Hafsia Herzi, la délicieuse

Révélée par "La Graine et le Mulet", elle a illuminé "L'Apollonide" et enchanté "La Source des Femmes". Hafsia Herzi, 28 printemps et 15 ans de carrière au compteur, nous entraîne cette semaine sur les routes sinueuses de "Par Accident". Peinture réaliste d’un couple d'immigrés vivant en marge, dans la garrigue marseillaise, ce film de genre vire au polar haletant. Rencontre avec une actrice née.

hafsia Herzi et Mounir Margoum © Ad Vitam

Pour son premier long métrage, "Par Accident", la cinéaste Camille Fontaine réalise un coup de maître en nous confrontant à un drame social qui confine au thriller bien ficelé.
Une timide mère de famille en attente de papiers français (Hafsia Herzi) est rongée par la culpabilité après avoir renversé un piéton… C'est alors qu'une drôle de pépée séduisante et délurée (Emilie Dequenne), propose de témoigner en sa faveur. Une amitié ambigüe se tisse entre ces deux femmes que tout oppose.

Le Journal des Femmes : Qui est Amra que vous incarnez ?
Hafsia Herzi : Amra est une jeune maman qui travaille dans une épicerie. C’est une femme réservée qui manque de confiance en elle. Son mari et elle viennent d’Algérie et ils sont en attente de régularisation. Sa vie va basculer après un accident de voiture...

Etait-ce une évidence pour vous d’accepter ce rôle ?
J’ai rencontré Camille Fontaine en 2011 lors d’un atelier d’écriture de scénario au Moulin d’Andé, dans l'Eure. Elle m'avait alors parlé de son projet. Lorsque mon agent m’a appelée pour me soumettre cette idée, je n'ai pas hésité.

Qu’est-ce qui vous a plu ?
C’est un film d’auteur ET un thriller psychologique, les codes des genres sont brisés, c'est grisant. J’ai aussi été attirée par le fait de jouer pour la première fois un personnage de "maman" et de montrer que j'avais grandi.

Dans le film, vous prénommez votre fille Blanche pour conjurer le racisme, le déterminisme social. C'est une réalité selon vous ?
Oui je pense qu'un prénom avec la bonne "sonorité" peut faciliter l'intégration.

Venez-vous d’un milieu artistique ?
Je viens d’un milieu populaire : ma mère était femme de ménage dans les quartiers nord de Marseille, mais j’ai toujours voulu être actrice et réalisatrice. C'était un désir réel, profond, une envie que j'avais chevillée au corps. Ado, j'ai écrit à tous les directeurs de casting à Marseille, commencé par de la figuration et je suis fière aujourd'hui de réaliser mon premier film et de donner leur chance aux jeunes des quartiers marseillais.

Jouez-vous le jeu du showbiz ?
Je suis l'anti-glamour par excellence. Je me fais taper sur les doigts d’ailleurs. Pour l’anecdote, quand je suis allée chercher le Prix Marcello Mastroianni à la 64e Mostra de Venise en 2007, j’étais en survêtement, jogging, baskets. C’était le drame. Je ne suis pas à l’aise en ce qui concerne l’image, l'attitude à adopter ou la représentation de soi.

Hafsia Herzi dans Par Accident © Ad Vitam

Interview aléatoire :

Quel personnage aimeriez-vous interpréter ?
Shéhérazade du conte des Mille et Une Nuits.

Quel est votre péché mignon ?
Les bons petits plats. J’adore manger et cuisiner. Je peux faire des kilomètres pour aller chercher un gâteau au chocolat.  Durant le tournage, je suis allé dîner chez Emilie Dequenne (sa partenaire dans Par Accident, ndlr) et l'on n'a fait que parler recettes !

En êtes-vous déjà venu aux mains avec quelqu’un ?
Oui et je n’en suis pas fière. J’en viens même à regretter certaines bagarres durant ma jeunesse. Jouer la comédie m’a servi de thérapie en ce qui concerne la communication avec l’autre. Je condamne la violence aujourd’hui.  

Chantez-vous sous la douche ?
Je chante très mal, alors j’écoute plutôt. J’aime beaucoup la variété française : Christophe, Julien Clerc, Charles Aznavour… Mais j’aime aussi les Daft Punk et U2.

Quelle qualité aimeriez-vous avoir ?
Etre plus féminine. Je ne sais ni me maquiller ni me coiffer. Pire, j’ai dû prendre des cours pour apprendre à marcher avec des talons.

Vos cheveux longs sont-ils un moyen d’avoir du sex-appeal "au naturel" ?
Je n’arrive pas à les couper. Cela fait dix ans maintenant que je laisse pousser. Ils me protègent, je crois.... Je fais le même parallèle avec mon poids. Si je perds quelques kilos, je me sens vulnérable...

Pouriez-vous vivre sans téléphone portable ?
Non. C'est un outil de travail et un lien avec mes proches. Cela dit je préfère les SMS aux longues conversations. En revanche, je ne suis pas inscrite sur les réseaux sociaux. Ils créent de la dépendance et entravent l'action.

A quel objet êtes-vous attaché ?
Aucun. Je ne suis pas matérialiste.  Je préfère me payer un bon restaurant.... On y revient !

Quelle actrice vous fait rêver ?
J’admire le parcours d'Emilie Dequenne. Humainement, c’est quelqu’un de super. C’était un plaisir de tourner avec elle. Hiam Abbass est aussi une personne extraordinaire avec laquelle j'ai eu la chance de tourner.

A qui mentez-vous le plus ?
Je dirais à mon neveu qui me demande tout le temps de l’emmener à Disneyland Paris, le pauvre...  

Qu’est-ce qui vous ressemble ?
Il n'y a pas longtemps, quelqu'un m’a dit : "Sous tes airs de Doc Gynéco, tu es très vive", cela m’a fait rire. C’est sûrement par rapport à mes yeux sombres, mon regard endormi... Les paupières qui tombent, c'est de famille. Pourtant, on a tous une incroyable énergie !

Par Accident, en salles le 14 octobre © Ad Vitam