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Dossier
04/12/2006

Serge Ginger : "Votre psy n'est pas votre ami"

Psychologue et psychothérapeute, Secrétaire général de la Fédération française de psychothérapie et psychanalyse (FF2P), Serge Ginger vous guide dans la vaste nébuleuse des psys. Retrouvez ses conseils pour trouver le praticien qu'il vous faut.
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Pourquoi consulter un psy ?

Il faut aller voir un psy lorsque l'on ne se sent pas bien dans sa peau. Si l'on est déprimé, malheureux, si l'on rumine ses soucis, alors on est en dépression : c'est le moment de consulter. De même, en cas d'anxiété importante (peur, crises de panique, agoraphobie, etc.), ou à la suite de conflits professionnels ou conjugaux, le soutien d'un psy est vivement recommandé. Enfin, traumatismes (agression, viol, accident), insomnies, troubles du comportement alimentaire et maladies mentales sont autant de bonnes raisons d'être suivi par un professionnel.

Il y a également un phénomène de mode. On voit un psy pour un oui ou pour un non...

Effectivement. Aujourd'hui, on va voir un psy comme on va chez le dentiste : en prévention ! Et ce n'est pas plus mal. C'est comme une voiture que l'on emmène en révision, sans attendre la panne. Dans ce cas-là, il n'y a pas forcément besoin d'une longue thérapie, quelques séances peuvent suffire.

Comment savoir si l'on a besoin d'un psychiatre, d'un psychanalyste, d'un psychothérapeute ou d'un psychologue ?

Si vous souffrez de troubles graves (délires, hallucinations, etc.), si vous avez perdu contact avec la réalité, si vous êtes en profonde dépression à tel point que vous ne vous levez plus pour aller travailler, mieux vaut consulter un psychiatre. Il vous prescrira des médicaments et vous apportera en plus, le cas échéant et en fonction de sa formation, une aide psychothérapeutique. Pour surmonter les difficultés de l'existence du type divorce, deuil, solitude, difficultés conjugales ou sexuelles, troubles alimentaires, chômage, etc., adressez-vous à un psychothérapeute. On consulte un psychologue non pas pour un traitement, mais surtout pour faire des examens, des tests, établir un bilan pour s'orienter sur le plan professionnel par exemple. Enfin, la psychanalyse s'adresse à des personnes curieuses, plutôt en bonne santé, qui souhaitent avant tout comprendre leur fonctionnement psychique.

Comment trouver un psy ?

Ne faites surtout pas confiance aux Pages Jaunes ! Il s'agit d'un service commercial : les psy payent pour y figurer. Adressez-vous plutôt à une association professionnelle. Par exemple, la Fédération française de psychothérapie et de psychanalyse dispose d'un annuaire rassemblant 1 200 spécialistes. L'annuaire du Syndicat national des praticiens en psychothérapie vous fournira également les coordonnées de psychothérapeutes régulièrement contrôlés et ayant suivi une formation de quatre années minimum. Vous pouvez également vous fier au bouche-à-oreille et suivre les conseils de vos amis, de votre médecin ou pharmacien. Sachez néanmoins que l'on ne tombe pas forcément sur le bon psy du premier coup. Comme pour une robe ou un appartement, il est parfois nécessaire d'en essayer deux ou trois avant de trouver celui qui vous convient.

Quelles questions faut-il poser lors du premier entretien ?

Demandez-lui quelles méthodes il pratique, s'il appartient à une association professionnelle et s'il adhère à un code de déontologie ; interrogez-le également sur ses tarifs. S'il refuse de répondre à certaines de ces questions, méfiez-vous !

A quoi reconnaît-on un bon psy ?

C'est quelque chose de très subjectif ! On a trouvé un bon psy pour soi lorsque, dès la première séance, on se sent bien avec lui et qu'on a envie de revenir. Si vous avez l'impression qu'il vous a comprise, s'il se montre chaleureux et empathique, mais cependant réservé, au lieu de rester dans une écoute passive et froide, ce psy vous convient.

Quel type de relation s'établit entre le psy et le patient ?

Une relation professionnelle. Il n'est pas question que votre psy devienne votre ami. C'est quelqu'un en qui vous avez confiance, qui conserve une certaine distance avec vous sans pour autant se montrer froid. Soit votre psy vous donne quelques conseils lors des consultations, soit il se positionne dans une écoute active, c'est-à-dire qu'il vous "tient par la main", vous guide dans votre réflexion pour aller plus loin. Au cours de la thérapie, vous rencontrerez des moments difficiles, vous serez parfois déboussolée ou en pleurs. C'est normal. Persévérez, ne quittez pas votre thérapeute au moindre problème !

Quel est le rôle de l'argent dans cette relation ?

L'argent ne doit pas être au centre de la relation. Bien sûr, on doit payer son psy, car c'est son métier et il doit gagner sa vie. Mais s'il ne pense qu'à ça, c'est un mauvais thérapeute. En moyenne, les tarifs s'échelonnent de 40 à 75 euros la séance de 45 minutes, en moyenne. Cela dépend du quartier, de la méthode pratiquée, de la notoriété du psy. Un thérapeute dont les honoraires sont inférieurs à 40 euros, c'est louche. Toutefois, si le patient rencontre des problèmes d'argent, le psy peut consentir un prix spécial.

Quelle est la durée d'une thérapie ?

Une séance dure 30 minutes au minimum. En deçà, ce n'est généralement pas très sérieux. En moyenne, il faut compter 45 minutes. Lorsque cela dépasse une heure, c'est trop long. Les consultations doivent avoir lieu, si possible, chaque semaine, à jour et heure fixes. Quant à la durée générale de la thérapie, elle varie le plus souvent de six mois à trois ans. En cas de problème aigu, tel qu'un traumatisme suite à un accident ou une agression, quelques séances peuvent suffire, si l'on fait appel à une méthode adaptée.

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L'efficacité de la psychanalyse est de plus en plus remise en cause. Pourquoi ?

De nouvelles méthodes thérapeutiques ont fait leur apparition depuis les années 1970, et se sont révélées efficaces, plus rapides et moins chères que la psychanalyse pour soigner certains troubles. Mais il faut savoir que l'objectif de la psychanalyse n'est pas, en premier lieu, la guérison, mais une meilleure connaissance de soi. Si dans les pays anglo-saxons la psychanalyse n'a plus le vent en poupe, elle est restée très à la mode en France. Globalement, ses détracteurs lui reprochent d'être longue, coûteuse, et d'impliquer un bon niveau intellectuel de verbalisation. C'est une pratique surtout réservée à une élite aisée.

Y a-t-il des nouveautés en matière de législation ?

La loi votée en août 2004 qui réglemente la profession de psychothérapeute n'est toujours pas appliquée. Selon ce texte, seuls les spécialistes qui figureront au registre national des psychothérapeutes auront droit au titre. Le décret est en cours d'arbitrage.

En savoir plus Le site de la Fédération française de psychothérapie et psychanalyse

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Claire Sassonia, Journal des Femmes

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