Jean-Louis Servan-Schreiber, directeur de "Psychologies Magazine" (285 000 exemplaires) et producteur de la nouvelle émission de France 5 "Psychologie, Un moment pour soi", a répondu aux questions du "Journal des Femmes".

Le succès de "Psychologies Magazine" a-t-il quelque chose à voir avec l'engouement actuel pour tout ce qui est psy ?
Les gens ont envie qu'on leur parle d'eux. Notre magazine aurait aussi pu s'appeler "Bien vivre", d'ailleurs son sous-titre est "Mieux vivre sa vie". Les gens ont besoin d'une grille d'analyse pour comprendre leurs rapport avec eux-mêmes, dans leur couple et avec leurs enfants.

Et vous-même, d'où vous vient cet intérêt pour la psychologie ?
A l'âge de 15-16 ans, on m'a offert "L'Introduction à la psychanalyse" de Freud. Depuis je me suis toujours intéressé au comportement humain. Et puis, il y a une trentaine d'années, je suis parti en Californie et j'ai enseigné un an à l'université de Stanford, au moment ou se développait le "mouvement du potentiel humain". La psychologie, ce n'est pas que pour les gens qui vont mal, c'est aussi pour les gens qui vont bien.

Aujourd'hui, vous pensez que les gens se posent trop de questions ou pas assez ?
On ne se pose jamais trop de questions. Il est important de se demander chaque jour quelle est la bonne manière de vivre. Et comment faire pour l'améliorer.

Aller consulter un psy, c'est devenu presque aussi banal que d'aller consulter un médecin. Qu'en pensez-vous ?
Vous savez, seulement 5% des personnes consultent un psy. Avant, les problèmes se réglaient au niveau de la famille, de la religion, etc. Aujourd'hui, ces structures fortes ont disparu. Les gens se sentent plus isolés, ils manquent de repères, de recours. Ils ont besoin d'un avis, alors ils vont consulter un psy. Parfois, quelques séances suffisent pour arriver à y voir plus clair et apprendre à se poser les bonnes questions pour avancer.

Vous avez publié l'année dernière "Vivre content". Quels sont vos principaux conseils pour vivre content, justement ?
D'abord, il est important d'être au plus près de la réalité. A tout instant, il faut savoir évaluer la situation dans laquelle on est vraiment. Ensuite, il faut se rendre compte que cela pourrait être pire, que nos problèmes ne sont rien comparés à d'autres. Enfin, il faut voir que c'est la vie ordinaire qui est belle. Le contentement se trouve dans l'instant présent. Le contraire, c'est d'être dans un état d'esprit de mécontentement. Bref, il faut chercher le plaisir dans le quotidien, s'y rendre sensible, le repérer. Il faut se demander chaque jour : où j'en suis ? Quelles sont les sources de plaisir immédiate ? Le contentement se trouve dans l'instant présent.

Vous produisez l'émission de France 5 "Psychologie, Un moment pour soi". Ne trouvez-vous pas dangereux de parler de psychologie à la télévision ?
Notre émission se différencie des autres, qui font dans le divertissement et le spectaculaire avec des situations hors du commun parfois terribles, parfois ridicules. Nous, nous proposons une émission miroir, dans laquelle chacun peut trouver des situations qui le concernent, qui touchent à des problèmes de sa vie. L'intérieur de soi, cet immense univers que les gens commencent enfin à explorer. Plus on se pose des questions sur soi, sur ses relations avec les autres, plus on a de chance d'être heureux.

Internet, ça vous intéresse ? Il existe des sites pour en savoir plus sur la psychologie ?
Je n'en connaîs qu'un : Psychologies.com ! Moi, je suis un utilisateur pratique d'Internet : je regarde la météo, je fais des réservations de billets, je consulte les moteurs de recherche. Internet, c'est un peu magique, à partir d'un mot qu'on a dans la tête, on accède à des milliers de ressources.

Depuis 1997, les thèmes abordé par "Psychologies Magazine"ont-ils évolué ?
Notre magazine s'intéresse à la manière de mieux vivre sa vie, mieux se débrouiller dans sa relation à soi, aux autres et à ses enfants. Nous abordons de plus en plus de questions liées au corps. Vous savez, la relation corps/esprit, c'est important. Quand on est bloqué dans son corps, c'est l'ensemble de notre bien-être qui est atteint. C'est important d'être tonique, sympathique, agréable à regarder… Plutôt que de donner des conseils pratiques trop normatifs, nous préférons donner des pistes.