Asaf Avidan, voix éraillée pour artiste écorché

Asaf Avidan a marqué 2013 de son timbre indescriptible avec le tube "One Day". L'Israélien de 34 ans compte bien profiter de 2015 pour imposer son envoûtante tessiture sur les ondes avec un deuxième album solo, "Gold Shadow".

La première fois que l'on entend la voix d'Asaf Avidan, le doute nous envahit : qu'est-ce que ce son aigu, éraillé ? Certains entendent en lui quelque chose de Janis Joplin ou de Jeff Buckley, mais la réalité est autre : la tonalité de l'Israélien est unique. Cet auteur-compositeur-interprète de 34 ans a un timbre si particulier qu'il en est indéfinissable. Sa vie, tumultueuse, ébréchée, y est sûrement pour quelque chose dans le son déchirant qui sort de sa bouche quand il se trouve face à un micro.
Né à Jérusalem en 1980, le jeune homme est fasciné par la mort dès son enfance. Après avoir vécu en Jamaïque - ses parents sont diplomates - il pose ses valises en Israël, où le service militaire obligatoire l'attend. Sur place, confronté à la violente réalité du terrain, cet hyperémotif n'y arrive pas. Cauchemars et malaises auront raison de son passage dans l'armée. De retour dans la "vie normale", il décide de consacrer sa sensibilité artistique au cinéma d'animation, mais sa peur de la mort le rattrape brutalement. A 21 ans, on lui diagnostique un lymphome, un "cancer du sang". Après un an de traitement, le phénix Asaf Avidan est plus vivant que jamais. Jusqu'à ce qu'une douloureuse rupture amoureuse le renvoie dans les cordes. Et qu'il ne se voit plus sans elles, justement : vocales. Là, c'est l'illumination. Celui qui aime qu'on compare sa voix gutturale au cri d'un "chat blessé" se met à chanter. D'abord en groupe, avec The Mojos, puis tout seul, il claironne des textes mélancoliques, presque douloureux, de ce timbre qu'on adore ou déteste sans juste mesure.
En 2013, le monde découvre sa crête iroquoise, son allure androgyne, son visage creusé, son look rock et ses yeux gris grâce à One Day, chanson transformée en tube par le DJ allemand Wankelmut. Pour son second opus Gold Shadow, sorti le 12 janvier, il reste fidèle à ce qui fait de lui un artiste fascinant. "Cet album est vraiment dépressif. Ne vous laissez pas avoir par les quatre morceaux qui bougent, le reste est très sombre", prévient-il. Mais le meilleur conseil pour appréhender Asaf Avidan reste encore de se laisser percer par sa voix, tout en nuances singulières.

Asaf Avidan sera l'un des invités de l'émission Le Ring, sur France Ô, vendredi 30 janvier à 23h45.

Asaf Avidan en concert à Prague, en octobre 2014 © Michal Kamaryt/AP/SIPA