"Un dimanche, on sonne : il était là !"

Alors qu'elle est en vacances avec ses parents, Isabelle (*) tombe sous le charme d'un musicien de 5 ans son aîné. C'était en 1965. De ce flirt d'été est née une histoire d'amour qui aura duré douze ans.

"Notre histoire a débuté en 1965 dans un camping à La Napoule. J'avais 18 ans. Le soir, il y avait des animations familiales, des jeux et un groupe de musiciens. Lui, c'était le bassiste, un vieux de 23 ans... On s'est retrouvé assis sur un banc et là, il m'a décroché au moins deux mots, je ne sais plus quoi, mais la magie avait opéré. C'était un solitaire, renfermé, avec un sourire à tomber, des yeux bleus à se noyer, de longues mains et une voix rauque. Un amour de vacances quoi ! En plus, je viens d'une famille, disons, traditionnelle et provinciale, donc son côté artiste et l'idée de vivre une histoire hors des circuits conventionnels qui chamboulerait ce chemin tout tracé m'a attirée. Le soir, je m'éclipsais discrètement et il m'emmenait traîner dans Cannes. Au bout d'une dizaine de jours : fin des vacances, échange des adresses... J'ai guetté le facteur pendant plus d'un mois mais rien, et la bienséance m'interdisait d'écrire."

"Nous habitions à plus de 300 km l'un de l'autre et il avait fait un saut pour me voir. Mon cœur s'est mis à battre à 200 à l'heure."

"Puis un dimanche, on sonne : il était là. Nous habitions à plus de 300 km l'un de l'autre et il avait fait un saut pour me voir. Les bras m'en sont tombés et mon cœur s'est mis à battre à 200 à l'heure. Puis aussitôt je me suis demandée comment j'allais expliquer sa visite à mes parents. Heureusement, il avait ce jour-là le look "gendre idéal". En effet, il ne ressemblait pas à celui des vacances, rarement coiffé avec jean, basket, liquette ouverte. Non, là il portait un costume gris classique, ses cheveux étaient coiffés en arrière, limite laqués. Neuf mois après, on se mariait. Cela s'est fait rapidement car il était très difficile de se voir avec des parents comme les miens, un peu "vieille france/rigide". Venir le dimanche avec autorisation de sortir de 14 h à 19 h, ça faisait court. Nous avons annoncé à mes parents en mai 1966 (à l'époque, j'étais mineure) que nous voulions nous marier aux environs d'octobre, le temps de chercher un logement. Alors, pour les grandes vacances, en camping comme l'année précédente, mes parents m'ont dit que s'il revenait aussi on pourrait se voir chaque après-midi (avec maman). Là c'était trop ! Il a trouvé un appartement en moins de quinze jours. Du coup, on a avancé le mariage en juin et on est parti en vacances en couple. Un an après, nous avions notre première petite fille. Douze ans plus tard, on divorçait mais ça reste mon "amour de vacances"."

Douze ans d'une vie atypique

"Ce que je retiens de cette période, c'est le côté vie hors des sentiers conventionnels. Etant donné qu'il était musicien dans un groupe de rock, les week-ends, nous étions dans des boîtes de nuit ou sur les routes pour aller jouer un peu partout en France. Moi comme "groupie", lui comme bassiste/rythmique, voire chanteur avec des artistes en passe de devenir célèbres (Nino Ferrer, "Il était une fois", le groupe d'Herbert Léonard, celui des Charlots, "Martin Circus", "Warning", etc.). Je n'ai qu'un regret de cette époque, c'est de ne jamais avoir pris de photos ou demandé des autographes mais nous n'étions que des copains de même galère."

"Depuis quelques années nos contacts se sont espacés. Pourtant, encore maintenant, dès que j'entends sa voix rocailleuse, j'ai le cœur qui se met à battre la chamade."

"Ma vie sentimentale après lui ? Les premières années avec deux filles à élever, un travail très prenant et une trop belle image en souvenir : difficile d'imaginer en mettre une autre qui m'aurait sûrement paru trop "plan-plan", même si après quelques années je n'aspirais plus qu'à une vie calme. En plus, la vie m'avait appris à m'affirmer et j'étais devenue très, trop indépendante."

Une tendresse encore présente

"Depuis quelques années, nos contacts se sont espacés pour devenir très rares mais notre séparation remonte à une trentaine d'années, alors c'est normal. C'est le père de mes enfants, c'est mon premier grand amour et ça marque. Il est devenu au fil du temps quelqu'un pour qui j'ai une très grande tendresse mais pour rien au monde je ne revivrais avec lui. Pourtant, encore maintenant, dès que j'entends sa voix rocailleuse, j'ai le cœur qui se met à battre la chamade. Serait-ce de la nostalgie ? Non, ce n'est pas du tout mon style !"

(*) Le prénom a été modifié

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