Raid Cap Femina Aventure : Midelt - Erfoud

Raid Cap Femina Aventure. Les Gazelles des Volcans n°163 avec Dorianne Schillaci, la pilote, moi-même au poste de co-pilote et notre Toyota Land Cruiser SW. La première spéciale était une mise en bouche. Nous avons clôturé à la 38éme place du classement général. L'étape 2 sera encore un festival de beauté et l'atteinte d'un meilleur classement. Ne pensez pas que ce soit une promenade de santé, ce n'est pas un conte de fée, nous avons affrontés les ennuis en cascades...


Midelt bonjour! Le levé du soleil est un spectacle grandiose planté dans un décor subjuguant de beauté. Ocre, or, rouge ardant, les couleurs frôlaient la plaine de sable et illuminaient les courbes des montagnes noires. Ce réveil tout en douceur, un petit déjeuner copieux (nous ne mangeons que très peu à midi voire pas du tout), nous étions revigorées pour une journée emplie d'espoirs, d'attentes et d'objectifs. 
Les accents suisses, québécois, belges, français s'entremêlaient avant le briefing du directeur sportif (qui me paraissait froid au départ mais ce n'était qu'une première vision) de Jérôme notre phare du désert et Dominique Serra notre catalyseur d'envies. Road book en main, je me jette sur mes inséparables fluo. Dorianne vérifie la pression des pneus et les écrous. Rien à signaler, nous pouvons prendre les pistes sans encombres.

Le départ se préparait dans un cadre idyllique. Sur le bord de route orné du drapeau marocain, nous nous postons devant une tente berbère. En contre-bas de la falaise, une oasis florissante de palmiers gorgés de dattes. Le temps d'apprécier une datte royale, un thé à la menthe avant le décompte, nous grimpons dans le Toyota, enfilons nos casques... bref, le rituel du départ de la spéciale. 

Nous sortons du parking direction Erfoud, traversons un village. Je reste estomaquée de l'accueil des enfants. Je m'attendais à une attitude chaleureuse, peut-être est-ce une vision quelque peu bisounours occidentale de la réalité, nous étions diamétralement à l'opposé. Les enfants nous demandent du caramel, stylos, dirhams, "magots", si nous n'avions pas, nous nous faisions insultées, des gestes qui en disent long. L'organisation nous a expliqué plus tard le pourquoi du comment de ce comportement. Aujourd'hui, les raids essuient les plâtres des attitudes antérieurs lorsqu'ils traversaient les villages. Nous avions interdiction de jeter par la fenêtre, ce qui nous semblait humain et normal, malheureusement c'est ce qu'il se faisait antérieurement. Nos dons sont distribués par une association locale qui prendra soin de faire les choses correctement. Pour en finir sur cet aparté, même si nous en avons vu de toutes les couleurs par les enfants (barrages de kairns, jets de pierres, insultes et j'en passe), nous avons eu le plaisir d'en rencontrer des formidables. Une petite fille de 7 ans environs accompagnée de sa petite sœur a couru après nous. Nous avons décéléré, puis avec un sourire d'ange, un regard tendre, elle nous indique que nous prenions la mauvaise direction. Puis rien, je m'attendais à ce qu'elle nous demande un petit quelque chose. Toujours rien. Naturellement, avec Dorianne, nous lui avons donné nos petits pains au lait. Le sourire éclairait son visage bruni par le soleil. J'étais soulagée et émue de voir la naïveté et la bonté d'une enfant. 

Revenons-en à nos moutons, c'est peu dire, nous étions en pleine période de préparation de l'Aïd. 
Le crypto du road book indiqué de prendre une piste principale en face de la route goudronnée. Influencée à tort par un buggy, j'anticipe mal la piste à prendre. Et hop, 1km6 de trop sur le compteur. Bien, ne baissons pas les bras, avançons. Nous ne pouvons pas revenir sur le passé. Les paysages lunaires, majestueux dépassaient toutes notions d'entendement. Focalisée sur le terrain, Dorianne ne pouvait malheureusement pas apprécier totalement ce chef d'oeuvre naturel. Fixée sur le road book et le Terratrip, je m'accordais plus facilement ce moment singulier, je me délectais de chaque mètre. Durant les 83 kilomètres, nous n'avons plus rencontrés de difficultés préoccupantes. 












Nous atteignons enfin le point de rendez-vous pour la surprise que l'organisation nous a préparé. Juste après Erfoud, sur une route, un parking, Audrey nous indique le chemin. Nous devons traverser à pied la route, puis emprunter un sentier qui serpentait les palmiers. La fraîcheur, le calme, les odeurs...au pays des merveilles n'est plus un conte pour moi mais une réalité qui se situe au Maroc.


Des 
hommes et femmes nous accueillent face à une table. Une sorte de couscoussier, du pain, un liquide épais ébène,  du thé à la menthe, des arachides, ils nous enseignaient la recette de la confiture de dattes ( qui ressemble plus à un sirop très épais), nous apprenons qu'ils utilisent les noyaux pour en faire du café et les déchets vont aux poules. Rien n'est jeté tout est utilisé à bon escient. Ce moment de grâce et de douceur humaine clôture cette étape en beauté. 









Avant de passer par la case repos, avec Dorianne nous nous rendons chez le garagiste pour réparer le goujon del'écrou cassé. Après quelques tours pour rien dans la ville, nous trouvons enfin le garage de Aziz. Ni une ni deux, il retire la roue, quelle surprise nous attendait pas. Un second écrou lui reste dans la main. Ah, alors là, que faire? Le garagiste part dans son magasin chercher des écrous pour un Toyota Land Cruiser SW. Au bout de 20 mn d'attentes, ce dernier revient bredouille. De là, il nous propose de voir chez un confrère. Heureuse, il revient avec le sourire mais notre joie tombe aussi vite lorsqu'il nous annonce le prix d'un goujon: 480 dirhams (47 €uros) sachant qu'en France nous l'achetons 4 €uros maximum. Nous appelons directement Ludovic, le directeur sportif, il prend le problème au corps.  
En attendant, je m'avance à l'artère principale de la ville. Je me poste près d'un policier, appareil photo au cou. De là, le policier se met au garde à vous. Instinctivement, je mets mon apn face à l’œil, en position "je prends la photo". A l'intérieur du viseur, je vois un homme au volant dans une jeep décapotée. Je rêve, mais c'est Mohamed VI! Sauf qu'au même moment, deux gardes du corps me pointent du doigts, sortent Mercedes en marche, m'éloignent de la rue principale, me prennent l'appareil, passent les 10 photos avant et après... je me confond en excuses, tremblante. Ils m'expliquent que le roi est en sortie privée, interdiction de capter une image. Tout rentre dans l'ordre, si j'avais été un e marocaine, les choses ne se passeraient pas ainsi d'après un organisateur local. 

Au bout de deux heures d'attentes toujours rien, la faim se fait sentir, assises sur le trottoir, le nez dans la poussière nous commençons à désespérer au point de se dire de payer puis voilà. Puis le Mercedes Blanc de l'organisation arrive! Les garçons haussent le ton sur les mécaniciens qui souhaitaient nous arnaquer. Ils décident de nous ramener à l'hôtel, ils se chargent du Toy. 

Nous sommes accueillies par les cap'fées qui ont pris soin de nous, l'entraide et le soutien étaient palpable et réel. Épuisées par l'attente, nous dînons sur le pouce en attendant que l'on nous ramène notre carrosse. Lorsque l'on voit Stéphane arriver, nous terminons notre repos et direction la chambre, le lit, une douche! 
L'histoire de cette belle journée de petites galères continue. Devant la chambre, lumière allumée, porte ouverte "Tiens, ils accueillent bien ici" me lance Dorianne, oui mais non. Effectivement, nous étions accueillies par des électriciens qui essayaient de réparer la climatisation. Ensemble, en cœur, nous nous affalons sur les banquettes et partons d'un fou rire nerveux, à en pleurer. Peu à peu nous étouffions nos éclats de peur que les techniciens le prennent mal. Lassées, nous disons aux deux hommes de stopper la réparation, nous voulions juste dormir, tant pis pour le frais. Porte enfin fermée, nous découvrons la salle de bain qui nous paraît être un palace après nos péripéties. 

En guise d'auto-félicitation et de satisfaction, nous allons hors de la chambre pour contempler le ciel. Je vois un rebord au pied des palmiers de l'espace central. En tong, j'enclenche le premier, splash, le second, re-splash. Les deux pieds englués dans la boue, croyez-moi, en ressortant j'avais pris pas moins de deux centimètres de plus. Bref, certains raconteraient cela sur VDM, de notre côté, ce fût une journée mémorable surtout que nous finissions 20ème au classement général. Bobologie mécanique acquise mais objectif atteint.