Casanova en version originale

L’histoire n’a retenu de Casanova que le séducteur aux cent vingt-deux conquêtes féminines. C’est oublier l’aventurier, mais aussi l’escroc, le beau parleur et surtout le philosophe et l’écrivain.

Né en 1725 d’une comédienne à Venise, il suit de brillantes études, avant de choisir l’aventure plutôt que les hautes fonctions ecclésiastiques. En quête d’une extraction sociale que sa naissance ne lui a pas donnée, il courtise les princes et séduit les femmes. Il visite l’Europe dans tous les sens et sous diverses identités. Il se crée même un titre de chevalier de Seingalt. Histoire de ma vie, directement rédigée en français, est l’œuvre d’un esprit libre d’agir et de penser. C’est aussi l’un des témoignages les plus précieux sur l’Europe du XVIIIe siècle.

Casanova n’est pas Don Juan auquel il est souvent comparé. Il est très différent du personnage de fiction imaginé par Tirso de Molina. Certes, c’est un débauché, mais on est loin des mille trois maîtresses de Don Juan. C’est un jouisseur, un libertin, certes,  mais qui n’a rien d’un pervers ou d’un collectionneur sans scrupule. C’est un homme libre, et qui le restera, même dans la déchéance de sa fin de vie.

C’est ainsi qu’il consacre ses treize dernières années à la rédaction de ces mémoires. Après sa mort, le manuscrit sera d’abord traduit en allemand avec des coupes liées à la censure. Puis il sera retraduit en français et bâclé, avant d’être réédité, mais adapté à la morale de l’époque, certains passages étant même réécrits, voire supprimés. Sans parler des contrefaçons et des éditions pirates. L’histoire de ce texte pourrait à elle seule constituer la trame d’un roman d’aventures tant elle est rocambolesque.

Finalement, en 2010, après bien des péripéties, la Bibliothèque nationale de France acquiert le manuscrit original, grâce à un mécène qui désire rester anonyme. La Pléiade publie un premier tome, savamment annoté. On y retrouve le vrai Casanova, celui qui fit de sa vie un chef d’œuvre.

Casanova, Histoire de ma vie, tome 1 (jusqu’en 1797), édition établie par Gérard Lahouati et Marie-Françoise Luna, avec Furio Luccichenti et Helmut Watzlawick, Gallimard, « La Pléiade », mars 2013, 1488 pages, dont 250 pages de notes et de notices, 65,50 € (58 € du 14 mars au 31 juillet 2012)

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