Flirter, c'est tromper ?

On jette des petits regards en coin à Jean-Paul, le gars de la compta. On y prend même plaisir… Mais est-ce qu’on va trop loin ? Où se situe le flirt par rapport à l’infidélité ? Est-il innocent ou annonciateur d’une tromperie à venir ? Réponses avec Martine Teillac, psychanalyste.

Flirter, c'est tromper ?
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Où se situe la limite entre flirter et tromper ?
Placer un curseur entre le flirt et la tromperie, c'est très subjectif. "Pour certaines personnes, penser à tromper, c'est déjà tromper, introduit Martine Teillac, psychanalyste. Tandis que pour d'autres, c'est une pensée complaisante qui ne pose aucun souci." Autrement dit, certains distinguent très bien le flirt de la tromperie quand d'autres les désignent comme totalement imbriqués. Tout dépend de l'influence de notre surmoi, c'est-à-dire de notre conception du bien ou du mal. Mélodie, 30 ans, entretient une relation ambigüe avec une collègue de travail : "On se cherche, on rigole… On sait tous les deux que nous sommes en couple. Pour moi, ce n'est rien du tout. L'infidélité est bien loin de nos comportements ! Je considère que tromper, c'est passer à l'acte physique, c'est se toucher et surtout, projeter de recommencer." Au contraire, pour Sophie, 32 ans, une simple œillade, c'est déjà trop : "Si je regarde un homme avec insistance, c'est qu'il me plaît. Et s'il me plaît, alors je trompe mon homme, je lui suis infidèle d'imaginer qu'il puisse se passer quelque chose avec quelqu'un d'autre."

La culpabilité, ce très bon indicateur
Une limite subjective, c'est donc une limite qui nous appartient et que l'on doit identifier, selon nos propres définitions du flirt et de l'infidélité, et de nos expériences passées. Le plus important est de s'écouter. Si l'on considère qu'au moindre fou rire avec le voisin, on va déjà trop loin et que l'on est au sommet d'une pente glissante, alors on calme ses élans. La culpabilité est un très bon indicateur. "C'est un sentiment très utile qui nous recadre et nous rappelle à l'engagement que nous avons pris avec l'autre, explique la psychanalyste. Dès lors que l'on culpabilise, c'est que nous sommes allés trop loin à notre goût. Alors cherchons à éviter cela pour se sentir bien avec soi et dans son couple." Si l'on flirte sans se ronger les ongles, que l'on trouve ça normal et rassurant, alors aucune raison de se priver. Et si notre culpabilité ne nous freine pas, c'est que cet ailleurs avec lequel on flirte nous attire peut-être bien plus qu'on ne le croit. Elle nous prouve, par son inertie, que nous avons franchi notre limite, mais que nous préférons l'ignorer. Alors on s'interroge sur son envie profonde. Si notre culpabilité s'absente, c'est peut-être le signe d'une histoire d'amour qui ne compte pas… tant que ça pour nous.

Flirt, tromperie : on n'a pas la même définition tous les deux
Certaines personnes ne verront pas un jeu innocent et utile à notre égo dans nos flirts. Elles seront même lasses de nous voir sans cesse dans le registre de la séduction. D'autres auront confiance et ne seront pas affectées ni même inquiètes face à une compagne qui flirte. "Dans un couple, nous sommes deux, il faut prendre en considération la vision de l'autre, si on l'aime et le respecte", rappelle Martine Teillac. Si l'on flirte devant notre conjoint, l'essentiel est de ne pas l'oublier et de bien distinguer notre petit jeu de notre histoire d'amour, en gardant en tête que les deux sont compatibles. Commencer à oublier l'autre est mauvais signe. Alors, lors de nos petites séductions, on tient compte de son homme, on lui prend la main, on lui présente l'objet de notre flirt, ce nouvel ami qui nous fait tant rire. "On prouve à l'autre que cet excès d'amabilité et de complicité ne nous met pas en danger, car ce sentiment d'oubli que peut ressentir notre compagnon à ce moment-là est préjudiciable au sentiment de sécurité que l'on ressent normalement dans un couple", conclut l'experte. Ce genre de comportement peut aboutir à des ruptures. Alors on se pose les bonnes questions et on agit pour notre bien. À tous les deux.

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