"Les sculptures ont petit à petit trouvé leur place dans le jardin"

Corinne Brenne est mariée depuis plus de vingt ans au sculpteur Robert Arnoux. Cette femme très active, mère de 2 filles de 18 et 21 ans, consacre son temps libre à coudre et à jardiner. Rencontre avec une apprentie jardinière pleine d'entrain.

"Les sculptures ont petit à petit trouvé leur place dans le jardin"
© Laetitia Devillars / Journal des Femmes
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Voir le reportage sur le jardin © Laetitia Devillars /Journal des Femmes

Depuis quand possédez-vous ce jardin ?
Nous avons acheté la maison, il y a 13 ans de cela. Il y avait une bande de terre allongée entre deux murs. Il y avait à l'époque un cerisier, un figuier, un pin, un acacia et un pommier que nous avons abattu.


Comment vous est venue la passion pour le jardinage ?
Quand nous avons acheté la maison, le jardin fut pendant quelques mois rempli de gravats car nous avons effectué des travaux dans la maison. Ensuite, je me suis demandée comment j'allais m'y prendre pour faire de ce terrain sombre un jardin car je n'y connaissais pas grand chose dans ce domaine à l'époque. J'ai donc ouvert des livres de jardinage : le premier a été le guide Clauze. Reconnaître les sols, tenir compte de l'ombre et de la lumière, anticiper la taille, choisir les couleurs, le volume des plantes et des fleurs... Je me souviens avoir pensé que je n'aurais pas assez de tout le reste de ma vie pour apprendre tout cela. Petit à petit, des souvenirs d'enfance me sont revenus en mémoire : les sorties de fin de journée au potager avec ma grand-mère pour tuer les limaces, les bouquets de lupins qui sillonnaient entre les rangs de légumes, les pêches de vigne que l'on cueillait au-dessus de la table de la terrasse, les hortensias qui bordaient les murs à l'ombre de la maison... Et puis le temps jamais terminé des expérimentations a fini par devenir un rituel qui me ressource.

Quels sont les grands travaux que vous y avez effectués ?
Tout d'abord, il a fallut abattre un acacia qui encombrait le centre du jardin, peindre le petit mur à la chaux blanche et enlever le ciment sur le grand mur afin de faire apparaître la pierre. Ensuite, Robert a dessiné le jardin : nous voulions jouer avec la profondeur et nous avons structuré le jardin autour d'un chemin sinueux et des massifs de plantes. Nous avons planté des arbustes et des rosiers grimpants le long du petit mur, plus ensoleillé. Puis suite à un éboulement du mur mitoyen, nous avons du refaire un des plus beaux massifs du jardin.

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Corinne et Robert ont fait appel aux jardiniers paysagistes du Point du Jour, Françoise et Christian Bougnoux. © Laetitia Devillars / Journal des Femmes

Pourquoi avez-vous choisi de faire appel à des paysagistes pour aménager votre jardin ?
C'est après l'éboulement du mur que j'ai demandé à Françoise et Christian Bougnoux qui sont des amis de venir m'aider d'abord à refaire ce massif puis chemin faisant, ils m'ont proposé d'enlever une cabane pour enfant qui n'était plus en usage, nos filles ayant grandi. Ils nous ont surtout aidés à faire le vide pour que nous ayons envie de reconstruire.

Aviez-vous une idée bien précise de ce que vous souhaitiez ?
En fait, Christian et Françoise sont venus plusieurs fois pour ajouter une scénographie végétale autour des structures que nous avions ajoutées : une porte lune pour mettre "le baiser" en valeur, une fontaine en pierre d'un ami sculpteur belge et une terrasse sous le pin pour apporter de la lumière. Ils ont apporté le massif de buis, proposé une cohérence de plantes d'ombre avec une orientation japonisante (érables, fougères, aralia, graminées). Ils nous ont aidé à structurer le fond du jardin en mettant des petits galets de la même couleur que la fontaine autour du banc.


Passez-vous beaucoup de temps dans votre jardin ?
Je suis en général entre une et deux heures par semaine et le week-end dans le jardin . Il m'arrive de passer des demi-journées au printemps et à l'automne au moment des plantations de plantes et de bulbes et lors de la taille.

Y a-t-il un endroit que vous appréciez plus particulièrement ?
Oui, le fond du jardin. Je peux en étant assise sur le banc, écouter la fontaine et voir au travers du feuillage du sureau noir, tout le jardin. C'est un endroit que Robert m'avait promis d'aménager lors de notre installation il y a 13 ans et que je viens enfin d'avoir. Alors j'en goûte particulièrement la douceur...

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Un écrin de verdure pour les sculptures de Robert Arnoux © Laetitia Devillars / Journal des Femmes

Les sculptures de Robert ont aujourd'hui trouvé leur place dans ce jardin. Comment avez-vous fait le choix de leur emplacement ?
Au début, les sculptures se sont installées petit à petit, au fur et à mesure de leur création. "La mère à l'enfant" a tout de suite trouvé sa place près du rosier Pierre de Ronsart. "Ensemble en Toscane" a toujours regardé vers la vigne, dans le massif ensoleillé. "La femme rouge" était vers le fond du jardin un peu cachée car je n'aimais pas sa
patine et puis elle a été mise en valeur par un érable rouge à ses cotés. "Tous les trois" nous fait face, sorte d'image familiale à l'ombre du sureau noir, merveilleux arbre gris et rose au printemps qui lui fait comme une corolle. La porte lune rouge a été installée pour mettre en valeur "le baiser". "Les amants de Sebourg", couple assis enlacé, ont trouvé place dans cet endroit de tendresse à coté du banc, sorte de double de nous-mêmes. La dernière installée a été "la femme enceinte", qui étant la plus chère aux yeux de Robert se devait de garder l'entrée du jardin et accueillir les visiteurs.


Des projets d'exposition mêlant sculptures et jardins dans les mois à venir ?
Oui, nous avons une rencontre avec les paysagistes Yves et Guillaume Gosse de Gore qui ont un merveilleux parc à Sericourt , entre Amiens et Arras qui durera du 1er juin au 30 septembre. Outre le dialogue artistique entre les scènes de verdure aménagées et les oeuvres de Robert, Yves et Guillaume présenteront au public leur dernier jardin, "Terre des Ames" qui accueillera une statue spécialement créée pour ce jardin. Mais nous vous en dirons plus dans quelques mois.

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