Adopter un petit mammifère de compagnie

Ça y est ! Vous avez décidé d'accueillir un lapin, un rongeur ou un furet à la maison. Voici quelques conseils recueillis auprès du Docteur Didier Boussarie, vétérinaire, avant de franchir le pas définitivement.

Adopter un petit mammifère de compagnie
© Sebastian Haberland/123RF

Pourquoi choisir un petit mammifère comme animal de compagnie ?

Au premier abord, le choix d'un petit animal peut sembler difficile. Il dépend en fait de ce qu'on attend d'un nouveau membre arrivant au sein de la famille. Si on souhaite un petit compagnon à cajoler, le groupe des petits mammifères semble tout indiqué. Alors que les petits mammifères sont souvent considérés comme des animaux pour les enfants, les parents et les adultes en général s'attachent aussi très vite à ces animaux. Ils sont petits, mignons, en général facilement manipulables. Ils n'émettent pas d'odeurs désagréables. Ils ne créent pas de nuisances phoniques et ils sont peu contraignants contrairement aux chiens que l'on doit sortir plusieurs fois par jour. Cependant, ils rassemblent des espèces très différentes ayant chacune leurs spécificités et leurs exigences. Il faut le savoir et en tenir compte. Les petits mammifères servent souvent de cadeaux aux enfants, car on les considèrent comme des petites peluches, faciles à soigner. Un certain nombre de points sont cependant à avoir à l'esprit avant de se décider :

  • Si vous choisissez un animal pour faire plaisir à votre enfant, vous devez vous considérer constamment comme co-responsables du bien-être de l'animal. Si l'enfant (ou l'adolescent) vient à s'en désintéresser ou à partir pour ses études, c'est vous qui devrez vous en occuper.
  • Tel animal apportera peut-être des nuisances dans l'habitat s'il est laissé en liberté. C'est le cas du lapin qui peut ronger des fils électriques ou laisser des crottes sur son passage, ou du furet qui apprécie les placards et les savonnettes ! Il faudra accepter et assurer ces nuisances.
  • Vous possédez déjà un autre animal avec lequel il ne s'entendra peut-être pas. Un furet peut très bien cohabiter avec des chiens ou des chats, mais son instinct de prédateur sera redoutable avec un lapin ou un petit rongeur. Il en sera de même pour un chien ou un chat. Cochons d'Inde et lapins s'entendent bien mais il ne faut pas mettre ensemble des rongeurs d'espèces différentes.
  • Afin que le nouvel animal se sente bien, il faudra lui fournir une cage, des équipements et une alimentation appropriées. Or ceci représente un coût, notamment pour un chinchilla, qui modifie notablement le coût global d'acquisition de l'animal.
  • La longévité moyenne du petit animal doit aussi être prise ne compte. Mis à part le chinchilla qui vit couramment une dizaine d'années mais peut atteindre 20 ans, elle est relativement courte chez les petits mammifères. Comptez 2 à 3 ans pour les petits rongeurs, 5 à 8 ans pour les cobayes et les octodons, 9 à 10 ans pour les lapins et les furets
  • Vérifiez avant l'achat si vous ou les membres de votre famille n'êtes pas allergiques aux poils des mammifères !

Quelques conseils avant l'achat d'un petit mammifère de compagnie

Il est important de se documenter avant, et d'acheter après, et non pas l'inverse. De nombreux ouvrages généraux ou monographiques sont disponibles dans les animaleries ou les grandes librairies au rayon nature. Les revues animales spécialisées représentent aussi une excellente source de documentation. Il existe aujourd'hui de nombreux sites Internet consacrés au lapin, au furet ou aux rongeurs, donnant la possibilité d'échanges interactifs ou de forums de discussion. Enfin, il ne faut pas hésiter à demander des conseils auprès d'un vétérinaire compétent dans les Nouveaux Animaux de Compagnie. Il saura vous conseiller dans le bon choix en tenant compte de divers paramètres. Il est d'ailleurs vivement recommandé de lui présenter le petit animal nouvellement acquis pour une consultation d'achat : il pourra ainsi effectuer une visite complète, déceler d'éventuelles anomalies ou problèmes de santé, et prodiguer tous les conseils nécessaires. Enfin, voici quelques recommandations d'usage :

  • Ne pas se précipiter sur un coup de cœur. Il convient de réfléchir, d'être vraiment motivé et bien documenté.
  • S'équiper de tous les accessoires nécessaires (cage, biberon, mangeoire, accessoires de jeux), ainsi que de la litière et des aliments, avant ou le jour de l'achat, avec toutes les explications souhaitables.
  • Comparer les prix mais ne pas s'en tenir au prix seul. Le plus important est que le petit animal plaise et qu'il soit en bonne santé. Des éternuements, un nez sale, un menton souillé par la salive, un arrière-train souillé par la diarrhée, une boiterie, des démangeaisons, des croûtes ou des dépilations doivent inciter à ne pas en faire l'acquisition. L'animal ne doit pas par ailleurs être agressif, peureux et fuir l'être humain.
  • Un enfant désirant acquérir un petit mammifère doit au minimum avoir atteint l'âge d'entrer à l'école primaire, soit environ 6 ans. Il est alors suffisamment raisonnable pour ne pas lâcher son animal s'il le prend dans ses mains, assurer son entretien et respecter ses périodes de sommeil, car ces animaux ont besoin de calme et de tranquillité. Par ailleurs il doit être conscient du fait que les jeux restent limités, il ne s'agit ni d'un chien ni d'un chat mais d'un petit compagnon qu'il prendra plaisir à observer, caresser et s'occuper.

Où acheter un petit mammifère de compagnie ?

Achat en animalerie

Les jardineries possèdent presque toutes aujourd'hui un rayon animalerie qui propose souvent un choix important de petits animaux. Cette solution d'achat est pratique, simple, rapide, elle permet un achat de proximité. On bénéficie des conseils du personnel de l'animalerie qui a suivi une formation. Le responsable de l'animalerie est en général détenteur d'un certificat de capacité. Ce type d'achat offre aussi l'avantage d'avoir sur place la cage, les accessoires, la litière et les aliments, tous les composants du bien-être de votre futur compagnon. Le revers de la médaille est que toutes les animaleries doivent passer par des éleveurs fournisseurs. Le passé sanitaire de l'animal est donc inconnu , ce qui peut réserver des mauvaises surprises. Certaine affections telles que teigne, coryza ou diarrhées, peuvent être latentes et se révéler quelques jours plus tard lorsque l'animal sera dans un nouvel environnement . La plupart des animaleries font aujourd'hui l'objet de visites vétérinaires régulières, cependant il convient d'être vigilants de demander des conseils et d'exiger des garanties.

Achat auprès d'un éleveur

Cet achat permet de choisir une race ou une variété donnée pour laquelle on aura une préférence ou un coup de cœur. Il permet de bénéficier des conseils souvent avisés de l'éleveur, en matière d'alimentation, d'hygiène et d'entretien. Les risques sanitaires sont également présents, et ils sont d'autant plus grands que les effectifs de l'élevage sont plus importants avec un risque de contagiosité plus élevé. Le coût d'achat peut être plus élevé.

Achat auprès d'un particulier

Il permet une acquisition occasionnelle, avec un coût moins élevé et des risques sanitaires nettement moins importants. Cependant l'occasion ne se présente pas toujours en temps voulu !

Quel est le prix d'achat ?

Le prix d'achat d'un petit mammifère est variable selon l'espèce et la provenance. Ainsi, un animal d'élevage ou d'animalerie sera plus cher qu'un animal de particulier. Le prix varie aussi selon l'espèce : un petit rongeur se vend entre 3 et 15 euros, un cobaye 15 à 30 euros, un octodon environ 30 euros, un lapin entre 30 et 50 euros. L es chinchillas sont les plus chers : 100 à 130 euros en moyenne, ainsi que les furets dont le prix est encore plus élevé, entre 150 et 200 euros. Tout dépend aussi de la race et de la variété : un lapin nain (50 euros) est vendu plus cher qu'un bélier (environ 30 euros). Parmi les cobayes, les moins coûteux sont les poils lisses (15 euros) et les plus chers les péruviens (environ 30 euros). Les prix sont plus élevés en région parisienne qu'en province et ils peuvent varier selon les enseignes de vente.

Comment choisir son petit mammifère ?

Un ou plusieurs animaux ?

Tout dépend de l'espèce et de l'espace vital fourni. Prenons le cas des lapins. Sociaux, ils vivent en colonies régies par une organisation hiérarchique. En captivité, la cohabitation est possible à condition d'acquérir des individus très jeunes avant la maturité sexuelle. Des sujets adultes vont se battre pour des raisons hiérarchiques territoriales mais la castration peut résoudre le problème. Certaines espèces peuvent vivre seuls sans problèmes (lapin, cobaye, hamster, chinchilla), d'autres seront plus heureux en couple, voire en groupe (octodon, gerbille).

Mâle ou femelle ?

Cela est indifférent si on ne possède qu'un seul sujet. Par contre, la castration des mâles à la maturité sexuelle est recommandée chez le lapin mâle qui a tendance à marquer son territoire en l'arrosant de son urine dont l'odeur est très désagréable.

Quel âge doit avoir l'animal ?

Évitez d'acheter un sujet trop jeune qui sera vulnérable et trop fragile. D'une façon générale, un jeune doit avoir atteint au moins l'âge de sevrage au moment de l'achat.

Bien l'accueillir

Le petit animal va arriver dans un environnement nouveau, qui lui est étranger. Il en résulte une période de stress inévitable et un temps d'adaptation nécessaire. Une fois arrivé à la maison, le petit animal doit être installé dans sa cage préalablement équipée de tous les accessoires et laissé tranquille au calme dans un premier temps. Il faut expliquer aux enfants qu'ils ne doivent pas prendre l'animal tout de suite dans les bras. Tenez aussi à l'écart le chien ou le chat qui pourrait l'effrayer inutilement. La nourriture doit être immédiatement distribuée ainsi que la litière.

Le petit animal va s'habituer d'autant plus facilement qu'il a été auparavant manipulé doucement et habitué à la présence de l'humain. Il faut le mettre en confiance, lui parler doucement et le caresser dans le calme, en faisant preuve de patience. Il est très important aussi de respecter son rythme biologique et ses phases de sommeil, de se souvenir que sa vue est mauvaise et que ces petits animaux vivent la plupart du temps cachés dans leur terrier. Leur tranquillité et leur intimité doivent être respectées.

(Le Docteur Didier Boussarie est Vétérinaire Consultant exclusif NAC, spécialisé en Rongeurs et Lapins, Furets, Oiseaux, Reptiles et Poissons. Passionné par vocation, ce praticien a écrit ou co-écrit une douzaine d'ouvrages sur les Nouveaux Animaux de Compagnie. Ancien président du GENAC (1995-2001) dont il est le cofondateur et Membre Correspondant de l'Académie Vétérinaire de France, il dispense aussi des formations au plan national ou international.)

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