'Unesco pour la paix en 1996 avec le Commandant Cousteau pour parrain. Depuis 20 ans, je promeus donc la paix et la tolérance dans le monde entier à travers des concerts ou des manifestations. C'est important de donner une partie de ce que l'on a reçu.

Pensez-vous que la musique soit un bon vecteur de paix ?
C'est une passerelle entre les peuples, c'est évident. Le public a la même réaction qu'on se produise en Israël ou en Palestine. S'il existe une vraie sensibilité commune, il n'y a pas de raison qu'on n'aboutisse pas à une paix un jour. D'ailleurs, nous dédions tous nos concerts à la paix et la fraternité.

Un autre gipsy a percé ces dernières années : Kendji Girac. Que pensez-vous de lui ?
J'ai toujours dit qu'il existait beaucoup de talents dans notre communauté et Kendji a tout pour lui. Il est beau gosse et a su trouver son style. Quand il a fait The Voice, il a repris plusieurs de nos chansons et ça nous a rendus très fiers. C'était une façon de le parrainer si j'ose dire, et peut-être lui porter bonheur. Il y a quelques mois, nous sommes montés sur scène ensemble à Montpellier et, avant le concert, il nous a confié que chanter à nos côtés était un rêve d'enfant. Finalement, on s'est régalés et faire un duo avec lui serait la suite logique, il est presque de la famille !

Vous vendez des millions de disques, faites des concerts dans le monde entier… Comment réussissez-vous à garder les pieds sur terre ?
Je dis toujours que d'une caravane, on ne tombe pas de haut (rires). C'est essentiel de passer du temps en famille et de continuer à se régaler comme au tout début.

Qu'est-ce que vous menez à la baguette ?
Le respect. C'est de là que tout découle : la tolérance, la paix et le vivre ensemble.

Vous arrive-t-il de chanter comme une casserole ?
Souvent. Il faut dire que je suis plus guitariste que chanteur, et heureusement, j'ai la chance d'avoir de très bons chanteurs dans le groupe.

Qu'est-ce qui vous met des trémolos dans la voix ?
Quand je vois la misère autour de nous, comment va le monde, les tragédies qui continuent à se produire… C'est important de se battre contre tout ça.

Qu'est-ce que vous envoyez valser ?
Les personnes qui ont une mauvaise énergie. Il ne faut pas perdre de temps avec les gens fermés.

La dernière fois que vous l'avez mise en sourdine ?
Je crois ne l'avoir jamais mise en sourdine ! Le silence, ça ne sert à rien.

Quelle chanson entonnez-vous le plus en ce moment ?
Une chanson qu'on a écrite à l'époque des Gipsy Kings, Por el amor de una mujer, parce que c'est pour les femmes qu'on fait tout ça. Ce sont elles – et notamment ma femme – qui nous inspirent le plus, qui nous font rêver et à qui on a envie d'offrir des bouquets de fleurs tous les jours.

Quelle musique adoucit les mœurs selon vous ?
Bamboleo car elle est très fédératrice et symbolise notre musique qui n'a pas de barrière sociale, d'âge ou de langage. Elle est la passerelle entre toutes les générations.

L'album Color 80's est déjà disponible © Sony