"Je suis partie avec le mari d'une copine, il a culpabilisé, moi non"

Quand Louisa rencontre Damien et Sophie, en couple depuis 18 ans et parents de deux adolescents, elle ne s'imagine pas que sa vie va radicalement changer. De bonnes copines, les deux femmes deviennent rivales...

"Je suis partie avec le mari d'une copine, il a culpabilisé, moi non"
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J'ai rencontré Sophie et Damien par l'intermédiaire de ma sœur. Mariés depuis 18 ans et parents de deux ados, ils étaient présents à de nombreuses soirées. Nous vivions tous à Lille. J'ai commencé à me rapprocher de Sophie, qui avait quelques années de plus que moi. Quand ma sœur a quitté la région, c'est Sophie qui m'appelait et me proposait de venir prendre l'apéro. Nous sommes devenues amies, du moins je pensais au départ que notre relation serait très solide. Finalement, quelque chose m'empêchait d'entrer dans la confidence avec elle, de faire un pas de plus.

Quelque chose m'empêchait d'entrer dans la confidence avec elle.

Elle était plutôt une très bonne copine. Peut-être que Damien me plaisait sans que je me l'avoue et que ça me freinait. Mais je crois plutôt que l'attitude de Sophie, sa manière d'être, de vivre, ne me séduisait pas entièrement pour en faire une proche. Je la trouvais seule. Il faut dire que Damien s'échappait du boulot dès qu'il le pouvait. Et elle, dès la fermeture du restaurant, elle buvait ses verres de rosé au comptoir. Elle avait un problème avec l'alcool. Ça me touchait, je prenais le temps de parler avec elle, peut-être davantage pour la soutenir. Puis mon regard a littéralement changé. Je la voyais passer davantage de temps à boire et traîner qu'à bosser. Et Damien, lui, travaillait comme un dingue. Je me disais que c'était un mec comme ça qu'il me fallait. Pas lui, parce que je ne comptais pas piquer le mec de Sophie. Simplement, j'étais sensible à son énergie, sa niaque, sa fiabilité. Son côté plus âgé – il avait la quarantaine, moi 34 ans - me faisait également de l'œil. J'ai commencé à me poser des questions sur un potentiel rapprochement avec lui quand il m'a dit un soir qu'il appréciait beaucoup ma présence. Puisque Sophie ne faisait rien (ou la tronche) et que moi j'apportais de la joie de vivre, sa révélation ne m'a pas surprise. Mais elle m'a flattée. Avec Sophie, ils parlaient peu, c'est vrai. Du moins, ce n'était que mon point de vue. Je ne vivais pas avec eux. Mais ils semblaient plutôt collègues qu'amoureux

"C'était lui que je voulais. Une certitude et un besoin d'y aller. Tant pis pour elle"

Un soir, on s'est retrouvés tous les deux, avec Damien, à boire un verre sur la terrasse et je ne sais pas ce qu'il m'a pris, j'ai mis mes pieds sur les siens, sous la table. Et là, je me suis dit que je ne voulais plus jamais les enlever. Tant pis pour elle. C'était simplement une grosse claque dans le visage. Peu importe le reste, les conséquences, les complications même. C'était lui que je voulais. Une certitude et un besoin d'y aller. D'autant qu'il ne m'a pas repoussée. Deux heures plus tard, nous nous sommes embrassés. Il me semblait important de résister, et pourtant, j'ai craqué. Quelques jours plus tard, nous nous sommes revus. Il s'est alors ouvert, m'a dit que leur couple ne fonctionnait plus, qu'il était resté jusqu'ici pour les enfants mais qu'il sentait désormais qu'il ne pouvait plus faire semblant. L'alcool avait fini de creuser le fossé dans leur couple. Il voulait penser à lui. Et je lui plaisais. Il ne l'aimait plus. Bien sûr, c'était plutôt simple d'apparence : toi, pas elle. Mais en réalité, c'était bien plus compliqué, d'une part parce qu'il n'est jamais simple de quitter dix-huit ans de vie commune, d'autre part parce que je connaissais très bien Sophie.

Nous avons commencé à nous fréquenter "en cachette". Je me suis promis de ne pas dépasser la limite, celle du rapport sexuel, tant qu'ils étaient ensemble. Mais ça n'a pas tenu. Un soir, après une raclette chez eux, nous avons décidé de sortir. Sophie était fatiguée et ne nous a pas suivis. On a alors fini chez moi et avons sauté le pas… Premier câlin et une connexion de dingue. Il l'a quittée deux semaines après, à quelques jours de signer le rachat d'une crêperie (avec elle). J'avais les boules. Oui, il venait de la quitter, mais elle allait encore bosser avec lui. Il ne retirait toujours pas son alliance. Il ne voulait pas lui faire de mal et surtout ne pas lui parler de moi. Pendant un mois, on se voyait moins même si je lisais dans son regard que notre relation n'était pas perdue. C'était une question de temps et aussi de respect pour elle. Un baiser volé par-ci par-là, mais rien de plus.

"Elle nous a surpris en train de nous embrasser"

C'est en plein déménagement - de l'hôtel au restaurant – qu'elle nous a surpris en train de nous embrasser. Un signe du destin. Il fallait qu'elle sache. Elle s'est ruée vers moi et m'a dit, en colère, de partir. Je comprenais, sans culpabiliser : ils n'étaient plus ensemble. Elle faisait complètement l'autruche et refusait de voir la réalité en face. J'ai alors décidé de me faire discrète. Je n'ai plus mis les pieds au restaurant. Je voyais Damien en dehors. Mais puisqu'ils vivaient tous les deux au-dessus du restaurant (tels des colocataires), elle savait quand il me rejoignait. Elle lui envoyait des texto en lui répétant qu'il foutait tout en l'air. Je ne sais pas comment j'ai géré. Damien culpabilisait et moi non. Je crois que mon amour pour lui, mais aussi l'évidence qui s'imposait à moi, m'aidait à surmonter. Ce n'est pas que j'ignorais ce que traversait Sophie, mais j'avais conscience que je ne pouvais pas m'ajouter un poids et donc ajouter un poids à notre futur. Deux mois plus tard, elle est partie à Marseille rejoindre sa famille. Je la croise de temps à autre par rapport aux enfants. Elle essaie de me parler, de la jouer copine, comme si tout ça n'était que du passé. C'est du passé mais je ne pense pas que l'on puisse entretenir des liens. C'est ainsi. Je ne regrette rien. Damien est heureux, je suis heureuse. Nos vies devaient ainsi se croiser. Je n'aurais jamais pu le rencontrer lui sans la connaître elle.