Elle Fanning : "Je suis contente que les gens me voient autrement"

A l'affiche de "The Neon Demon", Elle Fanning rayonne en jeune mannequin diabolique à l'apparence angélique. Un rôle entre paillettes et hémoglobine qui confirme le talent de celle qui a tourné pour les Coppola et David Fincher. Interview avec une future grande star hollywoodienne.

Elle Fanning : "Je suis contente que les gens me voient autrement"
© The Jokers

Sofia et Francis Ford Coppola, J. J. Abrams, David Fincher, Alejandro Gonzalez Inarritu, désormais Nicolas Winding Refn et bientôt Ben Affleck. À 18 ans, Elle Fanning attire les plus grands réalisateurs grâce à sa bouille d'ange et sa fraîcheur solaire. À tel point qu'en 2016, celle qui a tourné avec Brad Pitt, Cate Blanchett, Val Kilmer, Angelina Jolie et Keanu Reeves sera à l'affiche de cinq films. The Neon Demon, en salles, est sûrement le plus magnétique d'entre eux.
Cette belle (et grande) plante venue de Géorgie y incarne une ado arrivée à Los Angeles pour devenir mannequin. Une satire gore et photogénique d'un monde focalisé sur l'apparence, que l'égérie Lolita Lempicka et Marc Jacobs connaît bien. Face à la caméra du réalisateur de Drive, la sœur cadette de Dakota Fanning assure sa transformation d'éternelle fillette candide à femme fatale. En Jesse, Elle captive.
"Mes parents sont deux sportifs très compétitifs. Grâce à eux, je me fixe des challenges", nous explique celle qui a été élevée par une tenniswoman professionnelle et un ancien joueur de baseball. Talentueuse et ambitieuse, donc. Rencontre avec une adorable poupée.

Elle Fanning dans The Neon Demon © The Jokers

Le Journal des Femmes : Qui est Jesse ?
Elle Fanning : C'est une ado de 16 ans originaire d'une petite ville qui débarque à Los Angeles pour percer. On ne sait pas grand chose d'elle à part qu'elle veut devenir mannequin, qu'elle arrive seule et qu'elle ne parle quasiment pas de ses parents. Jesse incarne l'innocence et la pureté. Son aura attire deux modèles et une maquilleuse, qui devient son amie. Lentement, on réalise qu'elle n'est peut-être pas aussi ingénue qu'elle y paraît.

Qu'avez-vous aimé chez elle ?
Le challenge de sa transformation. Il n'y a pas beaucoup de dialogues dans les films de NWR. Vous devez montrer le changement avec les expressions de votre visage. Cela fait sens dans le film, puisque les shootings photos jouent sur le même procédé, celui de l'apparence.

Comment choisissez-vous les films dans lesquels vous tournez ?
Principalement grâce à l'histoire. Ensuite, évidemment le réalisateur et l'équipe font pencher la balance. NWR a un style très reconnaissable. Je voulais faire partie de son monde coloré. Quand j'ai entendu qu'il préparait un film sur la mode avec un rôle principal féminin, une première pour lui, j'étais partante. Surtout que j'ai grandi sur les shootings, j'ai toujours aimé ce milieu.

"Je suis contente que les gens me voient autrement"

Contrairement à votre personnage, vous n'avez jamais connu le fait de débarquer en ville pour percer...
C'est vrai, puisque j'ai commencé à tourner à 2 ans. Mais j'ai quand même ce point commun avec Jesse : comme elle, ma famille a déménagé de Géorgie pour LA. J'ai grandi dans ce monde, que j'ai observé. Je sais ce que c'est d'être la plus jeune personne de la pièce, celle qui écarquille les yeux sur tout ce qui l'entoure.

Elle est pure et innocente et elle devient dangereuse, mystérieuse… Avez-vous déjà senti que le milieu pouvait vous changer ?
Non, je suis toujours à l'école, je passe même mon bac cette semaine ! J'ai cet équilibre très normal. Les tournages ne durent que deux mois. Le reste du temps, je suis chez moi avec mes parents. Mes grands-mères vivent avec nous. Tous mes amis ne sont pas dans le cinéma. Quand je suis avec eux, on n'en parle pas. C'est déstressant (rire).

C'est la première fois qu'on vous voit aussi "femme", si sexy. C'est le film de votre émancipation ?
Je viens juste d'avoir 18 ans, ce qui est excitant et bizarre. Je suis censée être adulte, alors que je me considère encore comme une fillette. C'était agréable de me sentir puissante. Je n'y ai pas tellement pensé pensant le tournage parce que j'étais très concentrée sur mon personnage, ce qui était juste pour lui et l'histoire. Mais je suis contente que les gens me voient d'une manière différente, parce que oui, j'ai grandi (sourire).

© The Jokers

Cachez-vous un démon en vous ?
(Rire) : Je ne sais pas ! Tout le monde a une part plus sombre de sa personne enfouie. Mais rien en moi n'est aussi mauvais que Jesse, ou du moins je ne le laisse pas sortir...

Le film parle d'un groupe de filles envieuses. Avez-vous déjà été confrontée à une rivalité malsaine ?
Il y a de la compétition dans tous les jobs, pas seulement à Hollywood. On le ressent forcément un peu, mais si vous laissez la concurrence prendre le dessus, vous finissez par bouffer quelqu'un (rire) ! Il faut s'en écarter. Nous sommes tous là pour faire ce qu'on aime, tout le monde peut en profiter.

Jesse est consciente de son pouvoir, de sa beauté. Vous aussi ?
NWR m'a demandé si je me trouvais jolie quand on s'est rencontrés. C'est une question gênante parce que c'est tabou de dire qu'on est belle dans notre société. Tout le monde devrait pourtant s'accepter. Jesse dit qu'elle aime son apparence et ce n'est pas mal : ça prouve sa confiance. Il ne faut pas devenir narcissique, obsédé par soi-même et manipulateur. Vous devez prendre de l'assurance sans aller trop loin.

"J'aime regarder mes films"

Votre apparence est-elle importante ?
J'ai toujours aimé les vêtements et la mode, comme ma mère. C'est un défouloir créatif. On devrait être fiers de notre apparence, ne pas laisser les autres nous dire à quoi ressembler. La beauté n'est pas définissable, c'est le sujet du film. Il en existe plein de sortes, c'est complexe.

Comment réagissez-vous quand vous vous voyez en Une des magazines ?
C'est très bizarre (rire) ! Mais ça va avec le job, on s'y habitue un peu. J'aime regarder les films dans lesquels je joue parce que je vois enfin à quoi ressemblent les éléments assemblés. C'est excitant d'apprécier le travail des autres et les scènes que je n'ai pas tournées.

Quel film a changé votre vie ?
Somewhere, pour lequel j'avais 11 ans. J'ai fait des films avant celui-là, mais Sofia Coppola est la première réalisatrice pour laquelle j'ai travaillé. Et c'est l'une des meilleures cinéastes que je connaisse. Cette comédie dramatique nous a amenées jusqu'au Venice Film Festival, c'était une grande première pour moi.

Votre film préféré ?
Grease ! Je ne m'en lasse pas.

Quel film rêvez-vous de faire ?
Je veux réaliser et j'espère que je pourrais y arriver rapidement. J'ai une idée… On verra bien !

The Neon Demon, de Nicolas Winding Refn. En salles.

"The Neon Demon : bande-annonc e VOST"