Yamina Benguigui a vu pour vous : "Tiens-Toi Droite"

Louise, Sam, Lili. Trois femmes qui ne se connaissent pas mais dont la volonté farouche d'évolution va les faire se rencontrer, se rejoindre, se juxtaposer. Il y a leurs hommes qui disparaissent. Il y a leurs filles qui les regardent, les imitent. Et il y a la conception de ce nouveau modèle de poupée, enfin à l'image de la femme.

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Yamina Benguigui © SIPA

Une caméra poétique nous entraîne dans le parcours chaotique de trois anti-héroïnes, Noémie Lvovsky, Marina Foïs et Laura Smet qui campent des personnages en quête de hauteur, d'un petit promontoire qui permettrait d'apercevoir dans un horizon saturé par des nuages gris et opalescents, l'étincelle d'un rayon de soleil, d'un tout petit bout d'espoir.
C'est comme un gynécée à ciel ouvert où l'énergie féminine se transforme en une sorte de folie survoltée qui s'accroche à tout ce qui peut donner un sens pour desserrer les mailles du filet social qui emprisonne et entrave les mouvements de celles qui n'ont pas renoncé à marcher la tête haute, en regardant... droit devant.
Le désordre du récit n'est qu'apparent car il est en parfaite symbiose avec le désordre que va déclencher le projet de la dernière chance d'une usine : celui de fabriquer une poupée qui ressemble à une femme normale d'après les critères d'un sondage d'opinion local.
Ce projet réunit le parcours des trois femmes soutenues par des seconds rôles savoureux : une grand-mère fantôme qui a égaré sa tête, elle incarne la mémoire morte et sans voix qui se recompose au contact de l'hystérie collective de ses petites-filles qui sont devenues une véritable armée bruyante, drôle et culottée, et avec, toujours en creux, l'absence des hommes qui ne sont plus les garants de l'avenir pour des familles qui flirtent tous les jours avec la misère sans vraiment tomber dedans.
C'est un monde de femmes déserté par les hommes, des femmes qui continuent à se battre alors que le temps semble s'être arrêté à la lisière de leur vie.
Le film de Katia Lewkowicz nous dessine tout en nuances les plafonds de verre qui pèsent sur ces femmes qui n'ont jamais dit leur dernier mot. C'est comme si trois petits poissons s'étaient échappés de la nasse et s'amusaient à respirer l'air qui devrait pourtant les étouffer.
Ce film si peu académique est à regarder sans préjugés : je me suis laissée prendre par ce chaos social, drôle et tendre,... je me suis laissée prendre par ce chaos... parfaitement debout !

Voir aussi :

Découvrir des extraits du film :

"Au cinéma: 'Tiens-toi droite' Teaser Lili"
"Au cinéma: 'Tiens-toi droite' Teaser Sam"
"Au cinéma: 'Tiens-toi droite' Teaser Louise"