Viola Davis, la divine ascension

Elle est la première femme noire à avoir été sacrée "meilleure actrice dans une série dramatique" aux Emmy Awards, à avoir été nommée 3 fois aux Oscars, pourtant, Viola Davis reste encore méconnue en France. Portrait de cette comédienne tout juste oscarisée, partie de rien, au parcours hors du commun.

Viola Davis, la divine ascension
© Rich Fury/AP/SIPA

Viola Davis a marqué l'Histoire lors des Emmy Awards 2015. Alors âgée de 50 ans, elle est devenue la première femme noire à être récompensée du prix de la "meilleure actrice dans une série dramatique", pour son personnage d'avocate intransigeante dans How to get away with murder. "La seule chose qui sépare les femmes de couleur de tous les autres, ce sont les opportunités. Vous ne pouvez pas gagner un Emmy pour des rôles qui tout simplement, n'existent pas", a-t-elle déclaré en recevant sa statuette, avant de remercier les scénaristes et producteurs qui lui avaient laissé sa chance, sans oublier ses consœurs afro-américaines, en lice ou non pour le même prix. Un discours puissant, humble et émouvant, à l'image de son parcours.

Une enfance misérable

Viola Davis n'a pas toujours connu la gloire et encore moins les paillettes. Fille d'une femme de ménage et d'un palefrenier, elle grandit dans un milieu très défavorisé. "La plupart du temps, le déjeuner de la cantine était mon seul repas. J'ai volé, j'ai escaladé des poubelles pleines d'asticots pour chercher de la nourriture, je suis devenue amie avec les enfants dont je savais que la mère préparait trois repas par jour. J'ai sacrifié mon enfance pour la nourriture et j'ai grandi dans une honte immense", a-t-elle confié dans les colonnes de AARP. N'ayant ni voiture ni argent pour payer le bus, la famille Davis se déplace souvent à pieds : "Les gens nous jetaient des choses depuis leur voiture et nous trai­taient de nègres."  Elle se réfugie alors dans le théâtre, se spécialise à l'université de Rhode Island, avant de ressortir diplômée de la prestigieuse Juilliard School en 1993.

Des débuts prometteurs

© MMXVI Paramount Pictures Corporation. All Rights Reserved. / David Lee

Elle commence sur les planches et entame en parallèle une carrière sur le petit écran. Elle se fait repérer par Steven Soderbergh pour jouer dans Hors d'atteinte (1996), dans lequel elle donne la réplique à George Clooney et Jennifer Lopez. Le réalisateur lui confie des seconds rôles dans Traffic (2000), Solaris (2002) et Syriana (2005). Son talent est néanmoins reconnu lorsqu'elle se fait nommer en 2009 aux Golden Globes et aux Oscars pour sa prestation dans Doute, dans lequel elle joue au côté de Meryl Streep et feu Philip Seymour Hoffman. On la voit également dans plusieurs séries télévisées, telles que New York Unité Spéciale ou United States of Tara.

La consécration

Finis les seconds rôles : on lui confie celui d'Aibileen Clark dans La Couleur des sentiments, qui lui vaut d'être nommée en 2012 aux Oscars, aux BAFTA et aux Golden Globes dans la catégorie de la "meilleure actrice." Si elle n'a gagné aucun de ces tromphées pour ce film, le rôle qu'elle tient dans Fences de Denzel Washington lui a valu d'être selectionnée dans toutes ces remises de prix cette année dans la catégorie de la "meilleure actrice dans un second rôle" et de repartir avec... les trois statuettes. Elle devient la première actrice noire américaine à posséder un Oscar, un Emmy Award et un Tony Award (l'équivalent des Molières). Celui-ci lui a par ailleurs été remis en 2011 pour son rôle dans la pièce Fences dans laquelle elle jouait déjà au côté de Denzel Washington, à Broadway. La boucle est bouclée.

Regardez la bande-annonce de Fences, en salles le 22 février :

"Fences : la bande-annonce du film avec Denzel Washington"