Zob in job : Eva, 31 ans, a couché avec son boss et nous raconte...

Eva a rencontré Raphaël, de vingt ans son aîné, au travail. Après des mois à se tourner autour, ils ont fini par coucher ensemble. En cachette, ils ont vécu une relation troublante parce qu'interdite. Elle témoigne.

Zob in job : Eva, 31 ans, a couché avec son boss et nous raconte...
© Burmakin Andrey/123RF

Après m'être cherchée professionnellement pendant des années, j'ai décroché à 28 ans un job dans la communication. Premier jour de boulot un 1er février : je suis tremblante. L'entreprise et moi, on ne se connait pas. Ma boss m'accueille et ne me laisse pas le temps de penser. Elle est très directe, très dynamique. Elle me présente à Raphaël, simple "collègue", qui va me former. A ce stade-là, je ne sais pas encore qu'il deviendra mon supérieur dans trois mois et que ma chef démissionnera. Le fait que nous n'ayons – pour l'instant - aucun rapport hiérarchique m'aide certainement à me sentir à l'aise avec lui. Enfin... Raphaël est très beau. La bonne quarantaine. Grisonnant sexy. Un sourire énorme et une voix à la fois grave et douce.

"Au départ, il n'y a aucun jeu de séduction entre Raphaël et moi"

Comme convenu, il me drive pendant deux semaines. Il m'expose les projets, m'explique son rôle et me détaille le mien. Il faut dire que ma chef est tout le temps prise. Raphaël devient mon référent. Et mon "ami". Rapidement, on déjeune ensemble, il m'intègre à son petit groupe.

Au départ, il n'y a aucun jeu de séduction entre Raphaël et moi, j'en suis certaine. De plus, il me dit très vite qu'il est en couple et père d'un garçon de sept ans, mais il en parle peu. Après tout, on n'est pas là pour étaler nos vies privées. Nos sujets de conversation sont plutôt tournés sur la boîte. Il me faut un mois à peine pour raccrocher les potins. Nous devenons alors de plus en plus complices. On commente la réaction démesurée de l'un, la crise de nerfs de l'autre en réunion… On rit, on se fait des confidences, on se soutient aussi. Je me dis qu'on s'est bien trouvés.

Et puis ma chef démissionne. La nouvelle nous tombe dessus un matin. On ne s'y attendait pas. L'événement nous rapproche. Nous gérons le boulot ensemble, parce que notre chef a déjà la tête ailleurs. Elle négocie un départ anticipé et recommande à ses supérieurs de proposer sa place à Raphaël. Il accepte, il a suffisamment d'ancienneté, aussi les épaules et les compétences pour reprendre le flambeau.

"On a commencé à se cacher et c'était très excitant"

Notre relation arbore de nouveaux contours. Raphaël me donne des ordres. Raphaël surveille mon travail. Mais il n'est pas lourd, pas flic. Quand j'ai une question, il est très à l'écoute. Si je fais une boulette, il est bienveillant et me pousse vers le haut. A ses côtés, j'ai confiance. Je me sens douée, plus sûre de moi et par extrapolation, plus femme. Il réveille en moi des sentiments très positifs.

Et le fait qu'il fasse figure d'autorité, évidemment, ça le rend sexy, bien qu'il conserve son calme et sa douceur. Un doux mélange de virilité et de tendresse. Je commence à fondre, mais mon désir pour lui ne naît pas de manière isolée. C'est parce que je sens chez lui un désir identique que je me donne l'autorisation d'écouter ce qu'il se trame en moi, dans mon corps et ma tête. Principalement mon corps, c'est vrai. Il y a une envie de lui. Son âge, sa carrure, son visage. Dans ma tête, je ne sais pas. Il n'y a pas de sentiments amoureux. Ou si, mais ils restent au point mort. Une histoire d'amour est impossible. A cause du cadre professionnel, un peu, mais à cause de sa vie de famille, surtout. Et la différence d'âge ajoute un frein.

Au printemps, on commence à passer de plus en plus de temps ensemble et à se voir en dehors du travail pour aller boire des verres, partager un ciné, une expo. Lyon n'est pas si grande, on craint d'être vus. Une peur qui n'est pas innocente et reflète notre envie de plus. Pourtant, on ne met pas de mot sur ce qu'il se passe. Pas encore. On se cache et ce jeu nous excite. A chaque fois que je déserte mon bureau dix minutes après lui (tellement discrète) une chaleur me prend le ventre.

"Dans nos rapports sexuels, il n'y avait que de l'interdit"

Très vite, je sens une envie de le voir de plus en plus irrépressible. Les week-ends sont longs, j'ai hâte d'être au lundi, j'ai hâte de le retrouver. J'espère chaque jour que nous resterons ensemble après le boulot pour un verre ou deux. Je pense à lui souvent. Il prend de plus en plus de place.

Arrivent les grandes vacances. La veille de son retour, il m'écrit qu'il a hâte de reprendre le boulot. Que je lui ai manqué, que c'est bizarre. Moi aussi, il m'a manqué. A sa reprise, il y a de la gêne. Les choses étaient plus faciles à l'écrit. Pendant un mois, on fonctionne par messages. Des mots qui disent, de ma part ou de la sienne : "Ce que je ressens me dépasse", "J'ai envie de te voir"... Et ainsi de suite, jusqu'au jour où on décide d'aller prendre un verre chez moi. On boit ce verre et on fait l'amour.

Dans ce rapport et ceux qui ont suivi, il n'y avait que de l'interdit. Mon boss, sa famille, son âge. Et tous ces interdits étaient terriblement excitants. Je garde un souvenir très sensuel, aussi bestial, de nos moments. Aussi, l'attente nous avait rendus dingues. Tout ce temps à se tourner autour, à fantasmer, à se chercher… Le désir avait parcouru tellement de chemin. C'était tellement latent que nos corps l'un contre l'autre se dévoraient. Puissant. Le sexe a duré un mois, jusqu'à ce que des rumeurs circulent au boulot et nous dérangent. Elles nous ont, je crois, rappelés à la réalité. Raphaël commençait à culpabiliser vis-à-vis de son couple, même si ça n'allait plus très bien depuis longtemps et son statut de boss. Et puis entendre que je faisais ça pour le pognon, ça me rendait folle. J'étais sincèrement attachée à Raphaël. On a stoppé les moments intimes, on se contentait de déjeuner... On résistait.

"Je n'ai pas souffert, je savais que ça se terminerait"

Je ne l'ai pas mal vécu. C'est ma "rupture" la plus heureuse. Je savais qu'il me fallait consommer cette aventure comme un dessert. C'est délicieux, mais on arrive au bout de notre éclair au chocolat. J'ai vécu chaque instant avec intensité, connectée au présent, aux sentiments fous qui nous reliaient, à nos rires qui n'en finissaient plus, à nos rapports sexuels fusionnels, à notre besoin d'en profiter au maximum avant que la fin ne nous tombe dessus. C'est quelque part une de mes plus belles histoires, même si elle n'en avait pas l'allure. Je n'ai pas franchi toutes ces limites pour me mettre en danger, pour me dire "j'ai couché avec mon boss" ou "j'ai couché avec un mec de vingt ans de plus" ou encore "j'ai couché avec un homme casé". Je l'ai fait parce que je ressentais pour Raphaël des choses inexplicables, une pulsion qui vous vient de l'intérieur. Sa posture de supérieur a certainement enrichi mon désir pour lui, c'est vrai. En dehors, notre relation aurait été différente.

C'est pour ça que je n'ai pas souffert, parce que je savais que notre histoire était "contextuelle" et que sans ce cadre, elle n'aurait pas été celle-ci, elle n'aurait pas été si forte. Il fallait qu'on aille voir le plus loin possible. On a vu, on a aimé et quatre mois plus tard, j'ai démissionné. Sans rapport avec lui. Il est parti ensuite. Et nous sommes restés de très bons amis.