Les Mémoires d'outre-tombe de Chateaubriand reviennent hanter les vivants

Le parquet a requis la somme de 25 000 euros à l'encontre de Pascal Dufour, notaire parisien, pour avoir tenté de vendre la seule copie complète et manuscrite des "Mémoires d’outre-tombe" de Chateaubriand, dans sa famille depuis des générations. Explications.

Les Mémoires d’outre-tombe de l’écrivain François-René Chateaubriand, qu’il a commencées en 1809 et achevé en 1841, n'ont pas fini de passionner les foules.
L’actuel possesseur du manuscrit complet et unique des Mémoires est un certain Pascal Dufour, notaire parisien. Ce dernier est jugé pour abus de faiblesse aggravé car il a essayé de vendre cette œuvre aux enchères alors qu’il ne la possédait pas. Jeudi 10 septembre, le parquet a requis une amende de 25 000 euros. Il faudra attendre la délibération du 10 décembre pour connaître l'issue définitive du procès.
Remontons le temps pour éclairer l’affaire. Une fois son livre terminé, Chateaubriand est allé le déposer chez un notaire, les ancêtres Dufour, en 1847 dans le cadre d’un contrat avec la maison d'édition MM. Delloye et Sala. Le vicomte ayant besoin d’argent, il avait décidé de céder ses droits d'auteur contre l’assurance que ses mémoires ne seraient pas publiées de son vivant. Ledit manuscrit est resté 160 ans enfermé dans le coffre de l’étude des Dufour jusqu'en 2012, année où Pascal Dufour a décidé de le mettre aux enchères publiques. Composé de 3 514 pages reliées en dix volumes, le prix du manuscrit est alors fixé entre 400.000 et 500 000 euros. La vente doit se faire à l’hôtel Drouot le 26 novembre 2013 mais elle n’aura jamais lieu. La BNF a vent de cette histoire et montre son intérêt pour l’objet passant alors un accord à l’amiable avec le notaire.
Cette affaire est remontée aux oreilles du parquet de Paris qui a estimé que Pascal Dufour n’était pas le réel propriétaire et qu’il n’avait pas le droit de procéder à la vente car il est simplement le dépositaire. Mais à qui appartiennent alors les Mémoires d’outre-tombe ?
L’avocat de Pascal Dufour, Patrick Maisonneuve, estime que son client n’a "commis aucun délit", comme il le rapporte au Figaro et que s’il devait demeurer un propriétaire ce serait la maison d’édition MM. Delloye et Sala qui a été dissoute au 19e siècle. Point de vue que ne semble pas adopter le parquet. Voilà un sujet romasque de premier choix !