En direct de Deauville : rencontre avec Emmanuelle Bercot

Réalisatrice de talent et actrice d'instinct, Emmanuelle Bercot joue à la présidente de jury pour le Prix de la Révélation au Festival du Cinéma Américain de Deauville. Cinéphile, la cinéaste nous a expliqué son rapport au 7e Art et nous a confié son amour pour le pays de l'Oncle Sam. Entretien.

En direct de Deauville : rencontre avec Emmanuelle Bercot
© Jacques BENAROCH / NIVIER/SIPA

Le Journal des Femmes : Après avoir remporté le prix d'interprétation féminine et fait l'ouverture du Festival de Cannes en tant que réalisatrice l'année dernière, on vous retrouve en présidente de jury à Deauville. Les festivals, c'est quoi pour vous ?
Emmanuelle Bercot : Là, je suis obligée d'aller voir les films, mais quand je ne suis pas membre d'un jury, j'en profite surtout pour faire des rencontres. En tant que réalisatrice, je ne croise pas souvent d'autres cinéastes. C'est dans les festivals que j'échange avec ceux qui font le même métier. 

Vous souvenez-vous du premier film qui vous a procuré une émotion forte ?
C'était très tard, même si j'ai toujours été beaucoup au cinéma. Le film qui m'a ouvert la porte du 7e Art, c'est Husbands de Cassavetes. J'avais 20 ans et ça a été un déclic.

"Si quand je regarde un film, mon cerveau de réalisatrice se met en action, c'est que quelque chose ne va pas"

Quand vous regardez un film, la professionnelle ne prend-elle pas le pas sur la spectatrice ?
Si quand je regarde un film, mon cerveau de réalisatrice se met en action, c'est que quelque chose ne va pas. Je continue à adorer voir des films. La salle obscure reste sacrée. Ce processus me permet normalement de m'imprégner du film par tous les pores de ma peau. Pendant cette expérience, seules les émotions m'importent, quelles qu'elles soient. C'est seulement quand je sors et que je peux me débarrasser d'elles que j'essaie d'analyser ce qui m'a plu ou bousculée. Si la mise en scène m'a stupéfaite, alors je vais revoir le film pour le décortiquer.

En tant que réalisatrice, votre cinéma est très réaliste. Qu'est-ce qui vous touche en tant qu'amatrice de films ?
Je suis très bon public ! Je vois des films très différents, de la comédie populaire aux films asiatiques pointus. Il n'y a qu'un genre avec lequel j'ai beaucoup de mal, c'est l'animation. Je m'ennuie parce que ce n'est pas incarné. Ca ne me touche pas, mais je sais que c'est magnifique pour certains.

Quel moment de votre vie aimeriez-vous voir sur grand écran ?
Je ne suis pas dans une démarche autobiographique. Ma vie n'est pas assez intéressante pour en faire un film, mais je ne détesterais pas qu'un épisode de mon existence soit porté sur grand écran par quelqu'un d'autre. La transposition ne serait pas la même, ce serait assez marrant. Dans ce cas, je choisirais une de mes histoires d'amour.

"Les romances, c'est pas trop mon style"

Si l'une de vos histoires d'amour était un film, ce serait quel genre ?
Un drame, un film sur la passion ! Les romances, c'est pas trop mon style (rires). J'aimerais confier la réalisation à Clint Eastwood et pour jouer mon rôle (elle réfléchit longuement)... Cate Blanchett. Je l'ai vue au théâtre récemment et c'est vraiment une super actrice. Elle est impressionnante.

Qu'est ce qu'une révélation à vos yeux ?
Une révélation, c'est se dire "je n'ai jamais vu ça" et pas simplement découvrir quelque chose ou quelqu'un. J'ai beaucoup tourné avec des jeunes acteurs. A chaque fois, on entend qu'on a révélé une personne, mais pour moi et par rapport au jury que je préside, une vraie révélation, c'est quand on pense "waouh, ça existe".

Quel est votre rêve américain ?
Je suis le profil type de la fille qui croit au rêve américain. Je trouve tout mieux chez eux, c'est un peu excessif. C'est un pays dans lequel je me sens bien. Je pense que c'est énormément lié au fait que je suis très imprégnée par le cinéma et par toute la mythologie américaine. Quand je suis là-bas, j'ai l'impression d'être dans un film.