Mission Lescure : quelle création et diversité culturelles à l'heure du numérique ?

Ce jeudi 6 décembre 2012, Aurélie Filipetti, Ministre de la Culture et de la Communication, recevait rue de Valois pour présenter avec Pierre Lescure un premier bilan de la mission qu'elle lui a confiée en août dernier : repenser la création et la diffusion des œuvres culturelles à l'heure du numérique.

L'arrivée de la culture dans l'espace public est devenu un enjeu majeur pour la France et cela doit s'accompagner de remaniements en profondeur du cadre légal. Effectivement, La révolution du numérique continue de bousculer les outils et mécanismes mis en place dans les années 80 (fiscalité, droits d'auteur, relation créateur/public ou créateur/diffuseur, etc.) pour favoriser la création et la diffusion des œuvres culturelles. Beaucoup d'industries (cinéma, édition, photographie, etc.) subissent de plein fouet le manque d'encadrement de ces nouvelles pratiques.
Madame la Ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filipetti, a donc confié une lettre de mission en août dernier à Pierre Lescure afin de préparer nos industries créatives à être plus compétitives face à des géants américains tels que You Tube ou I-Tunes : ce dernier concentre à lui seul 50% du marché de la musique en ligne et 30% de la vidéo à la demande !
Audition d'une centaine d'acteurs majeurs dans les domaines de la culture et de la communication
 
Crédit photo : Thibaut Chapotot/MCC
 
Une soixantaine d'acteurs ont déjà été auditionnés dont certains en province (prochain déplacement à Bordeaux) et ont tous répondu favorablement à cet appel hormis l'association UFC Que Choisir et la Quadrature du Net . Cette démarche s'accompagne d'un blog participatif sur lequel vous pouvez apporter votre contribution.
Pierre Lescure avoue d'ailleurs avoir été surpris par les nombreux retours des internautes. "Une centaine de contributions y ont été apportées, toutes d'une grande qualité". Une quarantaine d'auditions supplémentaires s'échelonneront jusqu'à la mi-janvier avant d'entrer dans la seconde phase de la mission (clôture fin mars 2013) , celle des propositions...

Zoom particulier sur les droits d'auteurs dans l'édition et le statut d'hébergeur

Trois chantiers majeurs sont envisagés : 
  1. L'accès du public aux œuvres culturelles en proposant une offre légale afin de mieux répondre au piratage.Cela s'est déjà bien amorcé dans des secteurs comme la musique (une quarantaine de plateformes musicales), le cinéma et l'audiovisuel avec une offre diversifiée mais encore chère et avec des catalogues souvent incomplets.  La télévision  offre pour sa part des contenus enrichis tandis que l'édition semble entrer "à reculons dans le numérique" selon Pierre Lescure ( seulement 90000 titres pour 620000 références!) alors que les tablettes numériques gagnent du terrain...
  2. Le financement de la  création pour promouvoir la compétitivité des industries françaises car aujourd'hui elle est très inégale suivant les secteurs. Sont particulièrement touchées :  l'édition,  la musique où l'érosion des ventes continue inéluctablement mais surtout la photographie avec une frontière entre les amateurs et les professionnels si ténue qu'il faut agir rapidement pour que les photographes puissent continuer à vivre de leur métier.
  3. La protection et l'adaptation des droits de propriété intellectuelle car les créateurs craignent avec l'arrivée du numérique une dévalorisation des oeuvres culturelles et de leurs contenus et s'estiment le plus souvent insuffisamment rémunérés. C'est notamment le cas dans le domaine de l'édition car avec le numérique les coûts liés au stockage, impression, etc. deviennent marginaux et Pierre Lescure "souhaite que les syndicats des deux parties trouvent rapidement un consensus avec un meilleur pourcentage des auteurs sur le prix de vente de leurs livres". Les statuts des hébergeurs seront aussi revus afin de lutter contre les sites illégaux et tarir leurs sources de revenus.
Même si aucune réponse n'a vraiment été apportée, on entrevoit tout le chantier nécessaire pour hisser nos entreprises culturelles à leur plus haut niveau de compétitivité...
Notons cependant des résultats encourageants notamment du côté des musées qui ont réagi assez rapidement à ces nouveaux enjeux avec par exemple le Centre Pompidou et son nouveau musée virtuel sur Internet. D'autres comme le Musée Picasso devraient suivre et proposer ainsi un objet muséographique totalement inédit.
La révolution 2.0 est en marche !