Notre point commun ? Une névrose : et si c'était elle qui nous rapprochait ?

On aime tous les deux Tarantino et les petits chats. Mais parfois, ce qui nous lie n’a rien à voir avec une passion commune. Certains couples partagent une angoisse, une manie, une mauvaise habitude qui les a rapprochés. Cinq filles racontent.

Notre point commun ? Une névrose : et si c'était elle qui nous rapprochait ?
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Notre hypocondrie
Quand j'ai rencontré Morgan, je lui ai évidemment caché ma peur de mourir tous les soirs, mes douleurs ici-et-là et mes allers-retours chez le médecin. Quand on a décidé de vivre ensemble, c'était une autre histoire. Mes angoisses étaient visibles, je ne pouvais pas les planquer. Il se moquait gentiment de moi. Tellement gentiment que j'aurais pu deviner qu'il avait les mêmes peurs. Un soir, devant ses copains, il a ri quand j'ai pris un Doliprane pour un mal de tête "présent depuis deux minutes à peine". Alors ses potes ont ri. Mais pas de moi, de lui, en disant qu'il était "bien placé pour parler, toi hypocondriaque comme personne". Alors on en a ri tous les deux et on a parlé ouvertement le lendemain. Finalement, aujourd'hui, ça nous lie bien plus que la course à pied, point fort de notre rencontre. On se rassure mutuellement et surtout, on apprend à relativiser.  Parce que si on pense toujours qu'on va crever cette nuit, on trouve ça ridicule que l'autre le craigne pour lui.

Notre drôle de rapport aux poubelles de l'immeuble
La première fois que j'ai été chez Pierre, je l'ai vu découper nerveusement le carton d'un colis qu'il venait de recevoir. En prenant soin de rendre son nom invisible. Je me suis dit que personne ne pouvait comprendre "pourquoi" il tenait à ce point à cacher son identité. Mais moi j'ai compris, j'ai cette manie aussi, et en effet, ça ne sert à rien. Mais j'ai toujours peur de jeter dans les poubelles de l'immeuble un emballage avec mon nom, comme si quelqu'un allait fouiller les poubelles et m'accuser ensuite d'avoir mis mon déchet dans la verte plutôt que dans la jaune, ou encore de l'avoir mal détruit et de prendre toute la place dans la poubelle. Ou encore, j'ai peur qu'on se dise "la fille est riche, elle commande des produits sur Internet" et qu'on vienne me cambrioler. Alors quand Pierre a fait ça, je lui ai dit que je faisais la même chose. Il a répondu "on est con, hein". Et ce premier gros fou rire nous a liés. Et on continue, maintenant qu'on vit ensemble, de ne laisser aucun indice nous concernant dans les poubelles.

Nos TOC avant de quitter l'appartement
Je n'ai jamais su quitter mon appartement en une minute. Je vérifie que j'ai bien débranché les prises, coupé l'eau, le gaz, fermé les fenêtres, mis de l'eau dans le cendrier… Et une fois que je parviens à partir, je remonte vérifier que j'ai bien fermé la porte à clé. Ça peut, en tout et pour tout, me prendre quinze minutes. Florian est pareil. Je l'ai vu faire chez lui, et puis chez moi, il ne part jamais sans vérifier avec moi. Aujourd'hui, on vit ensemble. D'un côté, c'est rassurant, quand on quitte l'appartement on sait qu'on est deux à vérifier, donc ça m'apaise. Mais ça n'empêche que parfois on prend dix minutes : t'as bien éteint le chauffage ? Attends, je remonte. On est toujours en retard.

Notre phobie de l'avion
Au bout de trois mois de relation, on a organisé notre premier week-end. Et tous les deux, on suggérait des destinations  accessibles en TGV ou Thalys. J'ai d'abord pensé qu'il ne voulait pas "trop en faire" pour un premier voyage et que la Normandie lui semblait bien, parce que classique pour un début. Et au fond du fond j'étais soulagée : j'ai vraiment très peur en avion. Quand on s'est décidé à partir à Biarritz, il m'a dit : en train, ça ne te dérange pas ? A partir de là, j'ai tout compris. Trois ans d'histoire et on n'a toujours pas pris l'avion, on se contente de partir "pas loin". Mais on a décidé de bosser là-dessus, je fais de l'hypnose depuis peu. C'est mieux que de la natation, parce que ce n'est pas à la nage qu'on va aller voir les Etats-Unis.

Nos superstitions
Nous, notre névrose, c'est un peu l'enfer. On ne s'est jamais caché être superstitieux, du coup on est d'accord quand on croise une échelle et on ne se passe jamais le sel de main en main. Jusque-là, tout va bien. Sauf que nos superstitions sont contagieuses. Par exemple, moi je ne change jamais les draps un vendredi, du coup Baptiste ne veut plus les changer un vendredi, alors qu'il n'avait jamais entendu parler de ça. Moi, je n'ai jamais craint le "13". Les vendredis 13, je me lève et fais ma vie, je me fiche aussi des repas à 13. Mais Baptiste, non. Alors je me suis mise à avoir peur du 13. Bon, au final, c'est comme si on avait une dizaine de points communs. On se comprend et on fait avec. Même si parfois, ça devient compliqué, et qu'on est capable de passer une sale journée parce qu'on a croisé un chat noir !

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