Guillaume Musso : "Je ne suis pas dans la séduction" Enfance et inspiration

Journal des Femmes : Comment naissent vos personnages ?
Guillaume Musso :
Mes propres traits de caractère, mes failles, influencent la construction des personnages masculins. Ensuite, je cherche un alter ego féminin qui ait suffisamment de corps, de répartie pour exister, venir s'opposer à lui. Dans ce roman, les deux héros m'ont aussi été inspirés par le tandem Katharine Hepburn/ Cary Grant, maladroit dans les situations périlleuses. Je suis un inconditionnel des comédies américaines loufoques des années 30-40. Il y a aussi un clin d'œil à mon film préféré : Frantic de Roman Polanski, avec Harrison Ford.
Nikki et Sebastian sont bloqués dans leur déception, lui, surtout, macère dans sa rancœur. Leur champ d'amour, c'est la dispute. Pour retrouver leur enfant, ils vont avoir à composer avec la personnalité de l'autre. Pour Sebastian, j'ai extrapolé mes défauts.

 

Comme lui, êtes-vous possessif, jaloux, prêt à fouiller dans les affaires de votre dulcinée ou dans son téléphone portable ?
Guillaume Musso : Cela peut m'arriver si je me sens menacé, trahi, mais ce n'est pas structurant dans ma personnalité.

Vos parents étaient intrusifs ?
Guillaume Musso : Attentifs. Ils avaient confiance. Ma mère était bibliothécaire, une vraie littéraire. Mon père était plus rationnel. Il travaillait dans la gestion et la finance. A ma majorité, je suis parti à New York pendant 5 mois. J'ai vendu des glaces, nettoyé des camions, désherbé des jardins, travaillé sur des chantiers. C'était mon voyage initiatique, pour me prouver quelque chose et couper le cordon d'avec mes parents.

Et à l'école, vous étiez plutôt caïd ou bouc-émissaire ?
Guillaume Musso : Je n'étais pas la tête-de-turc du collège. J'étais le bon élève qui aimait lire. J'ai suivi une filière scientifique car je souhaitais devenir médecin, mais mon prof de maths de terminale m'a dégouté des sciences dures. Je me suis alors orienté vers la sociologie et l'économie, deux disciplines que j'ai enseignées pendant 10 ans avant de me consacrer à l'écriture. Je n'étais donc, ni leader ni solitaire, plutôt indépendant et curieux. Je cherchais la compagnie de certains, ceux qui m'acceptaient, m'appréciaient pour ce que j'étais, un gars simple, pas du genre à hurler avec les loups. Je n'ai jamais cherché à m'accommoder aux manières, aux mœurs, aux opinions de ceux que je fréquentais. Je ne jouais pas de rôle. Je n'ai jamais été dans la séduction.

Et avec les filles ?
Guillaume Musso : De la même façon, je n'ai jamais cherché à faire du charme. Jouer un rôle, tricher pour plaire, me faire passer pour ce que je ne suis pas, cela ne me ressemble pas. La séduction est artificielle, elle me met mal à l'aise. C'est elle qui est à l'origine de la mésentente de mes héros.
Sebastian reproche à ses femmes d'être une séductrice. Il a joué au jeu de l'amour, il a perdu. Afin de punir son ex-femme, il répartit les enfants, sépare ainsi des jumeaux : lui garde Camille, et l'éduque avec rigueur. Elle élève seule Jeremy, qu'elle laisse libre.

Sommaire