Luke Evans : "C'est notre devoir d'homme d'être féministe"

Luke Evans est William Moulton Marston dans 'My Wonder Women', un biopic déroutant réalisé par Angela Robinson. Génial professeur de psychologie, William Marston est l'inventeur du détecteur de mensonges ainsi que le créateur de la super-héroïne Wonder Woman. Un parcours exceptionnel émaillé d'une histoire d'amour hors-norme dont la star nous a parlé pour la sortie du film le 18 avril. Une rencontre 100% british sous le signe de l'amour et du féminisme.

Luke Evans : "C'est notre devoir d'homme d'être féministe"
© LFR Films

C'est en toute décontraction que Luke Evans nous reçoit dans un hôtel particulier du XVIe arrondissement. Installé dans un canapé douillet, l'acteur au regard perçant répond à nos questions, sans aucun complexe, d'un ton posé. L'acteur britannique de 39 ans, connu pour ses rôles dans Dracula Untold, Le Hobbit et plus récemment dans La Belle et la Bête, incarne William Marston dans le biopic intitulé My Wonder Women, au cinéma le 18 avril. Un rôle d'homme charismatique, intelligent et amoureux que le comédien nous avoue avoir pris plaisir à jouer au côté de ses sublimes partenaires, Rebecca Hall et Bella Heathcote. 

Le Journal des Femmes: Qu'est ce qui vous a séduit dans My Wonder Women ?
Luke Evans : J'ai pris le script qui était merveilleusement écrit par la réalisatrice Angela Robinson et me suis dit : "Non ça ne peut pas être vrai d'avoir ce même homme qui a vécu tout ça". C'est une magnifique histoire d'amour et de sacrifices.

Connaissiez-vous l'histoire de la création de Wonder Woman ?
Je crois que personne ne connaît vraiment cette histoire : l'homme qui a créé le personnage de Wonder Woman s'est inspiré des deux femmes de sa vie.

Etiez-vous un fervent lecteur de comics ?
Non, pas du tout. Je me souviens de la série des années 80 qui passait les weekends à la télé avec Lynda Carter. C'était ma seule représentation. Lorsque j'ai su que j'allais jouer dans le film, j'ai commencé à faire des recherches. J'ai lu les toutes premières BD ainsi que le livre qui récapitule l'histoire de Wonder Woman. Puis il y a eu le film avec Gal Gadot l'année dernière. C'était donc le moment idéal...

Comment vous êtes-vous préparé pour ce rôle ?  
C'est toujours un plaisir de jouer une personne qui a existé. J'ai fait des recherches et j'ai trouvé de nombreuses informations sur l'homme et sa psychologie. Il a écrit un ouvrage incroyable, la théorie du DISC (Dominance, Influence, Stabilité, Conformité). Il était aussi un très bon photographe, qui a immortalisé sa vie et celle de ses deux femmes. J'ai beaucoup aimé regarder ses photos pour en savoir plus sur eux trois.

Comment s'est passé le tournage ?
C'était un beau tournage, très rapide. Nous avions l'envie de raconter cette histoire vraie et puissante. Tout s'est très bien passé avec Rebecca et Bella et nous nous sommes bien amusés. Angela Robinson (la réalisatrice) nous faisait confiance et nous la respections car elle avait à la fois écrit le scénario et géré la réalisation. Elle voulait que nous interprétons le scénario à notre façon. Je crois que c'est le rôle d'un bon cinéaste:  laisser les acteurs essayer et puis venir s'entortiller autour.

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© LFR Films

Comment avez-vous construit cette relation, ce triangle amoureux avec Rebecca Hall et Bella Heathcote ?
Nous nous sommes surtout appuyés sur le script. Nous savions qu'il y avait des moments où nos personnages étaient plus connectés que d'autres et nous savions combien c'était difficile. Nous savions que l'amour qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre ne changerait jamais. 

Et concernant les nombreuses scènes de sexe, comment cela s'est-il passé ?
On ne peut pas vraiment se préparer pour ce genre de scènes. Il faut se lancer. Angela mettait une playlist de musiques sexy, ce qui nous a fait rire à plusieurs reprises. Cela nous faisait du bien, car on oubliait que des gens nous regardaient et que les caméras tournaient.

Pensez-vous qu'il est possible d'aimer de façon égale plusieurs personnes, comme c'est le cas ici ? 
Je ne sais pas. Cela doit être dur. Il y a une énorme communauté de polyamoureux pour qui ça marche. Je trouve ça chouette que le film représente cela, non pas d'une façon noire, sinistre ou désobligeante, mais d'une manière positive.

Dans le film, William, Elizabeth et Olive tentent de mener une vie normale, en trouple...
Ils éprouvent tous l'un pour l'autre un amour et un respect démesurés dans une société très conformiste. Ils ne disent pas aux gens qu'ils ont une relation triangulaire. Pourtant ils sont plutôt conventionnels dans leur amour. Leurs enfants les appellent "Mamans" et "Papa" et n'ont jamais trouvé cela étrange. C'est seulement lorsque le monde extérieur les influence, qu'il y a un souci.

Vous considérez-vous comme féministe, à l'instar de votre personnage ?
Absolument. Toute ma vie, j'ai été entouré par des femmes très courageuses : leur voix a toujours été beaucoup plus forte que celle des hommes. Enfant, je n'avais jamais pensé qu'il existait des inégalités. C'est seulement quand je suis devenu adulte que j'ai vu la différence entre hommes et femmes. Aujourd'hui, nous traversons une période, surtout dans mon milieu, où trop c'est trop. Je suis fier de travailler au quotidien avec des femmes talentueuses. Je les admire et les soutiens.

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© LFR Films

En tant qu'homme, pourquoi est-ce également important d'être féministe ?
Il est primordial d'écouter, de respecter et de comprendre ce que les femmes traversent et ont traversé par leur passé. C'est notre devoir en tant qu'homme de de nous battre afin d'arriver à un monde plus égalitaire.

Le milieu du cinéma est en pleine mutation grâce à l'émergence de mouvements comme #Time's Up ou #MeToo : que pensez-vous de ces changements ?  
Les acteurs ont souvent la chance d'être célèbres et la célébrité engendre une responsabilité et une capacité à faire entendre sa voix, une voix plus puissante que celle de la plupart des gens et parfois que celle des politiques. Aujourd'hui, ces mouvements sont sur le devant de la scène médiatique. Dans notre industrie, les femmes ont été maltraitées par les hommes au pouvoir et le fait que cela ait duré si longtemps est une honte. Ces mouvements ont été un moment fantastique pour chacun. 

Qui est votre Wonder Woman ?
Ma mère.

Quel super pouvoir rêveriez-vous d'avoir ?
Voler.

Qu'auriez-vous aimé inventer ?
Le bâton-sauteur.

Quelle était votre bande-dessinée préférée enfant ?
The Beano, une bande-dessinée britannique. 

My Wonder Women, avec Luke Evans, Rebecca Hall et Bella Heathcote au cinéma le 11 avril (1h48).