Ils ont retrouvé leur premier amour Noémie : "On s?était rencontré beaucoup trop jeune !"

Noémie, 55 ans, peintre, trois enfants

Entre Noémie et Niko, ça a été le coup de foudre. Ils ont 19 ans et 21 ans, beaucoup trop jeunes pour fonder un foyer. Ils se séparent, refont leurs vies, avant de se retrouver près de 15 ans plus tard, par hasard. Noémie raconte comment ce premier amour a pu renaître.

"Des amis m'invitent chez lui un dimanche à Versailles. Une maison bourrée de livres. Il a un grand rire, une voix de boyard, ce Niko. Plusieurs copains de sa promo de l'X sont là aussi, et ils se racontent leurs frasques. Ils sont beaux, drôles, doués. J'ai 19 ans, lui 21. C'est l'étincelle. Il griffonne mon numéro de téléphone sur son paquet de gitanes. Deux jours plus tard, "Allô, c'est Niko', il me propose de m?emmener au tennis, au ski, à la mer. Il ne me lâche plus... Une cour en bonne et due forme. Je suis sonnée, amoureuse. Il me rejoint à Londres où je fais un stage d'été. Sept mois plus tard, je dois me rendre à l'évidence, je compte pour du beurre : il est admis à Stanford et part tout joyeux à San Francisco en me disant : "Essaie de venir me rejoindre." à cette époque, sans demande en mariage, pas de "hop là houp" ! Impensable de partir seule. Et comment trouver l'argent du billet d'avion ? Ses lettres parlent de le rejoindre...

S'il me veut, qu'il m'épouse ! J'apprends par des amis qu'il a rencontré une flower girl canon et mène grand train. Ils reviennent ensemble à Versailles. Elle est enceinte. Je suis dévastée. J'obtiens une bourse d'études à Munich. Fuir ! Ne plus jamais entendre parler de lui ! Et continuer à vivre. Ma nature pragmatique prend le dessus. Je me marie avec un homme charmant à 25 ans. Très vite nous avons trois enfants et je deviens journaliste. J'ai quelques nouvelles de Niko par des amis. Il a, lui aussi, fondé une famille.

L'année de mes 33 ans, lors d'un vernissage, je tombe sur lui. Il a divorcé, il revient d'Afrique du Sud où il a passé cinq ans et cherche une maison en France. Il est toujours le même, aussi direct, sympa, intéressant, mais je suis dans un tel marasme affectif, tout juste séparée de mon mari, que je reste distante. Je ne veux plus souffrir, j'ai d'autres combats à mener pour survivre avec mes enfants ; malgré mon peu d'enthousiasme à le savoir dans les parages, il s'installe à dix kilomètres de chez moi. Tous les soirs, il m'appelle pour vérifier que moi et ma petite famille allons bien. Et puis... il part en vacances... avec une autre. Alors, je cesse de le voir complètement et déménage. Mais il persiste à m'appeler. Au bout d'un an de bouderies, il me dit : "Je serai toujours là pour toi et, que tu le veuilles ou non, c'est avec toi que je vieillirai." J'ai flanché. Pareille certitude m'a ébranlée. J'ai 35 ans. Lui 37. Il nous faudra encore huit ans et l'insistance de nos cinq enfants pour que nous nous mariions. Oui, on a eu besoin de se réapprivoiser et... il y a encore eu des conflits. J'ai maintes fois bouclé mes valises ou mis les siennes sur le palier. Aujourd'hui, ce ne sont plus que des chamailleries. Impossible de se passer l'un de l'autre. Evidemment, on s'était rencontré beaucoup trop jeune !"

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