Vincent Lacoste, crocodile dandy

Dans "Peur de rien", Vincent Lacoste est Rafaël, un jeune bobo charmeur et charmant, engagé politiquement. Un personnage finalement assez proche de l'acteur que nous rencontrons dans un salon parisien.

Vincent Lacoste, crocodile dandy
© Ad Vitam

Rien ne semble sérieux chez Vincent Lacoste, avec sa moue boudeuse et sa boucle indisciplinée. Comme si la vie glissait sur lui sans jamais l'imprégner. Pourtant le rencontrer, c'est découvrir qu'il n'a rien d'un trublion. Il arrive à l'heure au rendez-vous, nous salue gentiment, commande un thé pour se réchauffer. Calme, à l'écoute : avec lui, l'échange se fait simplement. L'acteur de 23 ans a beau avoir déjà tourné dans dix sept films en huit ans dont la majorité tournés avec des réalisateurs confirmés, il se livre sans langue de bois ni fausse modestie, avec beaucoup de mâturité aussi. Le Beau Gosse de 14 ans au sourire ingrat a bien grandi et s'est mué en bel homme. 

Vincent Lacoste (Rafaël) et Manal Issa (Lina) dans Peur de rien © Ad Vitam

Rafaël est le troisième homme qui entre dans la vie de Lina. Qu'est-ce qui l'attire selon vous ?
C'est un garçon très engagé politiquement, actif. Il tient un journal, a des convictions. Derrière ses airs de révolutionnaire, il est très ancré dans la réalité. Il a un rapport différent avec ses parents aussi, une liberté de penser et d'agir que Lina ne connait pas. C'est ce qui l'interpelle car c'est ce qu'elle recherche.

Le film se passe dans les années quatre-vingt-dix. Vous êtes de 1993. Auriez-vous aimé vivre votre adolescence pendant ces années-là ?
Ça voudrait dire que je suis vieux aujourd'hui et j'ai vraiment pas envie d'être vieux (rires). Les souvenirs que j'ai de cette période sont surtout musicaux. Daft Punk, Air, Les Pixies… Je me souviens vaguement de jeux vidéo aussi. C'était une époque moins sombre aussi, plus ouverte. Il y avait moins de chômage, plus d'espoir, de lumière. Ça m'énerve les gens qui critiquent les jeunes parce qu'on ne vit plus dans la même période. Aujourd'hui, on vit avec les attentats, le chômage, etc… C'est pas franchement facile d'avoir confiance en l'avenir. J'ai le sentiment d'un désenchantement…

A l'instar de votre personnage Rafaël, vous croyez au changement par la politique ?
Rafaël évolue dans une époque moins grise. Politiquement, il peut encore rêver. Je m'intéresse à la politique, j'ai des idées, des convictions de gauche mais je ne sais plus vraiment ce que ça veut dire aujourd'hui. Quand j'écoute les débats, je m'y retrouve plus. Les politiques font de la langue de bois et j'ai le sentiment que la seule chose qui les intéressent c'est leur nombre de followers sur Twitter et Instagram. Cela dit, la politique c'est complexe et je n'apporte pas de solutions non plus. Aujourd'hui, je crois plus à des mouvements culturels, artistiques qui viendraient briser la monotonie et la frayeur ambiantes. Les rencontres qu'on fait aussi, ça peut changer une vie.

En l'occurrence la vôtre. Si Riad Sattouf n'était pas venu vous cherchez, seriez-vous devenu acteur ?
Je n'y avais jamais pensé non. Je ne viens pas d'une famille du cinéma. Mes parents sont juriste et secrétaire médical, mon grand-père est paysan. J'avais quand même une sensibilité pour le cinéma mais j'avais pas eu l'idée de devenir acteur. C'est en jouant dans Les Beaux Gosses que j'ai eu la révélation.

Dix-sept films en 8 ans, dont de nombreux auteurs "indépendants". C'est plutôt une réussite…
Au départ, je me suis dit qu'il fallait absolument que je tourne pour pas qu'on m'oublie. C'est quand j'ai tourné dans Le Skylab (2011) de Julie Delpy que j'ai compris plus précisément ce que je souhaitais tourner : des films que j'aurais envie de voir en tant que spectateur. J'aime travailler avec des gens qui ont de belles histoires à raconter. Participer à l'œuvre d'une personne que j'admire, c'est ma ligne directrice.  

Comment vit-on avec une notoriété dès l'adolescence ?
Ce n'est pas très oppressant car je ne suis pas hyper connu. En plus, j'habite à Oberkampf et il n'y a que des célébrités dans ce quartier donc je passe plutôt inaperçu. Faut que je déménage comme ça on me reconnaîtra plus (rires). Il y a des gens qui me reconnaissent qui sont hyper sympas, d'autres qui me disent que je suis mauvais, du coup on se bat (rires). Je suis très bien entouré, j'ai les mêmes potes depuis longtemps donc je vis très bien tout ça au quotidien.

Quelle était votre peur d'enfance ?
J'en avais plein mais je ne m'en souviens pas (rires).

Avez-vous une peur panique ?
Avant, j'avais peur de vomir. Du coup, dès que j'avais la nausée, je faisais des crises d'angoisse. Mais j'ai fait une psychanalyse depuis (rires).

Avez-vous déjà renoncé à quelque chose par peur ?
Non. Je suis hyper nul à ces questions...

Quelque chose de laid à faire peur ?
Le plat que j'ai fait hier avec du poulet. C'était complètement foiré. Je suis un très mauvais cuisinier. 

Peur de rien, en salles le 10 février 2016 © Ad Vitam