Mon premier road trip en Harley Davidson

A 48 heures de l'Eurosfestival de Harley-Davidson, j'ai parcouru 800 km en moto pour rejoindre Port-Grimaud, à l'instar de milliers d'Harléistes. Sensations au guidon.

harleiste
Néophyte, c'était une grande première pour moi de chevaucher ce diable d'engin, installée dans un véritable salon tout confort à l'arrière d'une Tourer, le haut de gamme de Harley.  © Anne-Charlotte Laugier

Un truc d'égoïste la moto ? Pas vraiment. En descendant dans le sud en bande sur nos Harley-Davidson, le plaisir de se voir rouler mutuellement, de croquer le paysage ensemble sous le soleil ou sous la pluie, de se faire des signes pour indiquer de beaux monuments ou des flics cachés derrière un bosquet, nous avons surtout partagé de grands instants fraternels avec la vie à fleur de cuirasse. Néophyte, c'était une grande première pour moi de chevaucher ce diable d'engin, installée dans un véritable salon tout confort à l'arrière d'une Tourer, le haut de gamme de Harley. Lors de cette expérience, j'ai tout d'abord découvert que la météo fait partie intégrante de la vie des bikers. Impossible de partir sans savoir si la foudre risque de nous tomber sur le casque. On me rassure : grâce à leurs fines roues (épaisses comme la moitié d'un billet de 50 francs, disait-on à l'époque), le risque d'aquaplaning n'existe pas. Une bonne combinaison imperméable suffit à nous mettre à l'abri derrière le vaste pare-brise et le carénage d'une Harley taillée pour le tourisme. Casque, blouson en cuir, tour de cou et gants à la main, je me dirige vers une Electra Glide rougeoyante. Ouverture du top case : je glisse mes deux petits sacs pour un long week-end et mon ordinateur dans une sacoche latérale. Un peu de gym pour monter sur le dos de ma Harley, derrière un biker féru de la marque créée en 1903 à Milwaukee (Wisconsin). Chrome à foison, système audio/multimédia pour lire son lecteur MP3, connecter son téléphone portable et écouter la radio, les 300 watts de la sono résonne dans mes cuisses. Etonnant : le siège est terriblement enveloppant et moelleux. Inutile de serrer le pilote à l'accélération. Notre corps tient tout seul, formidablement calé. Pour un peu je levais même les bras, comme dans un manège à sensation. 

 

 

harley 10
L'essentiel c'est d'aimer la vie sans se la compliquer. De se débarrasser de tout ce qui pèse et de prendre le large.  © Anne-Charlotte Laugier

La philosophie HarléisteMais l'esprit Harley demande plus de tenue et de savoir vivre. La philosophie Harley c'est un mélange de coolitude, de plaisir de vivre, de saucisses et de bière au petit déjeuner, de musique embarquée et de sourire cachée derrière la barbe. Pour les femmes, c'est le droit d'être farouchement sexy et de prendre sans complexe le guidon. L'essentiel c'est d'aimer la vie sans se la compliquer. De se débarrasser de tout ce qui pèse et de prendre le large. De s'arrêter tous les 200 km pour remettre de l'essence, fumer une cigarette, enlever le casque et discuter. A moto, on ne voit pas le paysage. On est dans le paysage. On le ressent autrement. Dans le casque qui vibre et dans les reins. Après les 50 premiers kilomètres entre Paris et Nitry, je me demande si je prends bien les virages. Heureusement, je me penche comme il faut, dans le bon sens, sans crispation. Car dans les courbes, la danseuse doit être fluide et légère. Après une centaine de kilomètre, j'ai débranché le système : ce cerveau plein de stress sollicité par une société moderne qui nous presse comme des citrons. Quelque chose en moi se régénère. Une réelle vertu du road trip à moto. Vézelay, Bourbon L'Archambault, Clermont-Ferrand, Corbès. Les lieux défilent, savoureux et épicés, à travers nos visières rabattues. Soudain, je reçois un gravillon sur le tibia. Il me rappelle qu'à moto nous ne sommes pas grand chose. Juste un souffle chaud sous un casque, suspendu au destin.
Nous voici enfin au coeur du golfe de Saint-Tropez, à Port Grimaud, la "Venise provençale" où se déroule chaque année l'Eurofestival Harley-Davidson. A nous la grande parade mythique qui rassemble des milliers de bikers chaque année. Pas de doute après ce road-trip : une nouvelle Harléiste est née.