La fellation, ça a du bon ?

La fellation, acte de nos jours de plus en plus normalisé, est encore peu plébiscité par la gent féminine. À tort ?

La fellation, ça a du bon ?

"Il me fait mettre à genoux et se collant à moi dans cette posture, ses perfides passions s'exercent en un lieu qui m'interdit pendant le sacrifice le pouvoir de me plaindre de son irrégularité".
Non, cette citation qui évoque la fellation par l'art de la litote ne sort pas de "Fifty Shades of Grey" mais de "Justine ou les malheurs de la vertu", du Marquis de Sade. Beaucoup plus classe. Du moins beaucoup plus que "Le plaisir de sucer" de la marque Chupa Chups...
La question de la fellation est, depuis toujours, un sujet brûlant. Un sujet qui ne met pas tout le monde d'accord...
Selon une étude réalisée par nos amis américains, la fellation serait la pratique sexuelle préférée des hommes et... la moins appréciée des femmes. Chez les Frenchies et d'après une enquête Ipsos d'avril 2014, cette pratique déplairait à 30 % des femmes de moins de 25 ans. Comment expliquer ce désamour ? D'abord par l'histoire.
Pour l'Eglise, la fellation, comme la sodomie, fait partie des pêchés, sans rédemption possible. Dans la Bible, elle constitue une pratique caractéristique de la femme adultère, de la femme tentatrice et vicieuse. Ainsi peut-on lire dans le Livre des Proverbes : "Telle est la voie de la femme adultère, elle mange et s'essuie la bouche, puis elle dit : 'Je n'ai point fait de mal'".  
Pendant des siècles, l'Eglise a ainsi critiqué ce qui ne visait pas la procréation jusqu'à accepter, au XXe siècle, que le sexe soit aussi vecteur de plaisir.
Aujourd'hui, si la pratique est beaucoup plus banalisée, elle reste encore assez taboue pour beaucoup de femmes. Pourtant, les éloges faits à cette gâterie sont aussi nombreux qu'anciens.  
Dans l'Egypte antique, Osiris est tué et découpé par son frère Seth, le dieu des Ténèbres. Isis, sa femme (et sa sœur par la même occasion), réussit à récupérer tous les membres d'Osiris sauf son pénis, qui lui reste introuvable. Anubis, dieu funéraire, lui en procure donc un nouveau et Isis parvient à lui insuffler à nouveau la vie en lui faisant une fellation. La fellation donne ainsi lieu à une seconde naissance après la "petite mort" (synonyme donné à l'orgasme, ndlr.). Comme c'est poétique. 
L'innocente France Gall, poussée par Serge Gainsbourg, chantait quant à elle en 1966, (et malgré elle) les louanges de la fellation à travers les paroles des "Sucettes" : "Lorsque le sucre d'orge parfumé à l'anis coule dans la gorge d'Annie, elle est au paradis".

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France Gall, "Les sucettes" © Capture d'écran 

Aujourd'hui, la fellation n'est plus réservée à la pornographie, mais de nombreuses femmes pensent toujours qu'il s'agit d'un acte avilissant. Pourtant, c'est bien la femme qui tient à ce moment-là le bijou le plus précieux des hommes. Elle est alors maîtresse de leur plaisir, situé entre ses mains... et sa bouche. "Who run the world ? Girls", comme dirait Beyoncé.
Un pouvoir bien représenté dans le livre  "Beautiful Player", de Christina Lauren : Will, un jeune playboy, initie une innocente jeune fille, Hanna, à la pratique de la fellation. "Je ne sais pas à quoi je m'attendais, mais certainement pas à être aussi excitée par la fellation en soi. Ni à ressentir ce sentiment de puissance", confie-t-elle alors.
D'accord, ce sujet est souvent abordé dans la culture populaire, mais qu'en pensent nos jeunes adultes ? Sybille, 23 ans, avoue : "Pour que l'homme prenne du plaisir, il faut prendre du plaisir soi-même". C'est en revanche pour elle "quelque chose d'intime".
David, 25 ans, estime que "la fellation n'est pas obligatoire dans un couple mais c'est un plus qu'il ne faut pas négliger". Selon lui, "cette pratique préliminaire ne peut que pimenter et donner un coup de fouet à la possible monotonie d'un couple".
A vous de voir. 
Messieurs, sachez toutefois qu'il existe certains moyens plus subtiles que d'autres pour démontrer à votre chérie que la fellation, ça a du bon : évitez par exemple de ressortir les résultats de cette récente étude américaine qui affirmait que le sperme a la faculté d'agir sur les femmes comme un antidépresseur et  même celle d'augmenter la "bonne humeur". On veut bien avaler beaucoup de choses, mais pas n'importe quoi. 

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Beautiful Player, Christina Lauren  © Hugo Roman