Festival de Cannes 2013 : le palmarès
Les prix décernés dimanche ont récompensé des films puissants aux styles très variés, et notamment deux opus qui traitent ouvertement d'homosexualité, à l'heure où se déroulait à Paris une nouvelle manifestation des opposants au mariage gay, fraîchement autorisé en France.
Pendant la cérémonie de clôture animée par l'actrice française Audrey Tautou, le meilleurs des 20 films retenus cette année a été sacré.
Les membres du jury présidé par l'Américain Steven Spielberg n'ont visiblement pas mis longtemps pour se concerter, selon les photos diffusées sur Twitter par le président du festival Gilles Jacob, qui laissaient entrevoir des délibérations à la fois sérieuses et détendues.
"La Vie d'Adèle", film solaire sur une passion entre deux jeunes femmes, a chaviré le public de La Croisette qui a exceptionnellement remis trois trophées. La Palme d'or du 66e festival de Cannes a ainsi été décernée à son réalisateur franco-tunisien Abdellatif Kechiche et à ses deux actrices : Adèle Exarchopoulos, véritable révélation du festival, et Léa Seydoux, resplendissante même en pleurs.
"Je voudrais dédier ce prix, ce film à cette belle jeunesse de France qui m'a beaucoup appris sur l'esprit de liberté", "le vivre-ensemble", ainsi qu'à "une autre jeunesse, de la révolution tunisienne, pour leur aspiration à vivre eux aussi librement, et aimer librement", a déclaré le cinéaste ému et heureux.
Adapté librement de la bande dessinée "Le bleu est une couleur chaude" de Julie Maroh, "La vie d'Adèle - chapitre 1 et 2" traite avec délicatesse une histoire d'amour brûlante entre une adolescente qui s'éveille au désir et une fille aux cheveux bleus (Léa Seydoux).
Le prix d'interprétation féminine est revenu à la Franco-argentine Bérénice Bejo pour "Le Passé" de l'Iranien Asghar Farhadi, nouvel opus du cinéaste sur le thème du couple, anglé cette fois-ci sur une famille recomposée et l'homosexualité. En larmes, tremblantes, Bérénice Bejo, 36 ans, couronnée par un César pour son rôle de star du cinéma dans "The Artist", a remercié Asghar Farhadi pour son rôle dans ce drame familial étouffant, dans lequel le réalisateur dissèque les effets dévastateurs des secrets et rancoeurs.
Le prix d'interprétation masculine à l'Américain Bruce Dern pour pour son rôle de vieil homme acariâtre dans"Nebraska", road movie mélancolique de l'Américain Alexander Payne.
Le Grand prix a été décerné à "Inside Llewyn Davis" des frères Coen, un film nostalgique et drôle sur les tribulations d'un chanteur de folk dans le Greenwich Village des années 60.
Le prix du Jury est revenu au réalisateur japonais Hirokazu Kore-Eda pour "Tel père, ton fils", réflexion profonde et sensible sur la paternité et la filiation.
Le prix de la mise de scène est allé au Mexicain Amat Escalante pour "Heli", une oeuvre radicale sur le destin d'une famille confrontée à la violence de narcotrafiquants.
Le prix du scénario a été décerné au réalisateur chinois Jia Zhangke, 43 ans, pour son film choc "A touch of sin" (un soupçon de péché), sombre fresque épique qui montre la violence d'une société chinoise en plein boom économique minée par la corruption, la pauvreté et la violence.
La liste complète :
Palme d'or du court métrage : "Safe" (Corée du Sud) de Byoung-gon Moon
Caméra d'or : "Ilo ilo" du réalisateur singapourien Anthony Chen
Prix d'interprétation masculine : Bruce Dern, "Nebraska"
Prix d'interprétation féminine : Bérénice Béjo, "Le Passé"
Prix du meilleur scénario : Jia Zhangke pour "A touch of sin"
Prix du jury : "Tel père, Tel fils" de Hirokazu Kore-Eda
Prix de la mise en scène : Amate Escalante, "Heli"
Grand prix du jury : "Inside Llewyn Davis", des frères Coen
Palme d'or : Abdellatif Kechiche, et ses deux actrices principales pour "La vie d'Adèle"