Lincoln ou quand la corruption est au service du bien

Les critiques sur Lincoln sont dithyrambiques et c'est justifié. Les derniers mois du 16e président des Etats-Unis, Abraham Lincoln, ont été tumultueux. Avant d'être assassiné il a : résolu le conflit Nord-Sud, unifié le pays et aboli l'esclavage. Homme intègre, il a cependant du franchir la ligne pour réussir tout ceci. Ce film pose quelques questions et nous pouvons même faire un parallèle avec nos débats de société d'aujourd'hui (oui, je vais parler du débat sur le mariage pour tous).


Lincoln avait un rêve pour les USA et il a réussi : fin de la guerre de sécession, unifier le pays et surtout faire passer l'amendement 13 de la Constitution qui abolit l'esclavage. Les états confédérés du Sud étaient bien sûr contre mais pas seulement. En effet les Démocrates de l'Union y étaient également farouchement opposés. La réplique la plus crue et dérangeante (qui est dans la bande-annonce aussi) : "pourquoi rendre égaux en droit ceux que Dieu n'a pas créé égaux".
Donc Lincoln a franchi la ligne et a "acheté" les voix de démocrates pour arriver au 2/3 permettant de valider l'amendement.

Le film est bien sûr beaucoup plus riche que cela et il est assez difficile (sous peine de gâcher le futur plaisir des spectateurs) d'en faire mention. On y découvre des personnages très humains avec leurs forces, leurs faiblesses, leurs contradictions parfois... Et, le résultat est plaisant.

Ce film m'étonne et j'ai du mal à croire qu'il est signé Spielberg. Non que je n'aime pas le style parfois de génie mais je ne partais pas conquis d'avance (je craignais certaines lourdeurs). Et je dois avouer en avoir trouvé à travers certains plans séquences notamment dans les relations interpersonnelles entre personnages : gonflées à la guimauve trop sucrée.
Palme d'or du meilleur acteur à Daniel Day-Lewis qui est vraiment exceptionnel et mériterait l'oscar du meilleur acteur. Le casting est assez riche (Tommy Lee Jones, Sally Field...) et tous jouent avec justesse sans en faire des tonnes (j'avais un peu peur avec Sally Field, mais elle reste correcte).
C'est donc un bel ensemble sans fausse note, mais ce n'est pas le film du siècle donc les critiques positives sont un peu excessives.

Ce que l'on comprend : faire avancer un pays et ouvrir les mêmes droits à tous n'est pas chose aisée. (Le débat démocratique est sain et utile).
La morale : nous ne pouvons savoir où mène une idée qu'en la suivant et notre force doit être de résoudre les problèmes au fur et à mesure qu'ils arrivent.
Mais nous pouvons nous poser ces questions : pourquoi certaines personnes sont-elles contre le changement ? Que faut-il comprendre à ce refus ?

Je ne peux m'empêcher de penser au débat à l'Assemblée Nationale ces jours ci sur le projet de loi pour le mariage pour tous (ou encore sur la loi sur l'IVG, etc etc.). Bien sûr je ne ferai pas l'erreur de mettre au même niveau les esclaves et les personnes concernées par le projet de loi aujourd'hui, mais je remarque qu'il y a des similitudes. C'est assez troublant de voir que finalement nous restons toujours avec les mêmes interrogations dès que l'on cherche à changer nos sociétés. Et encore plus troublant de constater que sur des sujets aussi brûlants les "anti" comme les "pro" sont limites à en faire une affaire personnelle (mais sont-ils alors encore dans les clous de leurs mandats ?).

Alors je répète cette phrase que je trouve très juste et pleine de sagesse : nous ne pouvons savoir ce que deviendra la société sans expérimenter de nouvelles voies.

La fiche du film sur l'Internaute