Whiplash, film coup de fouet

Dès demain sort en salle le film qui va vous remuer et qui fait déjà de l'ombre à toutes les sorties ciné de 2015 : "Whiplash" de Damien Chazelle.

Whiplash c'est l'histoire - une histoire vécue par ce jeune réalisateur franco-américain de 29 ans – d'Andrew, un batteur de 19 ans qui veut devenir un grand musicien de jazz à tout prix. Face à lui, Terence Fletcher, un professeur intraitable cherche, de son côté, à dénicher le prochain Charlie Parker (surnommé "Bird", Charlie Parker fut un très grand jeune saxophoniste de jazz qui a développé son talent suite une série d'humiliations). Et Fletcher n'est pas tendre, c'est peu de le dire puisque tout le film tourne autour de la souffrance et du pouvoir de la torture psychologique par le biais, entre autre, de répliques cinglantes et "trash" en rafale mais toujours très bien senties (même drôles) et bien écrites.
Jusqu'où la compétition, le désir de se surpasser, de trouver de la reconnaissance et du respect dans les yeux de son mentor peuvent mener ? Une passion dévorante comme la musique peut-elle détruire mentalement et physiquement quelqu'un ? L'ambition est-elle toujours un moteur ou peut-elle parfois être une arme qui se retourne contre soi ?
Damien Chazelle, qui signe là son second film en tant que réalisateur, nous secoue en posant de vraies questions sur le psychisme et les limites. Il ne se passe pas une seconde sans que Andrew ne nous communique sa pression, son angoisse.

Vous l'aurez compris, j'ai été totalement bouleversée par ce chef d'œuvre, et n'étais pas la seule : personne ne sort indemne de ce film qui ne ressemble à aucun autre. Impossible de rester indifférent face à autant de violence. Une violence voulue par le réalisateur qui déclare dans le communiqué de presse : "Je voulais réaliser un film qui ressemble à un film de guerre ou de gangster – un film dans lequel les instruments de musique remplacent les armes à feu, et où l'action ne se déroule pas sur un champ de bataille, mais dans une salle de répétition ou sur une scène de concert".

Parlons aussi de l'aspect purement musical de cette pépite cinématographique. Whiplash, ou comment en prendre plein les yeux et les oreilles de la première à la dernière minute, est un film à voir évidemment de préférence sur grand écran et le volume élevé. Vous êtes un néophyte en musique, voire même réfractaire au jazz ? Croyez-moi, vous vivrez quoi qu'il en soit Whiplash comme une expérience unique qui vous touchera dans vos entrailles et vous donnera un vrai "coup de fouet" (traduction de "Whiplash", également le titre du morceau de jazz de Hank Levy qui est le fil rouge musical du film).

Après avoir remporté le Grand Prix ainsi que le Prix du Jury du Festival de Sundance 2014, après avoir été nommé à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes cet été et avoir raflé le Grand Prix et le Prix du Public au Festival du Cinéma Américain de Deauville 2014, soyez sûr que Whiplash gagnera votre respect et qu'il fera grand bruit aux Golden Globes 2015 (où J.K. Simmons est nommé dans la catégorie "meilleur acteur dans un second rôle") ainsi qu'aux Oscars où il est largement pressenti comme étant l'un des grands vainqueurs. Un grand bravo à Miles Teller et J.K. Simmons pour leur sublime jeu d'acteur, et un grand merci au jeune génie du cinéma Damien Chazelle de nous avoir, par son talent d'écriture et sa sensibilité, fait rire, trembler et pleurer devant Whiplash.

whiplash affiche
Whiplash, le film de Damien Chazelle © Ad Vitam