Marius, Fanny, César... et Marcel Pagnol : retour sur la vie de l'auteur de la trilogie marseillaise
A l'occasion de la sortie en salles le 10 juillet des films Marius et Fanny réalisés par Daniel Auteuil, retrouvez un portrait de Marcel Pagnol, leur illustre auteur.
Marcel Pagnol est né le 28 février 1895 à Aubagne d'un père instituteur et d'une mère couturière. Son éducation, classique, républicaine et laïque le pousse à s'orienter très tôt vers l'art littéraire et le théâtre. Il se lance dans de brillantes études et à 19 ans, il fonde la revue littéraire Fortunio où sont publiées des critiques théâtrales et lyriques ainsi qu'un roman feuilleton "Pirouettes".
Dans les années 20, il quitte sa formation dans l'Education nationale pour se consacrer entièrement à sa passion, le théâtre. Après un vaudeville et une pièce, Les Marchands de Gloire en 1924, qui sont des échecs, il trouve enfin le succès avec Topaze, accueilli en triomphe. Fort d'une nouvelle notoriété, Marcel Pagnol écrit Marius, contre l'avis de tous. Le casting réunit Orane Demazis, avec laquelle il aura un enfant, et Raimu. La pièce est un énorme succès.
En 1926, après avoir assisté à Londres à un des premiers films parlant, il décide de se consacrer au cinéma. Un choix qui lui attire les critiques de réalisateurs de cinéma et les foudres d'auteurs de théâtre qui se considèrent comme trahis.
Mais peu importe, Marcel Pagnol persiste et signe : il se rapproche de la Paramount pour apprendre les ficelles du métier. De cette entente avec l'une des plus grandes sociétés de production cinématographique, il obtient que les acteurs de Marius fassent partie de l'adaptation au cinéma de la pièce. Réalisé par Alexander Korda et supervisé par Marcel Pagnol, le film qui reprend alors l'intégralité du casting original est encore un succès. Il en sera de même pour les suites de Marius : Fanny, de Marc Allégret en 1932 et César qu'il réalise lui même en 1936.
En 1932, il fonde sa société de production avec son propre studio dans le cadre de ce qu'il appelle "La cité cinéma" : une sorte d' "Hollywood provençal" dans la région de Marseille qu'il affectionne tant. Même si la "cité cinéma" ne prendra jamais véritablement son envol, l'auteur, très soucieux de la qualité de ses œuvres, est reconnu pour l'ensemble de son travail. On lui reproche de faire du théâtre filmé, avec ses dialogues mais il le nie fermement.
Un "menteur de charme". C'est le qualificatif que lui donne son ami Fernandel avant que les deux hommes ne se fâchent définitivement sur le tournage du Schpountz. Pagnol écrit les dialogues au jour le jour et Fernandel qui le trouve fainéant ne le supporte pas.
Ambiance méridionale encore : les tournages sont parfois interrompus pour une partie de pétanque et Pagnol ne déroge jamais à la tradition de sa sieste l'après-midi.
En 1941, pendant le régime de Vichy, Pagnol renonce à l'adaptation de La Prière aux étoiles, une de ses pièces les plus personnelles, car il refuse de travailler sous l'Occupation allemande. C'est à cette période qu'il rencontre Jacqueline Bouvier qu'il épouse en 1951. Pour elle, il écrit Manon des Sources dans lequel elle occupe le rôle principal. Elle demeure sa femme jusqu'à la fin.
En 1954, sa dernière fille Estelle meurt à l'âge de 4 ans. Il ne s'en remettra jamais. Il décide alors de s'éloigner du cinéma pour un temps et de se consacrer à son autre passion, l'art littéraire. En 1946, il est élu à l'Académie Française.
En 1955, il se lance de nouveau dans le théâtre avec Judas (1955) et Fabien (1956), mais ce retour aux planches retour est très bref. A partir de 1956, Pagnol se consacre à l'écriture de ses Souvenirs d'Enfance qui le font connaître du monde entier. Avec notamment La Gloire de mon Père et Le Château de ma Mère. Considéré comme un auteur local, il s'en défend et assure que même si ses intrigues sont incarnées par des acteurs à l'accent du midi, ses sujets sont des thèmes universels abordant notamment l'amour familial ou le sens de l'honneur.
Président du Festival de Cannes en 1960, il publie L'Eau des Collines composé de Jean de Florette et de Manon des sources inspiré de son film réalisé 10 ans auparavant. Très courtisé par Hollywood, il est l'un des rares, avec Fernandel, à en refuser les honneurs.
Il meurt le 18 avril 1974 à l'âge de 79 ans à Paris. Il sera enterré dans les collines provençales, au cimetière de La Treille, aux côté de sa fille Estelle, et de sa mère.
