Timothée Chalamet, chou chouchou

"Call me by your name", disponible en DVD, fait l'effet d'un coup de foudre. Aussi grisante que marquante, cette romance d'été brille par ses acteurs incandescents. Timothée Chalamet, 22 ans, a fait de l'œil à l'Oscar pour son rôle d'amoureux transi. Rencontre avec celui qui fait battre le cœur de Hollywood.

Timothée Chalamet, chou chouchou
© Taylor Jewell/AP/SIPA

"Salut, ça va ?" Dans un français parfait, Timothée Chalamet nous claque la bise. La nouvelle idole du cinéma a grandi à New York, mais son père est de chez nous, alors les codes tricolores, il maîtrise. L'interview se fera d'ailleurs dans un adorable mélange de langue de Shakespeare et de Molière. Pour Call me by your name, le Franco-américain a aussi appris l'italien. Trois langues donc et une initiation express au piano et à la guitare : c'était la moindre des choses, selon lui, pour donner à Elio (son premier rôle principal) l'épaisseur qu'il mérite. Ce personnage d'adolescent fiévreux, réchauffé par le soleil méditerranéen et la passion naissante pour un autre homme, a valu à l'acteur repéré dans Homeland d'être le plus jeune nommé à l'Oscar depuis 1939.
Les réalisateurs voient en lui un intello séducteur. C'est le cas dans le film de Luca Guadagnino, mais aussi dans celui de Greta Gerwig,
Lady Bird. Timothée y joue un lycéen je-sais-tout, du genre à philosopher sur la vie en fumant des clopes.
Les dizaines de couvertures de magazines et la possibilité d'une statuette dorée à 22 ans n'ont pas altéré le naturel du garçon, qui cite
La Boum comme Truffaut. La moue boudeuse et le regard perçant des Unes laissent place à une énergie sautillante et un humour charmant. Dans le palace parisien où on le rencontre, il gigote, rit, se concentre. Quand il écoute, ses yeux émeraudes sont attentifs, il entortille une boucle brune entre ses doigts. On aperçoit le félin en lui, celui qui a su séduire Woody Allen pour devenir le héros de son prochain film. Interdiction de lui en parler. Embêté par la controverse autour du cinéaste, Timothée Chalamet reversera son cachet à des associations LGBT et contre les violences faites aux femmes. "J'ai été chanceux jusque-là, mais on est souvent rejetés. Sans une forte détermination, il ne faut pas espérer faire carrière", nous dit-il. De la volonté, un joli minois, de la légèreté et beaucoup d'intelligence. Le Chalamet retombera toujours sur ses pattes. Retenez son nom.

Le Journal des Femmes : Qu'admirez-vous chez Elio ?
Timothée Chalamet : Son niveau d'intellect, que je n'ai pas (rire). Aussi sa prudence, sa réceptivité et son ouverture à la vie. Son intensité de réflexion me rappelle le héros du Monde de Charlie. Elio en rajoute une couche avec une conscience de soi, de la sexualité, qui n'est pas aussi présente dans le livre de Stephen Chobsky.

"Grandir à New York, quand on veut être acteur, c'est la meilleure chose au monde"

Elio est observateur, posé, alors que vous semblez plus spontané, animé... Vous lui ressemblez quand même ?
Il faudrait demander à mes amis ! Je suis sûrement aussi observateur. Jouer la comédie, c'est moins agir que réagir. Il faut connaître le comportement humain pour le reproduire de manière crédible. Ce n'est pas évident. Sur scène, les choses doivent être exacerbées pour avoir plus de portée. Pas au cinéma. Impossible de mentir, la caméra est trop proche.

Etre acteur c'est aussi jouer avec son image. Vous souciez-vous de votre apparence ?
Disons que je mets moins l'accent sur le fait d'être beau que sur le fait de ne pas être trop moche (rire).

Elio grandit dans une famille très intellectuelle… De quel milieu venez-vous ?
J'ai eu une enfance magnifique. Ce n'était pas la philosophie décontractée des Perlman, mais ma mère est membre de l'Actors Equity (association de défense des comédiens de théâtre ndlr) à Broadway donc j'ai eu accès à d'extraordinaires spectacles. Ça a eu un fort impact sur moi. Grandir à New York, quand on veut être acteur, c'est la meilleure chose au monde. L'environnement te pousse à mûrir rapidement, à développer l'autoprotection. Ça m'a attristé pendant longtemps, mais je réalise que c'est un avantage. A 22 ans, je me sens armé pour affronter le showbusiness.

"Je suis férocement fier de pouvoir me considérer comme un acteur français"

En quoi vous sentez-vous français ?
C'est la moitié de mon identité. Je suis férocement fier de pouvoir me considérer comme un acteur français, de suivre les pas de Louis de Funès et de me sentir lié à des grands réalisateurs comme Truffaut. Je passais mes étés en France quand j'étais petit. Ah ! Et je suis un grand fan de l'AS Saint-Etienne !

 

Quel souvenir gardez-vous de ces étés adolescents ?
Je me souviens de l'été de mes 15 ans à Paris. Je ne connaissais personne ici et je craquais totalement sur une fille aux Etats-Unis. Je déambulais dans la ville avec une playlist qui me faisait penser à elle… Il y avait du Edith Piaf d'ailleurs. 
Depuis, quand je suis ici, je ré-écoute ces chansons et j'ai un énorme flash-back.

Elio drague assez ouvertement, mais maladroitement, Oliver. Vous êtes séducteur ?
Le gros avantage des films, c'est que tu sais en avance comment la scène va se dérouler. Tu n'as qu'à faire ce qui est demandé pour que tout se passe bien. Dans la vraie vie… je ne suis pas très doué (
rire).

Quels conseils donneriez-vous à l'ado que vous étiez à 17 ans ?
Continue et assure-toi de t'amuser.

Call me by your name, avec Timothée Chalamet et Armie Hammer. Disponible en DVD.