Les délices de Tokyo : un régal

Pépite culinaire et poétique, Les délices de Tokyo en salles le 27 janvier 2016 se consomme sans modération. Le Journal des Femmes vous donne 5 raisons de courir le savourer.

Les délices de Tokyo : un régal
© Neue Visionen Filmverleih

Dans Les délices de Tokyo, la réalisatrice Naomi Kawase met en scène Santarô, vendeur de dorayakis taciturne et moribond, Tokue, une femme de 70 ans pour qui la pâte de haricots rouges n'a pas de secret et Wakana, une jeune fille timide et réservée. Trois personnages abîmés par la vie que la cuisine va réunir.  Les délices de Tokyo est un délicieux film poétique que l'on vous recommande : 

Pour la découverte de la fabrication des dorayakis. Au Japon, ces pancakes fourrés de "an" - pâte de haricots -, sont l'équivalent de notre gâteau au yaourt : une véritable madeleine que les petits et grands gourmands savourent du petit déjeuner au goûter. Si chaque famille a son secret pour réussir la fameuse pâte, celui de Tokue consiste à "écouter la voix des haricots". Aussi minutieuse qu'est la préparation de la vieille femme est précise la caméra de Naomi Kawase. Vapeur, ébullition, bouillonnement : la réalisatrice nous plonge la tête dans le chaudron. C'est beau, c'est bon et on a l'eau à la bouche.  
Pour la sagesse de Tokue. Avec son petit chapeau, ses baskets et son tendre sourire, Tokue (im)pose son regard bienveillant sur Sentarô, Wakana et la clientèle de l'échoppe. Ostracisée pendant des années, elle n'a pourtant jamais perdu goût à la vie et illumine l'écran. Tokue c'est la mamie qu'on aurait aimé avoir. Pas seulement parce qu'elle sait faire la pâte à dorayakis.   
Pour les secrets de l'Histoire. Les mains expertes de Tokue cachent un secret peu avouable au Japon. Ses doigts déformés sont l'héritage de la lèpre que la vieille femme a contracté alors qu'elle n'était une adolescente. A travers ce personnage "abîmé", Naomi Kawase pointe le tabou japonais dont furent victimes les lépreux jusqu'en 1996, date à laquelle une loi proclama (enfin) la fin de leur mise en quarantaine. 
Pour l'humanité du film. (Re)trouver goût à la vie, c'est ce que Naomi Kawase filme à travers ses trois personnages solitaires, isolés et écorchés. Au fil des fournées de dorayakis, chacun s'apprivoise au contact des autres et s'épanouit. On s'imagine volontiers au comptoir de l'échoppe de Sentarô, pour partager un dorayaki avec ce doux trio.   
Pour la beauté des cerisiers fleur. Si le jeu des acteurs, tout en délicatesse et retenue est remarquable, celui des cerisiers fleur n'en n'est pas moins envoûtant ! Filmés dans les rayons du soleil, ces arbres qui bruissent sous l'effet de la brise sont d'une incroyable beauté et ajoute à la poésie de l'histoire. 

Les délices de Tokyo de Naomi Kawase, en salles le 27 janvier 2016

Affiche du film Les délices de Tokyo en salles le 27 janvier 2016 © DR